Un bienfaiteur de l’humanité abandonné par 7 milliards d’humains. Normal, non ?
Si Theresa May ne réussit qu’un ultime mauvais coup avant de dégager, ce sera celui-là.
Lenín Moreno ? Ouak beeuurk !
Les services de renseignement US amèneront Assange, avec des chaînes
Ann Garrison – Consortium News – 14.11.2018
Il semble de plus en plus probable que le fondateur et rédacteur en chef de Wikileaks, Julian Assange, se retrouve dans les griffes du gouvernement américain.
Ce n’est guère surprenant, étant donné que depuis dix ans, Wikileaks a publié plus d’informations classifiées que tous les autres médias réunis. Elle a révélé des violations des droits humains, des actes d’espionnage de la part de gouvernements, des actes de torture et des crimes de guerre d’une ampleur sans précédent.
WikiLeaks a montré aux gouvernements, aux entreprises et même au Pentagone, FBI, CIA et autres agences de renseignement qu’ils ne pouvaient plus compter sur le secret.
Elle a créé une mine de documents de première main que des journalistes et des chercheurs sérieux exploiteront pendant des années à venir. Ses publications sont accessibles aux lecteurs qui préfèrent les sources aux informations filtrées par les médias.
Wikileaks exaspère tellement les institutions américaines les plus violentes, corrompues et criminelles qu’Hillary Clinton a suggéré, en plaisantant à moitié, de bombarder Assange avec des drones. D’autres politiciens américains ont demandé son exécution par d’autres moyens.
Le député californien du 28e district, Adam Schiff, qui est devenu président de la Commission du Renseignement de la Chambre des Représentants lorsque les démocrates ont repris le pouvoir, a déclaré qu’il parlerait à Assange « quand il sera en prison aux États-Unis, pas avant ».
Schiff est un leader véhément et suprêmement vertueux de la « Résistance » du Parti démocrate, qui salit le nom du mouvement clandestin formé en France pendant la Seconde Guerre mondiale pour combattre les forces d’occupation de l’Allemagne nazie et le gouvernement collaborationniste de Vichy.
La « Résistance » ne tolère qu’une seule vérité et une seule loyauté : La Russie est l’ennemie, interférer en Syrie, en Ukraine et même dans les élections américaines. La Russie a élu Trump avec l’aide de Wikileaks. La Russie ose positionner des missiles sur ses propres frontières, dit-elle, pour répondre aux missiles de l’OTAN de l’autre côté. Les États-Unis doivent construire plus de missiles, plus de drones, plus d’armes nucléaires et toutes sortes d’armes pour défendre le monde européen contre la Russie et ses alliés chinois.
Supériorité morale et raciale
La supériorité morale et raciale donne aux États-Unis le droit d’occuper le monde avec des bases militaires, en encerclant toute nation qui conteste son hégémonie avec des avions militaires, des cuirassés, des véhicules d’assaut et une surveillance militaire. La supériorité morale et raciale autorise ses organismes d’État espions à bloquer l’accès à l’information qui s’écarte de ses récits et donc à arrêter et extrader Julian Assange.
Le Parti républicain partage la même nature suprêmement intolérante que les Démocrates, mais se différencie en insistant sur le fait que, bien que la Russie soit l’ennemi, Donald Trump ne s’est pas associé à la Russie pour voler l’élection présidentielle de 2016.
Les républicains aussi veulent faire taire le fondateur de Wikileaks et trouver un moyen de fermer l’organisation. L’ancien directeur de la CIA de Trump, et aujourd’hui secrétaire d’État Mike Pompeo, a qualifié Wikileaks de « service de renseignement hostile non étatique souvent encouragé par des acteurs étatiques comme la Russie » et a juré de traquer Assange.
Trop tard ?
Assange est réfugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres depuis plus de six ans, soit depuis août 2012. L’Équateur et le Royaume-Uni, cependant, ne sont pas plus près d’un accord qui lui permettrait de sortir en toute sécurité de l’ambassade. Lors d’une récente vidéoconférence, Suzie Dawson, organisatrice de #Unity4J, a déclaré qu’elle craignait qu’Assange et ceux qui travaillent pour le libérer manquent de temps :
« En ce moment, le temps n’est pas de notre côté. Aujourd’hui, quelqu’un s’est plaint parce qu’il veut qu’on fasse une grande marche pour une journée d’action. Quand on fait ce genre d’action, il faut deux ou trois mois pour l’organiser. Vous avez besoin d’un comité organisateur, vous avez besoin de tapisser la ville avec des affiches, vous avez besoin de fixer une date, vous avez besoin de faire une tonne de publicité. Il faut que tous les syndicats et diverses autres organisations se joignent, et là vous avez une journée d’action.
« Eh bien, il y a quelques problèmes avec ça. Tout d’abord, je ne pense pas que nous ayons trois mois devant nous. Si nous prévoyons une marche géante en février pour soutenir Julian, je ne pense honnêtement pas que nous ayons jusqu’en février. J’espère que j’ai tort. J’espère que les mesures que nous prendrons à court terme, dans les jours et les semaines à venir, nous feront gagner autant de temps à Julian, mais je ne le crois pas. »
Le lanceur d’alerte de la CIA, John Kiriakou, qui a passé deux ans en prison pour avoir dénoncé l’usage officiel de la torture par l’agence, a déclaré que si Assange sort de l’ambassade sans garantie de passage sûr, il sera extradé enchaîné vers les États-Unis :
« Nous savons tous pourquoi les Britanniques ont encerclé cette ambassade. C’est pour l’enlever et le livrer aux États-Unis. Si cela se produit, la CIA et le FBI seront tous les deux dans l’avion et ils vont au moins tenter de l’interroger jusqu’à l’arrivée. Ils le ramèneront enchaîné aux États-Unis parce que c’est ce qu’ils font. »
Dawson pense que le FBI et la CIA vont interroger et torturer Assange pour essayer d’obtenir des informations qui leur permettraient de faire tomber Wikileaks. Elle ne doute pas qu’il se prépare à cette éventualité depuis des années. Elle croit qu’il aura veillé à ce que l’organisation ait adopté des codes et des mesures de sécurité qu’il ne connaît pas lui-même et qu’il ne peut donc pas révéler, même sous la torture.
« Ils veulent en savoir plus sur les fichiers de sécurité par exemple. Ils veulent connaître les processus internes et le fonctionnement de Wikileaks. Ils veulent avoir accès aux connaissances qui sont dans le cerveau de Julian. Et ils le tortureront. Et ils l’interrogeront pour tenter de l’obtenir.
« Maintenant, je fais confiance à Julian pour qu’il soit assez intelligent pour s’assurer que même lui ne possède pas beaucoup de ces connaissances. A mon avis, Julian a passé des années à planifier ces différentes éventualités, mais ça ne les empêchera pas d’essayer. »
Dawson a ajouté que les services secrets sont impatients de le punir : « En fin de compte, ils veulent le punir pour avoir révélé leur corruption et leurs crimes. Cela fait huit ans qu’ils attendent ça, et ils se frottent les mains avec joie à l’idée que le Royaume-Uni l’arrête et l’extrade vers les États-Unis. »
Ann Garrison
Ann Garrison est une journaliste indépendante basée dans la région de la baie de San Francisco. En 2014, elle a reçu le prix Victoire Ingabire Umuhoza Democracy and Peace pour ses reportages sur les conflits dans la région des Grands Lacs africains. On peut la joindre à ann@anngarrison.com
Traduction « on voit bien quel type de journaliste le défend et quel type l’abandonne » par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.
(traduit à partir de la transcription d’un document sonore)
Ceci n’est pas un exercice. C’est une urgence. La vie de mon fils, le journaliste Julian Assange, est en danger imminent et grave. Je vous remercie tous d’entendre l’appel d’une mère qui vous demande de l’aider à le sauver. Bien que Julian soit un journaliste primé à maintes reprises, très aimé et respecté pour avoir courageusement dénoncé, dans l’intérêt du public, des crimes graves et la corruption à haut niveau, il est actuellement seul, malade, souffrant et réduit au silence et à l’isolement, coupé de tout contact et torturé au cœur de Londres. La prison moderne des prisonniers politiques n’est plus la Tour de Londres mais l’Ambassade de l’Equateur. Voici les faits : Julian est détenu depuis près de huit ans sans inculpation. Vous avez bien lu : sans inculpation. Au cours des six dernières années, le gouvernement britannique a refusé ses demandes d’accès aux soins de santé de base : air frais, exercice, soleil pour la vitamine D et (…)
Note du traducteur : voici une traduction d’extraits d’un très long article de Suzie Dawson, présidente du Parti Internet (Nouvelle-Zélande). Suzie a été très impliquée dans la solidarité avec Wikileaks et les lanceurs d’alerte en général, et très engagée dans son pays dans le combat contre les accords de libre échange – ce qui lui a valu des menaces de mort. Elle se trouve actuellement à Moscou où elle a demandé l’asile temporaire. En mai 2018, elle est tombée gravement malade. Sur le choix des extraits : l’auteur aborde de nombreuses questions en détail et cite beaucoup de noms que peu de gens en France connaissent (si vous pensiez que l’aventure Wikileaks se résume à Julian Assange, vous avez été mal informés). Elle se livre aussi à des règlements de comptes difficiles à suivre pour les non initiés. Toutes ces parties ont été expurgées. Pour les anglophones et initiés, l’article original mérite une lecture attentive. Dernière chose : si notre instinct est bon, la mobilisation de LGS pour Assange verra (…)
Tiens, pendant qu’on y est (si vous croyez que ça n’a pas de rapport)…
Info anodine pour les écrivains naïfs qui se croient libres d’écrire.
Maxime VIVAS – Le Grand Soir– 16.11.2018
Vivendi, mastodonte qui possède en partie Universal Music Group, la maison de disques qui vient de censurer un rappeur irrespectueux envers Brigitte Macron (1) vient d’acheter pour 900 millions d’euros Editis, 2e groupe éditorial français.
« Le groupe est implanté en éducation, référence, littérature générale, jeunesse, illustré à travers plusieurs filiales : Place des éditeurs (Plon, Perrin, Presses de la Renaissance, Acropole, Belfond, Hemma, Hors collection, Langue au chat, Omnibus, Pré-aux-Clercs, Presses de la Cité, la licence Lonely Planet…), Robert Laffont (Julliard, Nil), XO/Oh ! éditions, Sonatine, Cherche-Midi, La découverte, Univers Poche (Pocket, PKJ, 10/18, Fleuve, Kurokawa, Langues pour tous, 12-21), Edi 8 (Plon-Perrin, Presses de la Renaissance, First, Gründ, 404, Les Escales, Le Dragon d’or, Solar, Tana, Slalom), Editis Education (Nathan, Bordas, Le Robert, Retz, Clé International, Syros, Dæsign), ainsi qu’Interforum (l’un des leaders de la distribution). Sous son impulsion, le groupe s’est renforcé récemment dans le numérique (édition, imprimerie…) et l’éducatifavec l’ESLSCA Paris Business School et l’EDC Paris Business School ».
Autrement dit, mes soeurs et frères de plumes, quand vous envoyez votre manuscrit à un de ces éditeurs, tâchez d’en avoir bien expurgé tout ce qui pourrait chiffonner Bolloré ou qui que ce soit du Medef ou de l’Elysée. Coulez-vous dans le moule, endossez les habits de la pensée unique. Sinon, attendez-vous à recevoir du « Service des manuscrits » une réponse bateau : « Malgré ses qualités indéniables, il ne nous est pas possible de publier votre manuscrit qui ne s’inscrit pas dans notre ligne éditoriale… ».
