Mysterium

 

Monaldi et Sorti

 

 

 

 

Monaldi e Sorti

Mysterium

Baldini & Castoldi – 2016

824 pages

 

Quatrième de couverture :

Mer de Toscane, décembre 1646 Une galère militaire française appareille de Livourne et se dirige vers le port de Toulon. À bord se trouvent les plus célèbres chanteurs italiens du temps, convoqués à Paris par le cardinal Mazarin. Parmi eux, Atto Melani, pas encore vingt ans, escorté de son fidèle secrétaire et chaperon, qui tente de le faire renoncer à la seule passion interdite aux castrats : l’amour des femmes. Il est vrai que les castrats sont la propriété de leurs acquéreurs et que ces puissants9 leur interdisent – souvent sous peine de mort – tout commerce avec l’autre sexe. Un étrange groupe de savants, unis par un mirage commun, voyage aussit sur ce navire, en route vers Paris Un mystérieux moine les a mis sur la piste d’un trésor : des manuscrits de chefs-d’œuvre perdus de la Rome antique, que tout le monde recherche depuis des siècles. Bientôt, le destin sous forme d’une attaque pirate, fait sauter leur bateau et oblige les rescapés à se réfugier sur une île en compagnie de deux des dangereux corsaires : des Italiens convertis à l’Islam. La faim et la soif, les marches dans une brousse boueuse à la recherche du salut et quelques rencontres troublantes dans le décor fantomatique de l’île exaspèrent les âmes des naufragés, tandis que les indices énigmatiques que semble avoir semé le si mystérieux moine semblent s’entremêler au fantôme oppressant d’un (vrai) meurtre perpétré cinq ans plus tôt à Rome, juste devant Saint-Pierre, mèche d’un détonateur qui réveille de vieilles rancunes et enflamme l’intrigue et la violence. Que se cache-t-il derrière le mirage du trésor littéraire ? Et quel est le message ou l’hameçon qui se cache derrière les feuilles de papier portant les lettres de l’alphabet que quelqu’un a éparpillées dans tous les coins de l’île comme des cailloux de petit Poucet ? Observateur hors pair, le jeune Atto va aiguiser l’arme subtile de la dissimulation au milieu des mystères de l’île, pour tenter d’y comprendre quelque chose

 

 

On vous a déjà parlé de ce livre. On vous en reparle aujourd’hui, parce qu’il y est question, entre autres, d’un sujet qui, depuis des décennies, constitue une espèce de supplice de Tantale pour certains de nos contemporains : savoir si le temps historique auquel on nous a appris à croire les yeux fermés est un temps réel ou si on a tout faux, à une dizaine de siècles près ? L’énigme du Temps Inventé.

 

[Ce qui suit est, pour les lecteurs curieux, la très libre paraphrase d’un texte publié en anglais sur le site http://www.attomelani.net/  Les italiques sont de nous.]

 

 

 

 

L’Empire romain, la civilisation grecque et l’Égypte ancienne n’auraient peut-être jamais existé… Pourraient-ils n’être que l’invention d’un groupe de moines médiévaux ? Platon et Aristote, Jules César et Cicéron pourraient-ils n’être que des fantômes ? Leurs œuvres, alors, auraient été fabriquées des siècles après la vie du Christ ? Dans ce cas, nous vivrions, aujourd’hui, non pas en 2011, mais vers 1700, ou même peut-être encore vers l’an 1000 de notre ère…

 

Telles sont les théories et les questions troublantes qui se posent aux lecteurs de Mysterium, le roman de Monaldi et Sorti. Les deux romanciers italiens se sont donné beaucoup de mal pour les rendre digestes au plus grand nombre. La réalisation de Mysterium, quatrième d’une série de sept romans lancée avec Imprimatur en 2002, a nécessité trois ans de travail et une équipe de dix personnes (cinq experts en graphologie, deux traducteurs travaillant à partir de l’hébreu, deux documentalistes à Rome et à Paris, ainsi que le célèbre bibliste néerlandais Ruben Verhasselt). Une fois encore, l’avant-première mondiale du nouvel ouvrage de Monaldi & Sorti (qui, depuis le boycott d’Imprimatur en Italie, n’ont publié leurs livres qu’en traduction, dans 27 langues et 61 pays) a eu lieu aux Pays-Bas.