Ecoutons le persiflage du philosophe Alain dans son ouvrage « Propos sur le pouvoir » : « Quand je vois un jeune auteur arriver de province avec de l’esprit, de la vanité et une plume facile, je ne sais pas au juste quelle opinion il prendra, mais je sais celle qu’il ne prendra pas. »
Bon, des exceptions existent. J’en sais quelques-unes.
Nous, on est quand même contents de voir que La Fabrique d’Eric Hazan ne fait pas partie des troupes. Ni les quelques exceptions dont parle Vivas, qu’on connaît aussi et qui ont le plus grand mal à se diffuser… À la guerre comme à la guerre.
J’avais en tête… pas de célébrer – fichtre non ! – mais de commémorer cette date mythique, fausse conclusion d’une guerre improprement appelée mondiale, mais probablement la pire de l’Histoire (et dieusait qu’il y en eut pourtant). Une guerre qui a vu tout un continent se saigner d’une génération entière de ses jeunes hommes, par rapacité, infantilisme, psychopathologie… complétez sur les pointillés. Ver sacrum d’un nouveau genre.
J’avais en tête de vous faire raconter d’abord cette guerre par les quelques rescapés devenus grands écrivains de quelques pays – France, Italie, Angleterre, Allemagne, Russie… – de leur consacrer cinq ou six posts étalés sur cette année et culminant aujourd’hui. Mais les blogueurs proposent et les oligarques de la numérisation disposent. Me voici donc à commencer cette entreprise là où elle aurait dû finir.
En débutant donc par la queue, je vous propose de trouver ici, en cinq ou six fois entre aujourd’hui et la saint Glinglin, les cailloux que je dépose au cairn de l’Europe mise à mort par ses parasites mêmes.
Par envie de partager avec vous ma conviction qu’à défaut d’être tout à fait mondiale, la bien nommée Grande Guerre a été un épisode crucial de la guerre des classes qui fait rage depuis un peu plus de deux siècles. Vraiment mondiale, celle-là, pour le coup. Ceci, bien entendu, à condition que les petits cochons ne nous mangent pas en route.
14-18, ses origines, ses joies, ses fastes
Tout a commencé un 9 Thermidor, où la sang s’est mis à couler pour de bon, pour de vrai, à flots.
Le seul pays d’Europe où la chose ait été possible car on l’avait unifié venait de faire un effort surhumain pour sortir d’enfance. Après cent mille ans de matriarcat et dix mille ans de patriarcat, la chose était nouvelle. « Les fils » avaient entrepris de réparer la sottise de Télémaque et d’envoyer à Pont-aux-Dames leurs infantiles de pères. Mais ceux-ci n’entendaient pas se laisser détrôner docilement – « raisonnablement » n’en parlons même pas. Cette floraison miraculeuse de conscience nouvelle fut fauchée dans sa fleur en quelques jours. Premier bain de sang de la Très Grande Guerre d’Émancipation Universelle.
Les vainqueurs du moment, petits ou grands bourgeois rapaces et reliquat des fin de race, avaient besoin d’un sabre pour lutter contre l’âme et la raison. Ils le trouvèrent en Napoléon Bonaparte (celui-là ou un autre !… ce fut celui-là).
Or, en prélevant un gamin sur deux dans chaque foyer rural pour aller les noyer dans la Bérézina, non sans s’être emparé au passage des veaux, vaches, cochons et couvées de leur parents car une Grande Armée il faut que ça mange, le sabre de M. Sieyès a disloqué à tout jamais le tissu social de l’Europe, de manière, voyez-vous, à ce qu’elle ne puisse opposer la moindre résistance cohérente aux virus et/ou métastases à venir de la cupidité à œillères.
On ne comprend rien à l’absurdité de la Grande Guerre et à une aussi incompréhensible patience des peuples, si on n’en connaît pas les origines et l’objectif réel
En ce temps où l’Histoire – par décret ! – n’est plus enseignée, où les maîtres d’école risquent un coup de pied aux fesses des hiérarchies au pouvoir s’ils osent apprendre la chanson de Craonne à leurs petits élèves et où le soi-disant président d’une république défunte choisit de célébrer la fin apparente des hostilités en exaltant précisément celui de ses galonnés qui l’a vendue ensuite à l’étranger avec le plus d’empressement…
… que faire pour raconter aux générations d’aujourd’hui comment les scrongneugneu d’avant-hier ont jeté gaiment dans la gueule ouverte du four non seulement leurs fils par millions mais ceux de leurs lointaines colonies, de préférence en première ligne ?
Comment s’y prendre pour leur faire voir pour ce qu’il fut un bébé tout sanglant – la Révolution russe – expulsé par les lois de la nature du corps grouillant de vers de sa mère morte, dans des convulsions inimaginables ?
Raconter ses souvenirs personnels quand on en a si peu ? Dire le grand-père maternel laissant derrière lui une femme avec trois enfants en bas-âge et cinquante centimes dans la poche d’un jupon, pour « répondre à l’appel du roi Albert » ? Dire la colère de l’épouse qui n’a cessé qu’à sa mort ? La résistance jusqu’à l’os du fort de Loncin et la reddition à des envahisseurs présentant les armes aux vaincus ? (Cela s’est encore fait, alors, pour la dernière fois sans doute.) La captivité dans une ferme des bords de la Baltique… Le refus « pour rester fidèle à sa femme » des avances de l’épouse frustrée d’un homme en train de se battre sur le front russe ?… La colonne vertébrale cassée à coups de crosse sur son ordre ?… Toute l’année 1919 pour en revenir à pied, en morceaux ? Raconter nos jeux d’enfants avec des corsets de plâtre et des jupons démodés en guise de crinolines ?
Que faire, quand on n’a obtenu, du côté paternel, en fait de réponse aux questions qu’un sobre « on a mangé des rats » ? [Ceci est une parenthèse, mais les neuf sur dix enfants survivants de mon grand-père Victor ont tous été, filles ou garçons, des champions du beefsteak fondant, des gaufres croustillantes et du flan aux œufs. À croire qu’avoir rôti des rats prédispose aux talents culinaires.]
Aller piocher dans les livres de classe de l’histoire officielle du temps qu’il y en avait ? Avec l’assurance de n’en retirer qu’un point de vue étroit, limité par les convenances, les œillères dominantes et un clocher comme point de repère ? L’entreprise est du genre « mission impossible ».
ET POURTANT QUELQU’UN A RELEVÉ LE DÉFI. Il l’a fait sous la forme d’un roman, que la critique et les éditeurs comparent au Confiteor de Jaume Cabré. La belle jambe que cela nous fait si on a une culture à trous, si on ne connaît pas le Confiteor et si on ne sait même pas qui est Jaume Cabré !
Ce que je peux vous dire, car je l’ai lu, c’est que le roman dont il va être question ici, réussit la gageure de raconter la Grande Guerre, dans le temps et dans l’espace, de tous les points de vue à la fois : individuels et collectifs, occidentaux, orientaux ou balkaniques, points de vue des chefs et de la piétaille, des civils et des militaires, des femmes, des hommes et même des autres, des bêtes, des paysages et aussi des objets, roman choral magistralement écrit et composé, que vous seriez bien avisés, chers internautes, d’offrir à vos enfants « de la part de saint Nicolas, du père Noël ou de la Befana », en lieu et place de smartphones espions hors de prix, vous substituant ainsi, en parents responsables que vous êtes, à cette guenille qui persiste à s’appeler « éducation nationale » d’un bout de l’Europe à l’autre.
D’ici là, s’il faut absolument le comparer à quelqu’un, ce récit polyphonique, ne s’apparente à mes yeux qu’au chef d’œuvre absolu qu’est le Porius de John Cowper Powys.
Non qu’ils se ressemblent tout à fait, car… par son roman « plus long que Guerre et Paix » qui offre plusieurs niveaux de lecture dont un alchimique et qui se déroule sur sept jours du mois d’octobre 499, un Powys presque octogénaire a essayé de rendre compte, par le biais d’une histoire mythique et non historique, de ce « blank century » que fut le Ve siècle de notre ère au Pays de Galles, avec ses Saxons envahisseurs, son dux bellorum d’Arthur se voulant empereur, ses Bretons romanisés, ses quelques légionnaires attardés, ses druides clandestins, ses chrétiens sûrs d’eux et dominateurs, son dernier disciple de Mithra, ses « gens de la forêt » venus deux mille ans plus tôt du Maghreb apporter la culture du blé, l’élevage des abeilles et la domestication des porcs, leurs dernières matriarches – « nos grand-mères, les reines de Marrakech » – et jusqu’aux deux derniers géants, père et fille, en plus de l’enchanteur Merlin qui se sait un avatar de Cronos et voudrait tant s’arrêter… ce « monument of neglect » comme l’a dit quelqu’un, qui a eu le malheur de jaillir cinquante ans avant que quiconque entende parler de réalisme magique, est aussi une exploration vertigineuse de soi, c’est-à-dire de la psyché humaine en général et en particulier à l’injonction de Socrate, ce que n’est pas tout à fait l’œuvre qui va suivre, même si rien n’interdit que son auteur en produise une un jour.
Il est temps de dire de quoi et de qui on parle.
L’auteur :
« Né en 1964 à Belgrade, Aleksandar Gatalica est un des auteurs majeurs de la Serbie contemporaine. Il est également traducteur de nombreuses œuvres grecques classiques, critique musical et éditeur dans la presse. Il a publié six romans et autant de recueils de nouvelles ainsi qu’un guide de Belgrade pour les visiteurs étrangers. La musique, plus particulièrement le piano, est sa grande source d’inspiration. Il est aujourd’hui le responsable de la Fondation de la Bibliothèque Nationale de Serbie. »
Son livre :
Ce qu’en dit un internaute, sur Babelio
Somme-livre, livre-somme que ce chef d’oeuvre qui nous vient de Serbie. Lourd de 650 pages, À la guerre comme à la guerre est un prodige d’intelligence conté d’une manière chorale qui embrasse le conflit européen puis planétaire depuis le geste du médecin légiste Mehmed Graho constatant la mort de l’archiduc François Ferdinand le lendemain du 28 juin 1914, à Sarajevo. Pas moins de soixante-dix-huit personnages, certains fictifs inspirés par des récits d’archives, d’autres réels comme le roi de Serbie, le tsar Nicolas II, Fritz Haber, l’inventeur du gaz moutarde, Hans Dieter Uis, chanteur d’opéra ou encore Mata-Hari, Cocteau et Apollinaire. Aleksandar Gatalica qui se fait tour à tour historien et maître de chœur enchaîne morceaux de vie et faits historiques. Nous assistons à la fin de la Belle Époque et à la naissance d’un monde scientifique et planificateur. Roman chorale d’un genre inédit qui mêle chroniques, anecdotes, témoignages, ce livre restitue les quatre ans de la Grande Guerre par une multitude de points de vue et de vécus. On craint le fourre-tout un peu indigeste, l’éparpillement de surface. On a affaire à un récit rigoureux dans sa pluralité. Que j’ai trouvé prodigieux et passionnant comme un film d’aventures réussi. Le destin de chacun nous apparaît dans toute sa violence, souvent grotesque, parfois grandiose. Un officier serbe, un ténor allemand, un épicier turc, un typographe français, tous comptent autant, pour beaucoup dans cette fresque, et très peu sur le plan de l’Histoire. Silhouettes balayées par les tourments-tournants, chamarrées de grand-croix de ceci ou de cela, ou vêtues d’un tablier de bistrotier. Un égale un dans cette extraordinaire mêlée. À la guerre comme à la guerre fera date dans mes lectures, un peu plus à même de saisir ce conflit dont on a déjà tant discouru. Comme un metteur en scène d’opéra Aleksandar Gatalica place ses banderilles et ses pépites très astucieusement, comme dans un art feuilletonnesque, grand compliment. Quelques cailloux fantastiques agrémentent si j’ose dire ces quatre années et demie de feu et d’acier. Un miroir soi-disant protecteur, des poches qui se décousent et d’où la vie s’échappe, des montres à gousset qui s’arrêtent, condamnant les quatre lieutenants qui les portaient. Et d’autres surprises constellent cet objet littéraire de toute beauté, qui doit à Dumas et à Borges, et qui nous entraîne dans une euro-sarabande, nous laissant un peu exténués mais comblés. Mon personnage préféré ? La grippe espagnole qui finit par mettre tout le monde d’accord… Mais mention spéciale à Raspoutine que Gatalica fait assassiner à quatre reprises. En réalité je crois qu’il n’a été tué que trois fois. Ces écrivains hors du commun, faut toujours qu’ils en rajoutent.
Bellonzo – le 21 Avril 2018
Qu’ajouter ?
Ah, le casque rouge de Cocteau ! Pas vrai ? Plus que vrai !
Ah, les antibiotiques du roi Pierre, jetés au caniveau par un médecin qui ne les connaît pas encore et se méfie des services secrets étrangers !…
Ah le Walther Schwieger, capitaine de l’U-20 qui a coulé le Lusitania, qui non seulement faisait partie du complot monté pour faire entrer l’Amérique en guerre mais qui voyait des serpents monstrueux et des Krakens dans les profondeurs… Ah le subordonné camarade d’enfance qui écrit aux journaux pour défendre sa mémoire, qui, lui, ne les a pas vus s’enrouler autour de leur sous-marin mais qui les a entendus !
Ah, la couturière de Belgrade, dont les clientes ne ressortent jamais de la cabine d’essayage, parce qu’elles y sont happées par une autre tranche d’espace-temps !… Ah, celle qui atterrit dans la Yougoslavie des années 70, qui s’émerveille des voitures inconnues, des gratte-ciels, des vêtements pimpants des femmes, qui est abordée et demandée en mariage par un inconnu, qui l’épouse, puis qui se retrouve soudain dans un atelier de couture déserté, en plein siège de la ville… qui sort dans les rues pour prévenir tout le monde : « N’ayez pas peur ! »… « Tout va bien !… » « L’avenir est formidable… radieux !… »
On n’en finirait pas.
L’aile de la guerre balaie le continent comme un radar le ciel, en faisant surgir tout vifs, du néant, une multitude de faits et de protagonistes.
Une chose pourtant qu’elle ne fait qu’effleurer, dans ce livre-cathédrale – et c’est pourquoi il nous va falloir le faire – c’est la vague des fusillades « pour l’exemple » qui a semé la terreur dans les rangs combattants occidentaux, sitôt éclatée la Révolution russe. Terreur, rappelons-le, qui a causé plus de morts, pour la seule année 1917, que tous ceux des cinq ans de Révolution française…
Que serait aujourd’hui l’histoire du monde, si la contagion avait « pris » ?
Il est regrettable que le mot « événement » soit écrit au moins trente fois dans ce livre avec un accent grave, que les « canaux de sauvetage » du Lusitania aient en outre rejeté des naufragés et que la déesse soit appelée à chanter la colère du Péléide Achille, qui a coûté aux Grecs tant de « mots ». Un éditeur digne de ce nom ne devrait pas infliger ce genre de choses à un auteur de cette envergure. Dans le temps, il y avait des typographes…
Théroigne
Comme nous ne sommes pas seuls à nous intéresser à ces événements, nous avons l’honneur et l’avantage de vous présenter la contribution d’Aline de Diéguez aux commémorations du jour.
Elle le fait à l’intérieur de son essai sur la « déclaration Balfour », par l’entrée en guerre des États-Unis, en 1917. [Alors que tout aurait dû être fini, puisque l’Allemagne avait déjà demandé l’Armistice. Mais c’est qu’il s’en passait des choses qu’on ne nous a pas dites…]
Aline de Diéguez
L’entrée en guerre de l’Amérique
Les coulisses de la Déclaration Rothschild-Balfour (3)
« Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre ». Baruch Spinoza
Ou l’on découvre que l’entrée en guerre des États-Unis en 1917 est le fruit des efforts conjugués des banquiers anglo-saxons et du mouvement sioniste international.
Qui écrit l’histoire ?
Quelles sont les sources auxquelles nous puisons notre connaissance des évènements passés ? L’histoire d’aujourd’hui est la politique d’hier, or, la politique est une affaire d’hommes. Pour redonner du sens, donc de la vie, au passé, il faut, autant que possible, coller aux talons des hommes qui en furent les acteurs sur le devant de la scène ou dans les coulisses, devenir les Sherlock Holmes des indices, des Sioux sur le sentier de la guerre, afin de débusquer l’arrière-monde de ce qui fut volontairement caché, balayé sous le tapis, afin de tenter de réincarner ce qui fut et qui n’est plus, tout en continuant à exister dans le présent par ses conséquences. Cela fait toute la différence entre la connaissance des faits et leur compréhension.
Qui, dans la presse française grassement subventionnée par l’État et même dans l’Université conformiste, oserait aller contre le consensus sur des sujets sensibles, lorsque les retombées financières, les carrières et les avancements sont en jeu ?
Exemples
Comment est parvenu à s’imposer le conte digne d’Alice au pays des merveilles qui aurait pour héros un lord anglais – Arthur James Balfour – lequel aurait pris tout seul l’initiative d’adresser un message sibyllin à un richissime banquier juif dans lequel il promettait à un groupe d’immigrants un territoire qu’il ne possédait pas ? Ce qui n’empêche pas ce canard d’exercer l’autorité d’un « fait historique » depuis 1917.
Par quels procédés plus ou moins volontairement mensongers est parvenue à acquérir le poids d’un fait historique la doxa que le Président américain Woodrow Wilson aurait été un chef énergique et génial, personnellement à l’origine de la création de la FED et qu’il aurait un beau jour pris librement la décision d’entrer en guerre aux côtés des alliés européens en 1917 ? Voir : – Aux sources de l’escroquerie de la Réserve Fédérale – Le machiavélisme des hécatonchires de la finance internationale
On peut même remonter plus haut : est-ce par aveuglement, par collusion ou par crainte politique de froisser la puissante communauté juive que les Églises chrétiennes évitent soigneusement de songer à lier la crucifixion de Jésus au scandale financier que le prophète a provoqué dans le temple, à peine quelques jours auparavant, lorsqu’il a chassé à grands coups de cordes tressées les changeurs véreux et autres filous et simoniaques qui officiaient dans le temple de Jérusalem ? Événements dont un courageux écrivain américain avait démontré la troublante concomitance, mais dont personne ni dans l’Église, ni dans la société civile n’a daigné tenir compte.
Pour terminer, qu’arrive-t-il lorsque l’évidence universellement admise d’un événement se heurte à la réalité ? Ainsi, contrairement aux modélisateurs-réchauffistes d’origine anthropique du GIEC, on constate que la banquise de l’Arctique ne fond pas mais augmente, même si, ici et là, quelques glaciers rétrécissent, conformément aux variations locales plurimillénaires et naturelles du climat. Les hérétiques qui contestent la religion climatique officielle selon laquelle les activités humaines productrices calamiteuses de CO² sont la cause des modifications du climat, sont interdits de parole dans les médias, interdits de publication dans les revues scientifiques et barrés de tout avancement de leur carrière universitaire. En France, aucun média, aucun organisme officiel n’ose braver le très saint pape Jouzel et sa camarilla de cardinaux du réchauffisme d’origine humaine. Dans un siècle, nos descendants se moqueront de notre crédulité et de notre soumission à leurs injonctions politico-économiques fondées sur des données fantaisistes. En effet, occupées par des « marches pour le climat », les foules européennes culpabilisées et domestiquées ne pensent même plus à « marcher » contre la politique antisociale de leurs gouvernements.
Il est passionnant de soulever le tapis sous lequel la vérité est balayée. Et cela, précisément en appliquant le conseil d’un des plus grands falsificateurs de la vérité historique – le Colonel House – lequel manifestera son talent de manipulateur dans la démonstration qui suit des circonstances réelles dans lesquelles les États-Unis se sont finalement joints tardivement à la France et à l’empire britannique dans la guerre contre l’Allemagne et ses alliés, qui faisait déjà rage en Europe depuis trois ans.
Le Colonel House par lui-même
« Les petites gens de ce pays sont d’incurables et invétérés adorateurs de héros. Avec un slogan qui exprime leurs « vagues aspirations », on peut facilement les manipuler… »
Ce pseudo colonel conseillait d’imiter les chiens truffiers. Il fallait, disait-il, tenter de remonter aussi haut que possible à la racine d’un événement ou d’une décision. En tant que père Joseph d’un Président des États-Unis inconsistant, faible, influençable puis malade et finalement quasiment remplacé par sa femme, il était bien placé pour savoir à quel point il est facile de leurrer les contemporains. C’est donc en fin connaisseur qu’il a prononcé ces paroles ailées : « La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n’importe quelle idée jusqu’à sa source ».
La Belgique possède actuellement deux écrivains de stature internationale, issus – c’est le mot qui s’impose – de l’Internationale situationniste. Une génération les sépare.
Raoul Vaneigem est né en Belgique en 1934 et Jean-Louis Lippert au Congo en 1951. Tous deux se sont « tirés » de l’Internationale situ grosso modo pour incompatibilité avec les buts qu’elle en était venue à poursuivre et les moyens choisis pour y parvenir.
Ils suivent, dans leur patrie, des « parcours marginaux » (du point de vue de ceux qui pensent en file indienne). Si l’Académie Royale de Langue Française de Belgique a préféré offrir les sièges de Georges Simenon et de Simon Leys à des faiseurs à la mode plutôt qu’à eux, c’est son affaire.
L’affaire des véritables écrivains est, selon nous, de rester des politiques intègres en même temps que des artistes libres.
Si Jean-Louis Lippert, alias Anatole Atlas, alias Juan Luis de Loyola (Gary-Ajar n’a qu’à bien se tenir !) reste inconnu du grand public, ce n’est pas seulement à cause de l’ostracisme dont il est l’objet de la part des importants mais aussi du fait qu’à une pensée politique rigoureuse, articulée, cohérente et acérée, il allie un style flamboyant, où s’étirent, virevoltent, tournoient, tourbillonnent et se déploient avec une volupté jamais épuisée les métaphores qui font de lui le digne fils de Bosch, d’Ensor, de Somville et de Wilchar. Oui, des peintres.
Ce grand écart constitutif le rend difficile d’accès aux lecteurs superficiels ou pressés.
Un véritable écrivain, qui a mis sa vie en conformité avec ses principes et qui a des choses à dire, cela se mérite Messieurs-Dames ! (Oh, on va se faire agonir par les Me-Too….)
Bien sûr, il s’agit aujourd’hui d’un livre publié pour la première fois en 2011 mais sous une forme inhabituelle et en très peu d’exemplaires :
Jean-Louis Lippert
AJIACO
L’auteur et son ouvrage d’origine au format A3, deux ou trois kilos tout déshabillé
C’est lui qui sort aujourd’hui dans un format accessible au peuple :
Jean-Louis Lippert
AJIACO
Les éditions du CEP
26, avenue des Oiseaux
6001 Marcinelle
Septembre 20°18 – nbre de pages inconnu (ah, les éditeurs !)