 

Ce n’est qu’assez récemment que la maison d’édition Baldini & Castoldi s’est attachée à rattraper le temps perdu, c’est-à-dire volé aux lecteurs italiens par « les autorités ».

 

 

 

Quelqu’un que personne ne prend au sérieux…

 

L’homme qui a émis la théorie selon laquelle l’histoire, la littérature et la philosophie de l’Antiquité classique pourraient être le fruit d’une tromperie colossale est un membre (« controversé ») de la Compagnie de Jésus du nom de Jean Hardouin (1646-1729). Ce savant jésuite prétendait avoir découvert une sorte de code secret, imaginé par des faussaires monastiques entre les 13e et 14e siècles, qui se retrouverait dans toutes les œuvres de l’Antiquité. Le code en question étant truffé de références au christianisme, on a prétendu qu’il révélait que les chefs-d’œuvre de Virgile et de Lucrèce, ainsi que ceux de Platon et d’Aristote, étaient en réalité d’origine médiévale et avaient donc été écrits, non pas avant l’époque du Christ, mais bien des siècles plus tard. Intuition géniale ou folie pure et simple ? Il va sans dire que la théorie de Hardouin a été rejetée par la science officielle et qu’il a été réduit au silence par ses supérieurs, lesquels, ne fût-ce que par mesure de prudence, ont interdit la publication de ses travaux. Il va sans dire aussi que le pauvre homme est considéré, par les spécialistes modernes, comme un cas de paranoïa incurable. Point barre. Curieusement, ses manuscrits (conservés à la Bibliothèque Nationale de France) n’ont jamais été examinés par aucun expert.

 

Monaldi et Sorti n’aiment pas les théories du complot, et c’est même pour cela qu’ils ont entrepris de traquer, dans leurs œuvres, autant qu’il est possible, le fait concret. Dans le cas présent, ils se sont efforcés de mettre à l’épreuve les affirmations de Hardouin, en travaillant directement sur ses écrits, et… à leur grande surprise, ont dû constater que le fameux « code secret » semble bien émerger, par exemple, des textes de Platon.

 

Comme ils ne s’attendent jamais à être pris au mot, ils ont fait publier, sur le site de De Bezige Bij [leur éditeur néerlandais, NdE] les manuscrits de Hardouin conservés à Paris, afin que quiconque le souhaite puisse les examiner et en tirer ses propres conclusions.

 

Cependant, plus inquiétante encore, selon eux, est l’intrigue ourdie par Giuseppe Scaligero – en français Scaliger – (1540-1609), le célèbre savant italo-français vénéré jusqu’à ce jour, particulièrement à l’Université de Leyde. Car il faut savoir que Scaliger, auteur des tableaux chronologiques sur lesquels l’histoire du monde est encore basée, a, par exemple, falsifié un certain nombre de textes grecs, afin de simplifier sa tâche de datation des événements survenus dans l’Antiquité. Considéré jusqu’à aujourd’hui comme le très noble père de notre mémoire universelle, il n’en a pas moins aidé son propre père, Giulio Cesare Scaligero, à perpétrer une mystification flagrante sur les origines de leur propre lignée. En d’autres termes, le savant qui a été le premier à rédiger une histoire de la race humaine s’est avéré n’être ni plus ni moins qu’un banal escroc : le créateur du Temps Inventé. Dans ces circonstances, il semblait juste à Monaldi et Sorti de donner à Jean Hardouin au moins une chance de soutenir sa thèse. Après tout, Isaac Newton était bien persuadé que l’histoire ancienne avait été gonflée de plusieurs siècles et a consacré sa dernière œuvre à défendre cette idée. Le public sait peu qu’en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Russie, des discussions animées ont lieu depuis des décennies (sans que les médias daignent y prêter attention) entre les défenseurs et les démystificateurs du schéma chronologique de l’histoire « officielle ». Dans le cas le plus extrême, il s’agirait de réduire l’ère moderne de quelque 10 siècles, de sorte que Jésus serait né vers 1053. [Savoir si Jésus est « né » ou a été inventé par des faussaires étrusques est une autre histoire dont il n’est pas question ici. Ne compliquons pas ce qui est déjà « mystérieux ». NdE ]