ISBN : 978-2-39007-044-3
Format : 15 x 21 cm
24 €
« Une immense leçon d’écriture et de liberté » (le CEP)
Le même figuier tropical qui, voici quelque 500 ans, vit accoster Colomb sur la plage cubaine de Baracoa, y serait le témoin du pacte faustien qui déterminerait l’histoire du dernier demi-siècle, ayant eu pour objet cet ultime continent de la planète à coloniser : le cerveau…
La marchandisation du globe requérait une irradiation des esprits trouvant son accomplissement dans l’assassinat de l’aède, nous dit le Jaguëy, pour qui l’ère atomique a fait naître un 13ème signe du zodiaque. La signification symbolique de ce champignon céleste, générateur de mille ténèbres, ne peut faire oublier combien l’usage de champignons terrestres fut consubstantiel aux transes et délires chamaniques…
L’inspiration des ancêtres n’engage-t-elle pas une fission nucléaire dans la matière même du verbe, irradiant la parole de l’aède ?…
Ce sont de telles outrances mentales qu’AJIACO (pot-au-feu dans la tradition cubaine) oppose aux démences des propriétaires du monde : l’alliance du crime organisé, de la finance et des polices de l’ombre ayant eu pour laboratoire le Cuba de Batista…
Comme personnage romanesque, un aède grec fut créé en août 1993. Plusieurs ouvrages ont depuis lors attesté son existence, mais il s’en est fallu d’un quart de siècle (et l’actuelle hypnose collective hallucinant les consciences aux sons du clairon et du canon), pour qu’advienne enfin la possibilité de faire entendre son chant cosmythologique…
Si la valeur d’usage devient négative et la valeur d’échange absolue, le chant de l’aède a valeur d’échange nulle et valeur d’usage infinie… Quand le capital – ce travail mort – tyrannise la force de travail vivante, les réminiscences posthumes de l’aède invitent à se réapproprier la vie grâce à la parole des morts…
Homère et Joyce, resurgis du royaume des ombres, mèneront donc ici l’enquête sur ce fait majeur d’une époque : une mise à mort le 16 juin 2004 – jour centenaire du Bloomsday.
« J’ai voulu créer une image mentale de l’Univers » : c’est ainsi que débute l’entretien enregistré chez Jean-Louis Lippert à l’occasion de la parution de son dernier livre Ajiaco. Ce long texte épique qui pourrait constituer le troisième volet d’un triptyque dont les deux premiers seraient l’Ulysses de Joyce et l’Odyssée d’Homère*, à moins qu’il n’en soit une nouvelle version, celle du troisième millénaire.
Essayez de vous procurer ce livre rare (il a été tiré sous couverture artisanale à une centaine d’exemplaires qui sont autant de collectors) : vous entreprendrez, en le lisant, un voyage hypnotique dans l’univers poétique de Jean-Louis Lippert, qui à la façon de Pessoa, multiplie les identités. Il signe Anatole Atlas ou Juan-Luis de Loyola les livres qu’il ne publie pas sous son nom Jean-Louis Lippert, ou les nouvelles que publie la revue MARGINALES dont il est un contributeur régulier.
Si vous ne trouvez plus le livre dans son édition originale, vous le trouverez en pdf sur le site de Sphérisme. [Et maintenant en édition courante, ndGO]
Entrez dans l’univers de celui dont la poésie jette une lumière impitoyable sur un monde où il semble avoir été projeté comme un météorite, dont il a conservé la fulgurance.
Edmond Morrel
Nous avions demandé à Richard Miller d’évoquer l’oeuvre de Jean-Louis Lippert. Cet entretien est toujours disponibles sur espace-livres.be.
Les ouvrages de Jean-Louis Lippert sont disponibles dans les catalogues de différents éditeurs, sans compter les nombreuses nouvelles inédites parues dans la revue MARGINALES.
Oeuvres parues sous le nom de
Jean-Louis Lippert
Pleine lune sur l’existence du jeune bougre, Messidor, Paris, 1990 Mamiwata, Talus d’approche, Mons, 1994 Dialogue des oiseaux du phare – Maïak I, Luce Wilquin, Avin, 1998 Confession d’un homme en trop – Maïak II, Luce Wilquin, Avin, 1999 L’Affaire du Satan de Stan, Talus d’approche, Mons, 2000 Tango tabou de l’Ombu – tohu bohu, Luce Wilquin, Avin, 2002 Tombeau de l’aède – César contre Césaire, Luce Wilquin, Avin, 2005 (lien externe vers ces livres). Hors l’enclos sous le joug, Sphère Convulsiviste, 11 septembre 2011 Ajiaco, Miroir Sphérique, novembre-décembre 2011, juin 2012
Anatole Atlas
Manuscrits de la Mère-Rouge, Sphère Convulsiviste, 1985 Autopsie du XXe siècle, Sphère Convulsiviste, 1986 Transe pour retrouver le sens du devenir, Sphère Convulsiviste, 1987 L’au-delà est là, Sphère Convulsiviste, 1988 Mémoire du Temps, Sphère Convulsiviste, 1990 De la Belgique – Phénoménologie de l’absence d’esprit, Luce Wilquin, Avin, 2000. (lien externe vers ce livre). Global Viewpoint – Le point de vue d’Homère sur la face cachée du Monde, Maelström, Bruxelles, 2003 Encyclique des nuages caraïbes, Maelström, Bruxelles, 2005. Bookleg #8 disponible à la librairie maelström. et un extrait est disponible en PDF (lien externe).
Juan-Luis De Loyola
Fragments pour que noblesse oblige – adresse aux fistons de Tonton, Luce Wilquin, Avin, 2001
* Un jour qu’on aura le temps, on racontera à Jean-Louis Lippert et peut-être à vous comment l’Odyssée « d’Homère » a pu être contée ou chantée – et non écrite – par une jeune fille sicilienne issue de ces Grecs d’Orient ioniens dont provenaient Homère lui-même et Sapho, deux ou trois siècles après la mort du barde.
« Qu’attend l’Académie pour – ainsi qu’elle le fit avec Véronique Bergen – audacieusement accueillir Lippert en son sein » ?
Hé, c’est qu’elle a « audacieusement » (le mot est faible) choisi d’y accueillir plutôt la très avisée marchande et mondaine Amélie Nothomb, qui a non moins audacieusement choisi son discours d’intronisation pour lancer quelques coups de pied de l’âne, si on ose ainsi parler, à l’auteur qui dérange, exclu de toute visibilité par les gensaupouvoir.
Sans surprise pour personne, Le Carnet et les Instants (« Revue des Lettres belges francophones », c à d. organe du Ministère des Lettres Françaises de Belgique) se contente de saluer cette publication d’un spartiate…
(réédition) Ajiaco Lippert, Jean-Louis Ed. du CEP 728 p. ; 15 x 21 cm 24,00 € ISBN : 978-2-39007-044-3
… dépouillé comme un lapin.
On sait toujours en hauts lieux où sont les obéissants et où sont les autres.
Les autres, qui ne se laissent cependant pas toujours piétiner sans mordre :
AMPOULE POUR ÉLUCIDER LE GLOBE
Manifeste convulsiviste à déclamer par Melle Amélie Nothomb
lors du prochain Salon du Livre au château de Grignan
I = MC²
Pas de semaine sans qu’un festival n’exhibe l’équipe nationale belge de littérature, dûment chapeautée sur les foires du bavardage mondain. Mais imaginerait-on qu’en football existât une formation représentative clandestine, occultée par les délégations officielles en raison même de ses exploits inavouables ?…
De l’Epopée de Gilgamesh à telle Mélopée contemporaine, la plus haute mission de l’écriture – ce pourquoi ses enjeux sont voués à des limbes invisibles – n’est-elle pas de produire une vision globale révélant la face cachée du monde : vision globale dommageable pour l’image à laquelle un certain rapport social réduit le rôle de l’écrivain ?…
C’est donc tout un que seuls puissent paraître ce rôle et cette image, nul autre rapport social n’étant imaginable ; et que doive disparaître la vision globale mettant en question cette image et ce rôle, parce qu’elle envisage possible un rapport social différent – grâce à l’Œil imaginal…
Il en résulte une alternative : soit ce qui précède est dénué de sens, et ne mérite que l’ombre de l’espace public ; soit ce manifeste s’inscrit dans une guerre du sens où devrait être rendue publique une équation jumelle de celle formulée par Einstein, mais pour définir l’Information :
I = MC², la masse étant remplacée par le mana que multiplie la vitesse de la lumière au carré…
Cette lumière et ce mana (la véritable Information), sont davantage les apanages de l’héroïque nation des déracinés déshérités dépossédés disqualifiés du globe – innombrables naufragés de Kapitotal -, que de ses naufrageurs paradant sous de fausses lumières sur le pont des premières d’un navire en eaux peu profondes, mais dont le sort est moins enviable que celui du plus misérable esquif en Méditerranée…
N’est-ce pas un oubli des plus significatifs, que celui du bicentenaire du Radeau de la Méduse par le tour Panoptic ?…
Car il en va d’une fission nucléaire en plein boom planétaire : celle de l’individu atomisé par marché de la guerre et guerre du marché….
Donc, de la contradiction chaque jour plus antagonique entre logique dominante (paix au Château, guerre aux chaumières), et dialectique de totalité (guerre au Château, paix aux chaumières).
A.A.
Dimanche 1er juillet 2018
AMPOULE POUR ÉLUCIDER LE GLOBE (IV)
Flash Ball Dance
« Je suis inventif, dit Price. Je suis créatif, jeune, sans scrupules, motivé et performant. Autrement dit, je suis indispensable à la société. Je suis ce qu’on appelle un atout. »
Bret Easton Ellis, American Psycho
Si l’on n’oublie pas que le dernier mot de cette citation se dit « trump » en anglais, dès la première page d’un best-seller mondial publié en 1991 se trouvait brossé le portrait d’un homme né cette année d’avant le déluge : Alexandre Benalla…
Avant même sa venue au monde, l’essentiel était écrit sur le Disc Jockey responsable en Electronic Dance Music de l’Élysée, coupable d’avoir le 1er Mai dernier, casqué telle une rock star, enfreint le protocole en invitant à une Flash Ball Dance improvisée, de manière jugée disruptive, un couple de jeunes émeutiers sur la place de la Contrescarpe…
Si le nom d’escarpe désignait jadis un malfaiteur, est-il étonnant que ce redresseur de torts, dont la carrière explosait sur les scènes publiques depuis qu’un canular lui avait attribué le titre de lieutenant-colonel de la gendarmerie, se soit substitué aux gardiens de la paix pour imposer l’ordre de la République ?…
Cet humour déjanté fut si peu goûté par une grande part des médias, de la préfecture de police et de l’Assemblée nationale, que l’on crut bon d’en faire un scandale d’État. Mais les divertissements contemporains, rythmés par la musique techno, n’autorisent-ils pas le déchaînement d’une violence outrepassant celle des CRS ? Contre la délinquance dont faisaient preuve ces manifestants, n’est-il pas salutaire que les citoyens se muent en garde prétorienne pour sauver du pillage les vitrines des géants du faux luxe LVMH, Kering, Hermès – donc la croissance de leurs profits à 50 % ? Et dans ce but, à l’échelle planétaire, la confusion entre acteurs civils, policiers et militaires n’est-elle pas devenue la norme ?… Un monde appartenant à des pieuvres n’ayant de comptes à rendre qu’aux actionnaires exige, auprès de leurs fondés de pouvoir gérant les États, des milices privées de barbouzes à oreillettes aussi efficaces par un look d’appartenance à la race élue dans les videogames, que par une force de frappe réelle contre toute résistance des damnés. Pour obtenir une servitude librement consentie, la frontière est devenue poreuse entre showmen et policemen. Ainsi les performances d’un DJ recueillant plusieurs millions de followers, promises à être aussitôt scénarisées dans une série télévisée, relèvent-elles de la construction de situation prônée par la dernière avant-garde artistique…
Plus encore que ses devanciers, Baby Mac n’assume-t-il pas l’héritage du légendaire conseiller de Mitterrand Jacques Pilhan, dit le sorcier de l’Élysée, qui affichait ouvertement son admiration pour La Société du Spectacle de Guy Debord ? Ce qui s’est joué dans le pugilat idéologique à l’origine du capitalisme dionysiaque : la subjectivité radicale propre au situationnisme, contre le structuralisme et sa négation du sujet…
« C’était l’élite, c’était la pègre », écrivait René Viénet des Katangais, ces mercenaires ayant fait le coup de main en Mai 68, dans un ouvrage de référence magnifiant la geste héroïque dont Baby Mac se veut l’héritier des deux côtés de la barricade. En même temps « de gauche » et « de droite », comme à la fois de la racaille et de la flicaille…
L’image réversible du caïd et du rebelle fut popularisée sous les traits de Belmondo, dans le cinéma produit par Gérard Lebovici. La nouvelle idéologie dominante s’incarne depuis trente ans dans le personnage du flic voyou transgressant les mœurs bourgeoises conventionnelles. Belmondo genuit Bernard Tapie, qui genuit Baby Mac et Alexandre Benalla : ce qu’une introuvable œuvre littéraire aurait pu révéler…
Cette œuvre eût désigné Kapitotal et les clergés de la tour Panoptic…
Seul pareil éclairage éluciderait la scène, autrement inimaginable, d’une investiture présidentielle dans la cour du Louvre, sous une pyramide où la petite frappe analphabète issue des bas-fonds guiderait Jupiter en sa montée de l’Olympe, au son d’un Hymne à la Joie dont les paroles de Schiller clameraient « Ô Joie, belle étincelle divine, fille de l’Élysée »…
Seule cette vision globale eût délivré le sens d’absurdes séquences au cours desquelles un émule de Rothschild, ayant fait son magot grâce à Nestlé, somme les jeunes paumés de se rêver en milliardaires non sans railler « ceux qui ne sont rien », tout en fustigeant le « pognon de dingues » jeté dans les égouts de la sécurité sociale. Une telle œuvre eût fourni l’exégèse d’une suppression de l’impôt sur la fortune et d’un combat sans précédent contre les privilèges des ouvriers, paysans, employés, artisans, infirmiers, enseignants, fonctionnaires et chômeurs : attentats terroristes requérant une garde rapprochée des plus musclées…
Celle-ci ne devait donc pas être trop inquiétée après la Flash Ball Dance du 1er Mai. Quoi de plus légitime, dans la bouche du barbouze, que « le préfet j’l’emmerde », lors du retour des Bleus sur les Champs-Élysées ?…
Si Baby Mac s’est emparé du Graal des vieilles chevaleries errantes pour la raison que fut anéanti leur héritage littéraire, n’avait-il pas le droit de s’abreuver à la Coupe du Saint-Sang sur le perron de l’Élysée ? Sa peau fut alors si translucide au regard de l’Œil imaginal, qu’il eût vu circuler dans ses veines le sang qui s’écoulait du crâne de ses victimes. Le déconcert de Baby Mac avec la République jusqu’ici ne s’apercevait à presque rien, mais se pressentait en presque tout. Quelque chose, difficile à définir, fermentait…
La messe noire du chevalier blanc vient de le faire déglutir : « Vous me faites rire ! N’avez-vous pas compris que je dirige une révolution ? Les sbires dont je m’entoure ont le devoir de porter un couteau entre les dents ! » …
L’Œil imaginal voit deux gerbes d’hémoglobine tricolore lui sortir en même temps par le globe oculaire gauche et par le globe oculaire droit.
Le 1er août 2018
Pour faire plus ample connaissance avec l’auteur :
Eric Brogniet
Jean-Louis Lippert – aède, athlète, anachorète
Avin (B) Éditions Luce Wilkin
212 pages ISBN 2-88253-233-4 EUR 20.
Présentation de l’éditeur :
Jean-Louis Lippert (né en 1951) serait une figure majeure de la littérature belge de langue française s’il en faisait partie. Refusant les faux-semblants, les stratégies, les discours d’un microcosme littéraire – qui le lui rend bien en ignorant l’apport fécond qui est le sien -, Jean-Louis Lippert tire de son histoire personnelle qui l’a fait naître en Afrique une décennie avant l’indépendance du Congo et l’assassinat de Lumumba une partie de la matière de ses récits, sur laquelle se greffe une critique radicale de la société de consommation et du monde post-moderne. Échappant par cette histoire problématique aux travers de la plupart des écrivains, Lippert, partagé entre deux continents et deux cultures, est comme le symptôme de la problématique belge ; son mérite est de la replacer dans une perspective critique et de ne pas évacuer la douleur du questionnement, fût-ce au prix de la solitude, de l’intransigeance et de la liberté de pensée. Première monographie consacrée à ce romancier belge.
Biographie de l’auteur
Poète et critique littéraire, auteur d’une vingtaine de livres de poésie ainsi que d’un essai sur la poésie arabe contemporaine, Éric Brogniet (1956) est co-directeur de la Maison de la Poésie et de la Langue française de Namur (Belgique)
Là, en revanche, on n’est pas à la bourre et on reste chez les ex-situs, puisque Alice Becker-Ho est la veuve de Guy Debord. Mais elle n’est pas que cela, et il n’est pas interdit de penser que le travail qu’elle fait depuis quelques années sur la langue française est plus important que sa participation, et celle de ses ex—compagnons de route, à la Révolution qui recule… qui recule… comme le château de la Belle au Bois Dormant.
Dans un pays dont le président en papier kraft crache sur le génie de son pays pour se vautrer aux pieds de toutes les fausses valeurs qui passent, la très profonde perception qu’a cette femme à moitié allemande et à moitié chinoise de l’essence même (d’aucuns diraient l’âme) de la langue française, dans ce qu’elle a de plus mouvant, de plus dynamique et de plus vivant, est unique.
Car les ballades en jargon dont il est question dans ce livre n’ont jamais été, avant elle, véritablement décryptées par personne, pour l’excellente raison qu’elles étaient, à l’origine, destinées à communiquer des choses qui ne pouvaient – qui ne devaient ! – être comprises par personne et surtout pas par les archers du guet et autres sbires au service de l’État ou de l’Église. Il leur fallait par conséquent transmettre à mots couverts des informations dont dépendait souvent la vie ou la mort d’un ou de plusieurs hommes (ou femmes) et changer de forme et de couleur aussi rapidement et imperceptiblement que les dangers l’exigeaient. Langage mouvant, donc, en trompe-l’œil et essentiellement dynamique.
À force de patience, d’intuition et d’une minutie de bénédictin, Alice Becker-Ho réussit à en faire saisir la signification d’oiseau sur le qui-vive, toujours prêt à l’envol.
Illustration de couverture : Charles Vincent
Paris, L’Échappée, 2018, 110 p.
14 x 20,5 cm |
14 euros isbn 9782373090468
Présentation de l’éditeur :
Poète et voyou, tel fut François Villon, dont l’œuvre en vers a parfois occulté son appartenance aux Compagnons de la Coquille, une bande de malfaiteurs qui sévissait dans la France du XVe siècle. Des aventures périlleuses qu’il vécut avec eux, il retira un ensemble de ballades écrites en jargon ou en jobelin, l’ancêtre de l’argot. Adressées sous forme codée à ses camarades, ces dernières ont fait l’objet de nombreuses tentatives d’interprétation, souvent fantaisistes. Ce « langage exquis », fait de conseils toujours valables pour les jeunes gens de mauvaise vie, est ici décrypté, mettant en lumière la part maudite du poète.
ouvert du mardi au samedi de 13h à 20h 23 rue Voltaire 75011 Paris quilombo@globenet.org
01 43 71 21 07
fax 09 55 63 23 63
Grain de sel inutile, mais ça défoule :
Il nous plaît que l’auteur épingle au passage Robert-Louis Stevenson, qui s’est rendu coupable d’une « biographie » de François Villon, où il défend un dogme aussi victorien que prudhommesque : quand on est voleur, on ne peut pas être poète, ergo, Villon n’est pas un poète. Notion qu’il a pour ainsi dire copiée sur un autre biographe, Français, de son temps, heureusement resté anonyme (non, ce n’était ni Bouvard ni Pécuchet). Il y a des gens qui feraient mieux de tourner sept fois leur plume dans l’encrier quand ils ont envie d’écrire des sottises.
Avant ce dernier opus, Alice Becker-Ho avait déjà consacré deux livres au jargon :
Les princes du jargon
Gérard Lebovici (12 septembre 1990)
Collection : Champ Libre
77 pages
ISBN-10 : 2851842277
ISBN-13 : 978-2851842275
Une étude comparée des argots des classes dangereuses à travers une dizaine de pays d’Europe et d’Amérique met en lumière les influences communes qui, voilà déjà plus de cinq siècles, avaient favorisé leur formation. S’y trouvent ainsi établies l’étymologie et la véritable signification de mots devenus aussi courants qu’arnaque, cave, came, toc, tapin, boudin, micheton, thune, dèche, rousse, poulaille, vache, tabasser, mouton, mais aussi bistrot, flamenco, fado, cocu, racket, tchao, mafia, chicane, pagaille, rôdeur ou camarade…
Édition actuelle :
Poche : 160 pages
Folio (2 février 1995)
Collection : Folio-Essais
Langue : Anglais, Français
ISBN-10 : 2070328481
ISBN-13 : 978-2070328482
Dimensions : 17,8 x 10,8 x 1 cm
L’essence du jargon
132 pages
Gallimard (3 juin 1994)
Collection : Hors série
ISBN-10 : 2070738930
ISBN-13 : 978-2070738939
Dimensions : 20,5 x 14,1 x 1,2 cm
« Les Princes du Jargon ont paru d’abord en septembre 1990. Cette étude a fait date tout de suite, parce qu’elle mettait en lumière un point décisif que personne n’avait su voir jusqu’ici : l’apport des Gitans, depuis leur venue dans l’Europe du XVe siècle, au langage secret des classes dangereuses organisées, qui se formaient à cette époque. Cette pièce manquante, mais essentielle, apportait enfin tous les éléments pour l’établissement de véritables étymologies argotiques. La langue des Gitans apparaît donc comme une langue mère – équivalent de ce que furent le latin et le grec aux origines du français – avec cette nécessaire particularité, liée aux classes dangereuses, qu’elle était longtemps restée, elle-même, étrangère et impénétrable aux premiers linguistes. Tout langage codé peut être décrypté, du moment qu’on en possède la grille. Il y a presque deux siècles que cette grille est entre les mains de ceux qui sont devenus depuis les tsiganologues, sans qu’ils aient su pour autant en faire usage, faute de connaître les classes dangereuses. [… ] L’Essence du Jargon montrera, à travers l’esprit même des classes dangereuses, comment et pourquoi ce langage spécial se distingue de tous les autres ; pourquoi justement, à partir d’une première découverte, comme celle que j’ai fait apparaître dans Les Princes…, on peut mettre en lumière qu’il a existé plusieurs autres grandes influences presque aussi méconnues ».
Alice Becker-Ho.
Pendant qu’on y est, on ne va pas se priver de ce que son étude inspire à un amoureux, comme nous, du plus grand poète français.
« Villon n’a nullement besoin, pour qu’on l’admire, écrivait Francis Carco dans Nostalgie de Paris, d’être déguisé en mauvais garçon : il en fut un. […] Pour peser le bien et le mal de cette existence, pour que la somme du bien l’emporte sur le mal, de quelles balances – ajoutait-il – pourrions-nous faire usage sans les fausser ? » Ce jugement, Alice Becker-Ho le fait sien dans l’épilogue de sa Part maudite dans l’œuvre de François Villon, en notant au passage qu’on lui aura tout reproché, surtout la gent spécialiste, celle qui, du bout de la plume et en se bouchant le nez, n’a d’autre fonction que de disqualifier la parole insoumise. Car si « le fait que Villon ait été socialement un voleur et un assassin n’enlève – ni n’ajoute rien – à l’authenticité et à la réussite de son lyrisme », comme le pointa justement Guy Debord [1], il fallut attendre quelques siècles pour qu’Auguste Longnon, en 1877, et surtout, dans la foulée et avec une belle constance, Marcel Schwob [2], esprit libre et érudit, réhabilitent, dans son art et son temps, l’œuvre inégalée du voyou lyrique François Villon.