 

Les sujets dérangeants abordés par Mysterium ne s’arrêtent pas là. Au passage, les deux auteurs italiens s’en prennent aussi, vigoureusement, à leur illustre compatriote Galileo Galilei. Le portrait qu’ils dressent de lui ne ressemble pas vraiment à l’image d’Épinal de l’innocente victime de la censure papale que nous ont léguée les livres d’histoire. Loin de là. Ils sont même formels :  Galilée a tout fait pour irriter le pape, qui était pourtant son ami et son soutien. Après avoir ainsi, sans raison apparente, suscité la colère d’Urbain VIII – et sans avoir eu à passer pour cela un seul jour en prison – il s’est assuré le soutien d’un avocat très retors et exceptionnellement puissant, homme bien oublié depuis, qui, avec les moyens d’un RP moderne, a fait connaître « l’affaire Galilée » dans toute l’Europe. C’est ainsi que le scientifique toscan s’est vu attribuer un rôle héroïque et que ses livres, qui avaient jusque-là pris la poussière sur les étagères des éditeurs, sont devenus du jour au lendemain des best-sellers. Une sacrée opération de com’ ! Pourtant, plus récemment, les théories de Galilée se sont avérées fausses, tant sur le plan expérimental que sur celui de la méthodologie, ce dont a dû convenir, par écrit, Albert Einstein.   

 

 

 

Un Julian Assange français du XVIIe siècle

 

Mais Mysterium n’est pas un « traité » historique, loin de là. C’est un roman plein de suspense qui porte bien son nom, un livre débordant de mystères. Le point central de l’intrigue est un meurtre sanglant, qui a eu réellement lieu à Rome il y a plus de 350 ans, et Monaldi & Sorti se sont appliqués à reconstituer patiemment, point par point, les circonstances obscures de ce crime.

 

Le soir du 20 mars 1641, Jean-Jacques Bouchard, secrétaire de la famille du pape (les Barberini, de Florence), est agressé sur la place Saint-Pierre, alors qu’il sort du Vatican pour rentrer chez lui, et soumis à une sévère bastonnade, que l’on croit avoir été ordonnée par le maréchal d’Estrées, ambassadeur de France à Rome. La même chose allait arriver à Voltaire quelques décennies plus tard. Cependant, Bouchard meurt, après cinq mois et demi d’une lente agonie.

 

Bouchard (1606-1641) était un jeune et brillant érudit grécisant, venu de Paris à Rome pour étudier un manuscrit extrêmement ancien qui l’intriguait, que l’on croyait perdu depuis des siècles, sur les origines du monde. Son ambition était, par ailleurs, d’obtenir une crosse d’évêque, et il était sur le point d’y parvenir pour services intellectuels rendus à la puissante famille Barberini. Mais le maréchal d’Estrées ne pouvant être poursuivi en raison de son immunité diplomatique, personne ne fut formellement accusé du crime.

 

Chose étonnante, parmi les papiers (tous ses papiers) légués par la victime au célèbre érudit Cassiano Dal Pozzo – pipelette s’il en fut – se trouvait un « journal intime » rempli à ras bords de détails scabreux sur la vie sexuelle de la victime : homosexualité, masturbation, impuissance, et on en passe. Le scandale aussitôt (grâce à Cassiano del Pozzo) se répandit jusqu’à Paris et le pauvre Bouchard fut condamné à l’opprobre. Depuis lors, il n’est question de lui, dans les livres d’histoire et ce, jusqu’à nos jours [« amas de raffinements d’obscénités, qui sembleraient assez à leur place dans les imaginations de l’infâme marquis de Sade », René Pintard, Le Libertinage érudit dans la première moitié du XVIIe siècle ] que comme de l’auteur de ces malsaines confessions intimes. À la trappe ses savants travaux de philologie et dispersés tous ses papiers !

 

Toutefois, personne ne semble avoir remarqué les curieuses anomalies qui truffent cette affaire. Est-il vraiment logique que quelqu’un qui aspirait à devenir évêque ait, avec cinq mois et demi de temps pour réfléchir, laissé transmettre à la postérité un journal intime qui révèle de façon si choquante ses pires vices, alors qu’il eût été si simple de le supprimer ?