Alice Becker-Ho – « poète, essayiste et traductrice », comme dit sobrement la quatrième de couverture de ce beau volume – s’applique, de livre en livre [3], à sa manière très singulière, transversale et comparative, à contrarier la cohorte des experts en tout, et d’abord en fourvoiement. Elle avance à visage découvert, citant ses sources et situant toujours, sans le surcharger de savoir cumulatif et inopérant, le champ historico-linguistique qu’elle étudie très méthodiquement. Ce qui frappe, en effet, en la lisant, c’est sans doute ce pari de légèreté, toujours tenu. Chez elle, on va à l’essentiel. Sans surpoids. Sans appareil critique obèse. Sans tours et détours. C’est sa démarche, sa marque aussi. Elle tient du déchiffrage, de l’éclaircissement, du décodage et de la traduction. On ne doute pas qu’elle continuera d’exaspérer, avec son Villon, quelques besogneux de l’expertise. On le lui souhaite en tout cas.
Réflexion oiseuse d’une béotienne…
Tout le monde considère comme allant de soi que François Villon, étudiant dévoyé, a choisi de devenir un garçon de mauvaise vie par disposition naturelle au vice… Je me suis toujours demandé, personnellement, s’il n’avait pas fait ce choix délibérément, pour simplement rester en vie.
Qui a jamais fait le lien entre le meurtre d’un prêtre – en état de légitime défense ! – et son entrée dans la pègre ?
Maître François est attaqué au couteau par un autre jeune homme, jaloux de la demoiselle qu’il courtise. L’autre est prêtre, il ne devrait pas, mais la nature, etc… L’escholier agressé se défend et le tue (Shakespeare est plein de ce genre d’histoires, et un peu plus tard, Étienne Dolet commettra le même genre de meurtre dans des circonstances identiques).
Tuer un prêtre, au Moyen-Age où la notion de légitime défense n’existe pas, voue avec la plus absolue certitude à la mort. L’escholier meurtrier veut vivre. Il est juriste. Il sait donc qu’il n’existe qu’un seul moyen d’échapper aux lois de l’Église et de l’État : entrer dans la pègre, qui a ses lois à elle. Pour s’en faire protéger, comme pour entrer aujourd’hui dans l’une ou l’autre mafia, il faut donner des gages – qui vous lient sans retour.
François Villon a-til ou n’a-t-il pas engendré la Révolution française en posant ce tout premier acte d’égalité ? Ou si c’est moi qui me fais des illusions ?…
Théroigne
Restons dans la famille d’Alice…
EN GUISE DE POST SCRIPTUM
Debord, l’homme qui n’aimait pas les femmes
Causeur – 14 novembre 2015
Interview de Jean-Marie Apostolidès
Propos recueillis par Daoud Boughezala et Henri Graetz
Jean-Marie Apostolidès enseigne la littérature et le théâtre à l’Université de Stanford. Il vient de publier Debord. Le naufrageur (Flammarion, 2015).
On n’allait pas parler des autres sans parler de lui
Car lui aussi sort un livre. Enfin… a sorti, en mai. Vous êtes juste à temps pour le lire au coin du feu !
Raoul VANEIGEM
Propos de table – Dialogue entre la vie et le corps
352 pages
Cherche Midi (3 mai 2018)
ISBN-10 : 2749155738
ISBN-13 : 978-2749155739
Dimensions : 12,1 x 2 x 22,1 cm
« Souviens-toi de vivre. » R. V.
Voici un livre en rupture avec la plupart des idées qui depuis des siècles gouvernent les opinions et les comportements. Issu du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, il pousse plus avant la réflexion sur la subjectivité radicale et sur le renversement de perspective. Comme toute remise en cause, les Propos de table se heurteront au poids des préjugés et à la prétendue réalité qui a modelé nos mœurs, nos conceptions, notre vision du monde. « Vous possédez l’enclume et le marteau des préjugés qui forgent vos chaînes et les miennes. Je n’ai pour les scier qu’une lime à ongles dont seul le va-et-vient sans cesse répété obtiendra de les entailler et de les rompre. »
Et parce qu’on n’allait pas non plus s’arrêter en si bon chemin, on vous présente, si vous ne le connaissez pas encore, un auteur non pas belge mais français, qui est même aussi un cinéaste, et qui sort, le 6 décembre – juste à temps pour les fêtes sinon pour les prix dits littéraires… – le deuxième tome d’un livre qui lui tenait particulièrement à cœur et qu’il vient d’achever.
Jean CHÉRASSE et la Commune de Paris
« LES 72 IMMORTELLES »
Jean Chérasse lors de son intervention au colloque « Henri Guillemin et la Commune » le 16 novembre 2016 à Paris Sorbonne.
Jean Chérasse est un producteur-réalisateur de cinéma et un auteur, qui anime, depuis bientôt douze ans, sur Médiapart, le blog « Vingtras ».
Dans un billet posté pour le 10e anniversaire de ce blog, il disait :
« En 2009, atteints de la “maladie de Sarko”, nous étions nombreux à nous exprimer comme l’avait fait Guy Debord en 1953* : “Tout programme révolutionnaire devra d’abord s’aligner sur une certaine idée du bonheur opposée aux étouffantes valeurs du présent, garanties par une société de prisons”. Autrement dit, il ne suffit plus de s’indigner, non seulement il ne faut rien lâcher mais il faut se révolter…
Ainsi, ai-je décidé de consacrer les dernières années qui me restent à vivre, à faire table rase de la politique politicienne et du militantisme obsolète et inutile pour me replonger dans les sources des grandes heures de l’émancipation humaine. »
Depuis qu’il s’est vu retirer son pavillon panaméen, le repêcheur de migrants Aquarius (Verseau) est techniquement un vaisseau pirate. Des élus suisses militent pour qu’il soit frappé de la croix blanche. Les arguments émotionnels accaparent le débat. Or on a assez vu, ces dernières années, où les émotions médiatisées ont mené les démocraties pour y réfléchir à deux fois.
Partie I : Le verso du Verseau, ou les zones d’ombre de l’Aquarius
Juridiquement, le Panama est dans son droit. Même le secours en mer obéit à des règles, et l’Aquarius les a enfreintes.
Politiquement, il n’est de loin pas sûr que l’émotivité de nos belles âmes soit partagée par une majorité de la population. Pourquoi le Conseil fédéral devrait-il ignorer à la fois la loi et le sentiment populaire pour venir au secours de cette entreprise franco-allemande?
Car l’Aquarius n’est pas une voile solitaire. Il y a derrière lui une flotte de dix navires, des sponsors puissants, dont les organisations Soros, et des infrastructures complexes chapeautées par l’organisation SOS Méditerranée, créée pour l’occasion. Depuis 2016, selon le site de l’ONG, des centaines de milliers de personnes ont emprunté cette passerelle.
De tels chiffres relèvent de la démographie et non des fortunes de mer. Justifier l’activité de cette flottille en invoquant les lois régissant l’aide aux naufragés depuis le Moyen Age est une mignardise romantique assez étrange. On peut aller à la pêche avec une canne ou un filet dérivant derrière un chalutier, mais est-il honnête de confondre ces deux outils ?
Il convient donc d’ouvrir les yeux. A tous les échelons de cette initiative, on parle allemand. Allemand, Klaus Vogel, le fondateur de SOS Méditarranée et capitaine de l’Aquarius. Allemand l’armateur, une Sàrl de Brême… dont les gérants seraient deux retraités tenant une pension de famille ! Qui croira que ce sont les vrais patrons de ce navire dont l’entretien coûte 11.000 € par jour, sans les salaires (selon le site de l’ONG) ? Auparavant, l’Aquarius appartenait aux gardes-côte allemands, l’un des outils de Frontex (l’agence garde-frontière de Schengen). Tiens donc… et SOS Méditerranée est présidée par l’armateur Francis Vallat, ex-vice-président de l’Agence européenne pour la sécurité maritime, qui travaille en étroite collaboration avec Frontex. Purs profils d’humanitaires !
De là à voir dans l’Aquarius le cheval de Troie d’une opération de RP visant à remplacer la filière terrestre politiquement grillée par une voie plus acceptable (et surtout moins visible) d’importation de migrants, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Nous noterons simplement que Mme Merkel a voulu et déclenché cette migration sans consulter personne, que cette décision lui a coûté très cher et que s’il est un pays qui doit offrir son pavillon à l’Aquarius, c’est bien son pays d’origine ! Voire la France, qui en déstabilisant la Libye a ouvert la bonde au sud de la Méditerranée. Mais la fixation sur l’Aquarius étouffe la réflexion sur les responsabilités réelles de ce mouvement de populations qui est en train de faire éclater l’Union européenne.
Ces arguments, je sais, ne décourageront en rien nos belles âmes. J’ai publié jadis une belle enquête de Maria Pace Ottieri sur les premiers boat people débarquant en Italie. La journaliste les abordait avec sympathie, mais à partir de leurs destinées individuelles, non du point de vue de la statistique ou de la morale. Le livre n’a intéressé personne chez nous. Le visage réel de ces gens demeure toujours aussi flou. Ce qui « nous » intéresse, c’est uniquement l’usage qu’on peut faire d’eux dans nos affaires internes.
L’urgence humanitaire justifie tout ! C’est ainsi qu’à la tête de nos avocats de l’Aquarius on trouve un tartuffe qui peut à la fois donner aux Suisses des leçons de morale humanitaire et se faire payer des voyages à Abu Dhabi par un « ami » faisant partie, selon la presse espagnole, d’une famille liée au trafic d’armes… Il serait intéressant d’avoir son opinion sur la moralité de la chose.
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(Article publié ce même 21 octobre 2018 dans Le Matin Dimanche).
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Où il est également question d’immigration et de gens qui n’en veulent pas…
Avertissement aux juifs
Israël Adam Shamir – Entre la plume et l’enclume – 3.11.2018 Traduction : Maria Poumier
J’hésitais à écrire sur la question, tant que les morts de Pittsburgh n’étaient pas encore enterrés. Je sais, c’est une considération inappropriée, pour les mandarins du militantisme. Les juifs US ont accusé le président Trump, et les juifs israéliens ont accusé les Palestiniens mécaniquement, avant même que les victimes soient déclarées bien mortes. Cependant, on ne peut rien dire de sensé tant que les morts ne reposent pas sous terre. C’est maintenant que l’on peut débattre des responsabilités des uns et des autres.
L’homme qui a tué onze juifs à Pittsburgh l’a fait pour faire entendre son opposition à l’immigration. S’il avait été autorisé à dire cela sur sa page facebook, au lieu de se retrouver avec un compte bloqué, ces personnes âgées seraient encore en vie. Si le New York Times permettait que s’expriment et soient discutés les sentiments anti-immigration sur le papier au lieu de les priver de toute légitimité, ces vieux messieurs seraient encore en vie. C’est l’obstacle à toute expression d’opinions qui ne soient pas ultra libérales responsable de la pression refoulée qui a jeté un homme déjà dérangé dans la folie furieuse.
Quand il n’y a pas un journal, pas une chaîne de télé, pas une page Facebook qui disent ce que vous avez besoin d’entendre dire, tôt ou tard ce sont les flingues qui vont parler. Et ce qui est sûr, c’est que les gens qui ont organisé ce mutisme massif et cette campagne de censure sont des gens assez fins pour s’attendre précisément à ce genre de sortie. De leur part, la surprise n’est certes pas de mise.
« …la recherche de la connivence avec celui qui tient le manche est toujours vouée à l’échec… »
« Privilégier la tactique au détriment de la défense des principes est toujours un très mauvais placement »
Qu’il le sache ou non… que cela lui plaise ou pas… Me Régis de Castelnau envisage le Droit à la manière de Robespierre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il nous intéresse tant. Il a même, dans l’important article qui suit, des accents qui rappellent Saint-Just…
« Tout le système judiciaire d’un pays démocratique repose sur la défiance qu’il faut avoir vis-à-vis de l’institution. »
Rencontre entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à l’Elysée, novembre 2017.
J’avais conclu mon précédent article relatif à ce que l’on va désormais appeler le « Mélenchongate » en prévenant le patron de la France insoumise qu’il allait vivre des moments assez difficiles et qu’il devait s’y préparer. A-t-il compris ce qui l’attend ?
Hier Fillon, aujourd’hui Mélenchon
On passera rapidement sur l’outrance maladroite de ses réactions, où il n’a pas compris que l’imprécation furieuse, registre où il excelle, n’était vraiment pas adaptée. Pas plus que ses attitudes précédentes face aux opérations judiciaires contre ses adversaires politiques. D’ailleurs, ses excès semblent le fruit d’une douloureuse surprise face à l’utilisation cynique de la violence d’État par le pouvoir. Comment ose-t-on infliger à Jean-Luc Mélenchon, pourtant consacré « adversaire et non ennemi » par Emmanuel Macron sur le Vieux-Port, le même traitement qu’à Sarkozy, Fillon et Le Pen ?
Depuis le temps, Jean-Luc Mélenchon, vous devriez savoir qu’en matière de justice politique, la recherche de la connivence avec celui qui tient le manche est toujours vouée à l’échec, mais également que l’innocence ne protège de rien. Là comme ailleurs, seul compte le rapport de force. Privilégier la tactique au détriment de la défense des principes est toujours un très mauvais placement.
Alors bien sûr, cher Monsieur Mélenchon, vos emportements ont permis aux gens d’en haut d’exprimer la haine qu’ils vous portent. Non seulement ce n’est pas grave mais cela va présenter quelques avantages. D’abord, ces gens-là, parmi lesquels tous les anciens amis du PS que vous essayez actuellement de débaucher, vous combattront toujours, quoi qu’il arrive, puisqu’ils ont définitivement choisi le camp d’en face. Quant aux couches populaires, celles à qui vous devriez vous adresser autrement qu’en enfilant les gilets de sauvetage de l’Aquarius, il y a longtemps qu’elles ne sont plus dupes et qu’elles savent très bien à quoi s’en tenir concernant l’attitude et les discours des serviteurs de l’oligarchie. À quelque chose malheur est bon, vous pourrez ainsi compter ceux qui vous ont soutenu dans l’épreuve.
Répétons une fois de plus que l’opération du 16 octobre, avec sa quinzaine de perquisitions, n’a probablement pas pu être organisée sans que le pouvoir exécutif soit au courant et qu’il ait pris lui-même la décision. Tout permet de le penser, à commencer, au-delà de l’expérience professionnelle, par l’utilisation du simple bon sens. Une opération de cette ampleur, le jour de l’annonce du remaniement, menée par le parquet et dirigée contre un des premiers partis d’opposition, sans que les services de la place Vendôme, et notamment le garde des Sceaux, soient au courant ? Sans que Madame Belloubet l’ait décidé en liaison étroite avec l’Élysée ? Une telle mobilisation policière sans que le ministère de l’Intérieur ne soit au courant et ait donné son feu vert ? Soyons sérieux.
Je ne pense pas m’avancer beaucoup en disant que la fameuse enquête préliminaire a déjà dû être fructueuse et que le parquet dispose d’un dossier bien étoffé. De la même façon, il me semble probable que la décision de l’ouverture de l’information judiciaire et la saisine d’un ou plusieurs juges d’instruction est déjà prise, et les magistrats instructeurs choisis. Lors du déclenchement de l’affaire Fillon par le Parquet national financier (PNF), tout le monde savait à l’avance, dans le monde judiciaire, qui serait le juge d’instruction désigné et que le candidat des Républicains serait immédiatement mis en examen.
La justice repose sur la défiance
Avec le grand cirque médiatico-judiciaire qui va se dérouler, le raid du 16 octobre va rapidement apparaître comme un léger hors-d’œuvre. Collection de convocations diverses et variées aux dirigeants et collaborateurs de la France insoumise – soit pour des mises en examen spectaculaires avec des qualifications sonores, de celles qui enjolivent les manchettes : « escroqueries en bande organisée, détournement de fonds publics en réunion, blanchiment de fraude fiscale », etc., soit pour des gardes à vue fatigantes dont les durées seront fonction des qualifications et pourront aller jusqu’à 96 heures… ; nouvelles perquisitions chez les mêmes, avec des écoutes téléphoniques tous azimuts ; la presse sera comme d’habitude scrupuleusement alimentée de copies partielles de procès-verbaux, de pièces de procédure de toute nature, de transcriptions trafiquées d’écoutes téléphoniques – il est d’ailleurs probable que les interlocuteurs privilégiés soient déjà choisis, l’officine Mediapart, fidèle et zélé petit télégraphiste du pouvoir étant bien sûr de la fête, et dans les médias la surenchère et l’effet de meute joueront à fond – ; et naturellement aussi, comme d’habitude, toutes les plaintes pour violation du secret de l’instruction (protégé, il faut le rappeler, par la loi), seront soigneusement rangées par le parquet avec les autres dans l’armoire prévue à cet effet. Rapidement couvertes de poussière, elles ne donneront jamais lieu à la moindre investigation.
Alors j’espère qu’à la France insoumise, on ne va plus entendre psalmodier l’incantation imbécile : « Il faut faire confiance à la Justice ! ». Tout le système judiciaire d’un pays démocratique repose sur la défiance qu’il faut avoir vis-à-vis de l’institution. Sinon, pourquoi avoir un avocat ? Pourquoi celui-ci doit-il disposer de prérogatives et de privilèges importants ? Pourquoi le double degré de juridiction, pourquoi la collégialité, pourquoi toutes ces règles de procédure ? Parce que l’on donne l’usage de la violence légitime de l’État à des hommes faillibles qu’il faut impérativement encadrer en rappelant qu’« ennemie jurée de l’arbitraire, la forme est la sœur jumelle de la liberté ».
Une affaire, une élection
Il y a ensuite l’autre incantation : « Mais puisqu’on n’a rien fait ! » Je partage depuis longtemps l’opinion du cardinal de Richelieu qui disait : « Donnez-moi deux lignes de la main d’un homme, et j’y trouverai de quoi suffire à sa condamnation. » Je sais bien qu’en France où l’on préfère l’ordre à la justice, prétendre que l’innocence ne protège de rien est blasphématoire, alors que c’est pourtant la réalité. Ce qui protège l’innocent, c’est le débat contradictoire dans le respect des règles et des principes fondamentaux, devant des juges impartiaux. On ajoutera que, dans les affaires politico-judiciaires, le risque est moins la sanction finale, si elle arrive un jour, que dans les mises en cause et le cirque médiatique qui les accompagne. Après son démarrage en fanfare, l’affaire Fillon a dormi paisiblement pendant près de deux ans. Les objectifs qui avaient justifié l’urgence initiale ayant été atteints avec l’élimination du candidat de droite. La particularité de ces affaires, et cela se vérifie à chaque fois, est que chaque emportement médiatique provoqué par des révélations opportunes issues des dossiers judiciaires est toujours directement corrélé à une actualité politique concernant les mis en cause.
Et c’est justement cette expérience de ce qui s’est produit pour Nicolas Sarkozy, François Fillon et Marine Le Pen, pour ne citer que les leaders politiques opposés au pouvoir de Hollande puis de Macron, qui permettent de faire ces prévisions. Mais il y a deux autres facteurs qui viennent nourrir ce diagnostic. Tout d’abord, Emmanuel Macron lui-même a délivré le verdict et annoncé à quelle sauce celui dont il avait dit qu’il n’était pas son ennemi va être dévoré. « L’autorité judiciaire est une autorité indépendante dans notre pays, et j’en suis le garant. Pour tout le monde. N’en déplaise à certains, il n’y a pas d’exception », a-t-il assuré. Invocation habituelle du mantra « indépendance » qui n’a aucun sens dès lors que l’on n’en fait pas uniquement le moyen de ce qui est essentiel à l’office du juge : l’impartialité. Le président de la République sait parfaitement à quoi s’en tenir : il dispose d’un haut appareil judiciaire qui n’a plus besoin de recevoir des ordres pour agir selon ses vœux. Il existe désormais des connivences sociologiques, politiques, professionnelles et idéologiques qui rendent en partie inutile la mise en place de courroies de transmission. C’est ici le deuxième facteur qui permet de prévoir ce qui va se passer. Dans la conduite des affaires politiques, les juridictions soi-disant spécialisées se sont transformées en juridictions d’exception, appuyées par les chambres d’instruction et validées par la Cour de cassation, utilisant des méthodes et mettant en place des jurisprudences qui portent directement atteinte à la liberté politique.
Quand la justice prend des libertés politiques
Arrêtons-nous sur les questions en cause dans les deux dossiers qui concernent Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise : les attachés parlementaires et les frais de campagne électorale. Les lois de 1988 et 1990, et les textes qui les ont complétées, ont mis en place un système de financement public de la vie politique dont les trois principes essentiels étaient : le financement par l’État en fonction des résultats électoraux, la limitation des dépenses pendant les campagnes électorales, le contrôle financier enfin exercé par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements de la vie politique (CNCCFP). Ce contrôle porte sur les recettes des partis, afin d’éviter les dons interdits, et sur les dépenses en période électorale. Le contrôle des dépenses, lui, ne doit porter que sur la réalité, afin de vérifier si celles-ci n’ont pas été minorées pour empêcher le dépassement du plafond avec toutes les conséquences désagréables qui en découlent. Mais la stratégie électorale est libre et la Commission nationale ne peut pas déterminer à la place du candidat ou du parti les dépenses qui étaient bonnes pour sa stratégie. Si un candidat pense que c’est bon pour son image de circuler en Ferrari, c’est son droit le plus strict. De même, s’il pense qu’il faut s’adresser à un grand traiteur plutôt que de demander à ses militants de passer chez Picard surgelés, c’est également sa liberté. À condition d’inscrire les factures correspondantes à leur prix réel dans le compte de campagne. Les magistrats du pôle financier ont trouvé une astuce pour contourner cette évidence. Comme l’État rembourse une partie des frais de campagne aux candidats qui ont atteint un pourcentage minimum, leur raisonnement consiste à dire que, du fait de ce versement de fonds publics, le juge a un droit de regard sur la nature des dépenses exposées. Il peut contrôler si elles étaient bien justifiées par la campagne, mais du point de vue du juge. Adieu donc la Ferrari, le traiteur Le Nôtre ou Fauchon et les rémunérations conséquentes éventuellement versées à la société de Madame Chikirou. Ou toute autre dépense qui aura l’heur de déplaire au président de la Commission nationale ou au juge d’instruction. Ils pourront ainsi les qualifier d’escroquerie, non pas vis-à-vis du candidat, des équipes de campagnes ou des militants mais vis-à-vis de l’État rembourseur. Adieu en fait, et par conséquent, à la liberté politique d’organiser votre campagne comme vous l’entendez, cette prérogative appartient désormais au juge.