 

Leurs soupçons éveillés, Monaldi & Sorti ont fait examiner le manuscrit du journal par une équipe de graphologues assermentés travaillant pour la Justice italienne. Leurs conclusions révèlent que, dans les passages érotiques, l’écriture de Bouchard présente les signes caractéristiques de la contrainte. En d’autres termes, le moribond a été forcé de rédiger les passages qui ont entaché sa réputation à jamais. Ces traits distinctifs sont, d’après eux, les mêmes que ceux présentés par l’écriture d’Aldo Moro, l’homme d’État italien enlevé et tué par les Brigades rouges en 1978, qui a écrit, pendant son emprisonnement, une série de mémos et de lettres dramatiques à ses proches et à ses amis, dont le contenu énigmatique fait toujours l’objet de controverses en Italie.

 

Qui a forcé Bouchard à écrire ce qu’il ne voulait pas ? Qui est à l’origine, non seulement de sa mort, mais aussi de la souillure apparemment planifiée de sa mémoire ? Bref, qu’y avait-il, parmi ses œuvres, qui devait à tout prix être effacé de l’histoire ?

 

On ne sait pas tout, mais on sait que le manuscrit sur les origines du monde qui intéressait tant Bouchard, avait été découvert à Paris dans des circonstances quelque peu suspectes par… nul autre que Scaliger, et que ce dernier en avait fait l’une des pierres angulaires de son propre système.

 

Aujourd’hui, qui sait encore qui fut Bouchard ? Son nom ne dit presque plus rien à personne. Pourquoi, alors, est-il si important ? Parce que, disent les auteurs, « ce qui est arrivé à Bouchard est exemplaire pour comprendre ce dont sont capables certains protagonistes de l’Histoire, aujourd’hui comme hier ». Ils parlent en général ou en comparant l’affaire Bouchard et l’affaire Moro. Nulle part, ils n’est question de l’affaire Assange, dont le moindre détail, pourtant, s’impose à chaque tournant, avec une similitude hallucinante.

 

Il est difficile, trois siècles et demi plus tard, d’établir des preuves qui permettraient de condamner à coup sûr le ou les assassin(s) de Bouchard. Pourtant, tout romancier dispose d’armes particulières. C’est ce que rappellent, dans leur avant-propos à Mysterium, Rita et Francesco, en citant  – non verbatim – un célèbre « j’accuse » écrit par Pier Paolo Pasolini quelques années avant l’enlèvement de Moro, à propos de l’un des épisodes les plus troubles de l’histoire politique récente de l’Italie.

 

 

[ En voici l’intégralité

Le roman des massacres ( extraits ) ÉCRITS CORSAIRES

Je sais.
Je sais les noms des responsables de ce que l’on appelle « Golpe » .
Je sais les noms des responsables du massacre de Milan, 1969.
Je sais les noms des responsables des massacres de Brescia et Bologne, 1974.
Je sais les noms qui forment le « sommet » qui a manœuvré aussi bien les vieux fascistes créateurs du Golpe que les néofascistes, auteurs matériels des premiers massacres.
Je sais les noms de ceux qui ont organisé les deux phases différentes, et même opposées, de la tension : une première phase anticommuniste et une seconde phase antifasciste.
Je sais les noms des membres du groupe de personnes importantes qui, avec l’aide de la CIA, des colonels grecs et de la mafia ont, dans un premier temps, lancé (du reste en se trompant misérablement) une croisade anticommuniste, puis qui, toujours opérant avec l’aide et sous l’impulsion de la CIA, se sont reconstruit une virginité antifasciste.
Je sais les noms de ceux qui, entre deux messes, ont donné des instructions et assuré de leur protection politique de vieux généraux, de jeunes néofascistes et enfin des criminels ordinaires.
Je sais les noms des personnes sérieuses et importantes qui se trouvent derrière des personnages comiques ou derrière des personnages ternes.
Je sais les noms des personnes sérieuses et importantes qui se trouvent derrière les tragiques jeunes gens qui se sont offerts comme tueurs et sicaires.
Je sais tous ces noms et je sais tous les faits, (attentats contre les institutions et massacres), dont ils se sont rendus coupables.

Je sais. Mais je n’ai pas de preuves. Ni même d’indices.
Je sais parce que je suis un intellectuel, un écrivain, qui s’efforce de suivre tout ce qui se passe, de connaître tous ce que l’on écrit à ce propos, d’imaginer touts ce que l’on ne sait pas ou que l’on tait ; qui met en relation des faits même éloignés, qui rassemble les morceaux désorganisés et fragmentaires de toute une situation politique cohérente et qui rétablit la logique là où semblent régner l’arbitraire, la folie et le mystère.
PPPasolini 1974

 

Ce texte de Pasolini, extrait de ses Écrits corsaires, est d’une actualité si brûlante, qu’il ne nous paraît pas superflu d’en signaler ici un remarquable commentaire, publié en 2005 par les Cahiers d’études italiennes :

https://journals.openedition.org/cei/277   

 

 

 

 

 

Comme dans les autres livres de la série Mysterium, le protagoniste du roman est le brillant Atto Melani (1626-1714), chanteur castrat et agent secret. Atto, que les lecteurs ont rencontré vieux et même vu mourir dans les romans précédents, apparaît ici comme un jeune homme de même pas vingt ans, envoyé par les Médicis de Florence à Paris, pour chanter dans un opéra dont, étrangement, personne ne connaît ni le titre ni le sujet. Il est accompagné de son fidèle secrétaire et chaperon qui raconte, avec un art subtil, à la première personne, les événements dramatiques dont il est le témoin. Le navire sur lequel ils ont embarqué, galère militaire française pleine à ras-bord de poudre, est attaqué par des pirates musulmans et, au moment de l’abordage, explose. Par miracle, Atto et quelques autres passagers en réchappent, ainsi que deux des pirates, qui sont en réalité des Italiens capturés, chrétiens convertis à Allah, et tous parviennent à atteindre l’îlot minuscule de Gorgone, en mer de Toscane. Dans le groupe, qui comprend un certain nombre de savants en textes grec et latins passablement vaniteux, il s’en trouve un qui fut l’ami de Bouchard, et d’autres qui connaissent bien Scaliger…

 

La vérité sur la mort de Bouchard et sur le mystère du Temps inventé émergera dans l’atmosphère morne de l’île déserte, peuplée seulement de quelques renégats bizarres, qui séduiront les naufragés par des promesses biscornues de salut, de capitale populeuse et d’une riche abbaye, toutes choses qui s’avéreront tenir du mirage. La mort, par meurtre ou par suicide, fera ses victimes. S’égarant vers une haute tour au sommet d’une falaise, un village abandonné, des grottes sous-marines habitées par d’étranges êtres aquatiques, un ancien cimetière et des sentiers perdus dans les fourrés, les voyageurs errants tueront au moins le temps à écouter d’atroces récits de piraterie et des querelles entre apothicaires du savoir, découvriront et reperdront l’original complet et unique du Satyricon de Pétrone, comme par hasard triomphe littéraire de la dépravation sexuelle. Tel une subtile démangeaison, le leitmotiv de la perversion accompagnera ainsi les compagnons d’infortune jusqu’au bout de leur Odyssée.

 

 

 

 

Il y a un lien entre Mysterium et une autre œuvre récente du couple italien : le roman Dissimulatio, dont la première édition a été publiée par le CPNB – la fédération des éditeurs néerlandais – avec un tirage extraordinaire de 846.000 exemplaires, à l’occasion du Maand van het Spannende Boek, « le mois du roman à suspense ».

 

Dissimulatio partage une ligne narrative avec Mysterium : les lecteurs de ce roman y trouveront de nombreuses réponses aux questions posées par Mysterium, et vice versa. Ensemble, les deux livres forment un « conte à deux visages » qui, à l’instar d’une figure de Moebius, semble avoir deux côtés mais n’en a en réalité qu’un seul (Monaldi & Sorti ont exposé leur idée lors de la conférence Belle Van Zuylen à Utrecht, en 2008), chacun des quatre titres restants du cycle Atto Melani devrait être accompagné d’un court roman révélant sa face cachée, ou plutôt, comme ici, les deux s’éclairant mutuellement.

 

URL de cet article : http://blog.lesgrossesorchadeslesamplesthalameges.fr/index.php/mysterium-2/

 

 

 

 

 

Février 2022

 

 

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