Aucune surprise quand on voit de quelle façon la même Cour de cassation, suivant le pôle financier, a balancé par dessus les moulins les principes de liberté politique et de séparation des pouvoirs à propos des assistants parlementaires. Un certain nombre de moyens matériels sont mis à la disposition de celui qui a recueilli les suffrages nécessaires pour devenir représentant de la nation. Il n’a de compte à rendre sur l’exécution de son mandat qu’à ses électeurs. Le choix des assistants parlementaires l’organisation et la nature du travail qu’ils effectuent relèvent de sa liberté politique. Dans une affaire qui concernait le Sénat, et en justifiant indirectement le raid judiciaire contre François Fillon, la Cour de cassation vient de considérer que le juge avait un droit de regard sur l’organisation de leur travail par les parlementaires. C’est aussi ce qui s’est passé dans l’affaire Fillon et ce qui se passera, probablement, dans l’affaire Mélenchon. Nouvelles atteintes aux principes, par la grâce de la cour suprême, les députés de la république devront renoncer à la liberté d’exécuter leur mandat comme ils l’entendent, c’est désormais le juge qui imposera ses choix.
Il faut défendre Mélenchon
Cette volonté devenue évidente de la haute fonction publique judiciaire de s’abstraire des principes fondamentaux de la liberté politique et de la séparation des pouvoirs génère des dérives particulièrement inquiétantes. Inquiétude renforcée par le fait qu’aux procédures spectaculaires dirigées contre les représentants de l’opposition politique, s’ajoute une passivité troublante vis-à-vis des affaires concernant les entourages du pouvoir. Comment ne pas soupçonner que la gestion de ces dossiers puisse être conduite par des subjectivités politiques et idéologiques qui n’ont rien à y faire ?
Ce que nous rappelle l’agression médiatico-judiciaire dont sont l’objet aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon et son organisation politique, c’est bien l’existence de dérives dangereuses pour les libertés publiques. Alors quoi qu’on pense de Jean-Luc Mélenchon, il est nécessaire aujourd’hui de le défendre. « Quand nos libertés sont sous la grêle, fol qui fait le délicat. »
Régis de Castelnau – Avocat. Régis de Castelnau anime le blog « Vu du Droit » depuis 2012. En consacrant sa vie professionnelle d’abord au Droit social puis au Droit Public dont il fut un des premiers praticiens actifs au sein de la profession d’avocat. Il y ajouta une activité universitaire, doctrinale …
Oui, Me de Castelanu est un homme de droite. Et, oui, il publie même dans un organe sioniste, c’est d’ailleurs là qu’on l’a découvert. Bon. Et alors ? Alors, écoutez bien : si vous n’êtes pas prêts à aller chercher la vérité en enfer et jusque dans les mâchoires du diable, recouchez-vous et rendormez-vous les mecs, on fera sans vous.
Quid de Mélenchon ?
Pour l’avoir suivi depuis deux fois dix ans, en retenant notre souffle au début, notre opinion est faite : il n’y a rien à attendre du candidat Jean-Luc en ce qui concerne des lendemains qui ne déchanteraient pas.
Il n’est pas question de le lui reprocher ni de le considérer avec dédain, mais comme l’équation qu’il est : peut-il ou ne peut-il pas faire avancer le schmilblick ? La réponse, à notre avis, est « non ». Qu’il nous prouve s’il se peut notre erreur et nous serons les tout premiers à nous en réjouir sans réserve.
« Ce qui caractérise un révolutionnaire », disait John Cowper Powys, « c’est son tempérament, bien plus que ses idées. » Jean-Luc Mélenchon n’est pas un révolutionnaire. Mais on peut estimer que la réflexion vaut aussi pour « un homme », tout simplement. Rien n’empêche donc M. Mélenchon d’apporter, en tant qu’homme, sa pierre à l’édifice. Avec modestie. L’erreur serait, pour ceux qui le suivent, de se faire des illusions, et surtout, de tout bazarder en les perdant.
Nous persisterons à croire, nous, que les Français prouvent l’étendue de leur déréliction en ne suppliant pas, à genoux, le Dr Oberlin de poser sa candidature à la présidence de la République (pourvu qu’il ne le fasse pas ! on tient à sa vie) et en ne se débrouillant pas pour que soit confiée à des hommes comme Me de Castelnau la tâche herculéenne et délicate de réorganiser les affaires publiques, c’est-à-dire, peu ou prou les relations pratiques entre le Législatif et l’Exécutif, et la remise en ordre de leurs instruments du point de vue du Droit. Non seulement sur le papier, mais dans les faits.
Représentants : codification des tirelires
Henri Guillemin a fait remarquer un jour, et même souvent, qu’au sein de la Convention – celle qui a fondé la Première République – sur 750 représentants du peuple, il n’y avait qu’un seul ouvrier.
C’était normal. À l’époque, pour s’occuper des affaires publiques, il fallait non seulement avoir de la fortune mais encore l’employer à garantir le bien commun. C’était une règle implicite et ancienne. On peut citer à titre d’exemple, au XVIe siècle, les frères du Bellay (Guillaume, seigneur de Langey, et son frère Jean, évêque de Paris, puis cardinal) qui engloutirent leurs très considérables patrimoines au service de la France. Les mentalités, donc les choses, avaient changé en 1793, et il devenait urgent de faire accéder aux responsabilités publiques des hommes d’une autre extraction, qui, non seulement ne disposaient de rien en guise de « nerf de la guerre », mais perdaient leurs moyens de subsistance à chaque fois qu’ils devaient interrompre leur travail pour aller s’exprimer à « la tribune aux harangues ». C’est cette préoccupation qui devait pousser Robespierre à imaginer un moyen équitable de leur en donner la possibilité. D’où l’idée de rémunérer les représentants du peuple pour qu’ils puissent le servir. Solution qui connaît aujourd’hui les perverses dérives et instrumentalisations déplorées par Me de Castelnau.
Théroigne
Georges Ibrahim Abdallah mourra-t-il centenaire en prison ?
Depuis 1984, cinq présidents de la République – François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron – et, grosso modo 64 millions de Français, se sont couchés et se couchent devant le lobby israélien – état dans l’État en France – sauf quelques-uns, dont ceux qui suivent :
28 octobre 2018
Bilan de la semaine d’action internationale pour Georges Abdallah
Dans toute société, il y a un consensus autour des éléments sacrés qui forgent la mémoire nationale. Même si cela n’est pas formellement écrit dans la loi, l’on ne tournera pas de comédie autour du 11 septembre aux États-Unis, l’on ne tournera pas au ridicule l’Holocauste et ce pas uniquement à Tel Aviv, parce que ce sont des tragédies qui ont marqué les peuples, qui les soudent autour d’une même histoire. Parce que la conscience d’un peuple est faite de sang séché et de chairs brûlées. De cadavres qui ont permis de sauver le pays. De corps inertes sur lesquels les vivants s’appuient et sans lesquels ils tombent. En Russie, le blocus de Léningrad appartient à cette catégorie. Du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944, environ un million de personnes sont mortes et la plus grande partie d’entre elles de faim.
C’est dans ce « décor » que le nouveau réalisateur à la mode, Alexei Krassovsky, tourne une comédie noire mais légère pour le Nouvel An, qui se passe dans une famille « aisée » fêtant de manière gargantuesque le 31 décembre 1941, en petite robe légère, alors qu’il s’agit de l’hiver le plus froid, qu’il n’y a plus ni électricité ni chauffage. Une telle hargne du réalisateur face à l’histoire de son pays, cette manie de travestir la réalité en reprenant la propagande allemande et la participation d’acteurs connus obligent à s’interroger sur les déchirures de la société russe contemporaine, où une certaine « élite » postmoderne joue un rôle central dans la déstructuration du pays.
Nouvelles révélations sur les massacres de Sabra et Chatila
Seth Anziska– Orient XXI –26 .10.2018
Dans un livre sur la diplomatie américaine au Proche-Orient, le chercheur Seth Anziska revient sur les massacres de Sabra et Chatila (1982). Il apporte des éléments nouveaux sur l’implication du gouvernement israélien. Analyse de l’ouvrage et entretien avec l’auteur par Sylvain Cypel.
À l’automne 2012, à l’occasion des trente ans des massacres de Sabra et Chatila, le chercheur américain Seth Anziska publiait un article dans le New York Times sur la manière dont les dirigeants israéliens avaient, comme le déclarera le sous-secrétaire d’État Lawrence Eagleburger, « délibérément trompé » leurs interlocuteurs américains sur les massacres en cours dans les camps palestiniens dont ils avaient connaissance. L’article montrait aussi l’attitude peu courageuse que leur avait opposée l’administration Reagan, son ambassadeur itinérant au Proche-Orient Morris Draper au premier chef.
Pour ce faire, Anziska s’appuyait beaucoup sur des sources diplomatiques américaines. Aujourd’hui, il revient à la charge, et plus en profondeur. Dans un ouvrage intitulé Preventing Palestine : A Political History From Camp David to Oslo, une étude sur la diplomatie américaine au Proche-Orient pour la période qui va du premier accord de Camp David (1977) aux accords d’Oslo (1993)1, il consacre une vingtaine de pages aux massacres de Sabra et Chatila. Il a, cette fois, eu accès à de nouvelles sources, dont des documents classifiés des travaux de la célèbre commission Kahane qui, en Israël, avait évalué les responsabilités des dirigeants dans ces crimes2.
Cet article est consacré au pèlerinage annuel de ‘Arbaeen effectué en ce moment même par les chi’ites à Karbala, en Irak, où l’Imam Hussein, petit-fils chéri du Prophète de l’Islam vénéré par tous les musulmans, a été décapité avec les siens pour avoir refusé de faire allégeance au calife illégitime et despotique Yazid b. Mu’awiya, qui bafouait les valeurs islamiques. L’auteur y décrit le caractère spectaculaire de cette procession, qui culmine le 30 octobre 2018, dans laquelle des millions de personnes bravent chaque année la menace terroriste de Daech pour qui les chi’ites sont la cible de prédilection.
Les racines historiques et idéologiques de Daech, dont la barbarie frappe avant tout les musulmans et foule aux pieds les principes les plus élémentaires de l’Islam, se retrouvent déjà à Karbala, il y a quatorze siècles, lorsque l’armée d’un calife usurpateur a massacré la famille du Prophète tout en se revendiquant de l’Islam.
Ce n’est ni le Hajj musulman [pèlerinage à La Mecque], ni la Kumbh Mela hindoue. Désigné comme le « Arbaeen » [le quarantième jour], c’est le plus grand rassemblement au monde et vous n’en avez probablement jamais entendu parler ! Non seulement cette congrégation dépasse-t-elle le nombre de visiteurs à la Mecque (par un facteur de cinq, en fait), mais elle est encore plus importante que la Kumbh Mela, puisque cette dernière n’est commémorée que tous les trois ans. En bref, Arbaeen éclipse tous les autres rallyes de la planète, atteignant les vingt millions de participants l’an dernier. Cela représente une proportion impressionnante de 60% de toute la population d’Irak, et leur nombre est en augmentation année après année.
Procession des pèlerins en direction de Karbala
Surtout, Arbaeen est unique parce qu’il se déroule contre un arrière-fond de scènes géopolitiques chaotiques et dangereuses. Daech – alias « État islamique » – considère les chiites comme des ennemis mortels, si bien que rien n’exaspère le groupe terroriste plus que la vue des pèlerins chiites rassemblés pour leur plus grande démonstration de foi.
Il y a une autre particularité de Arbaeen. Bien que ce soit un exercice spirituel typiquement chiite, des sunnites, et même des chrétiens, des Yézidis, des Zoroastriens et des Sabéens prennent part à la fois au pèlerinage et au service des dévots. Cela est remarquable compte tenu de la nature exclusive des rituels religieux, et cela ne peut signifier qu’une chose : les peuples, indépendamment de leur couleur ou de leur croyance, considèrent Hussein comme un symbole universel de la liberté et de la compassion, sans frontières et méta-religieux.
Jeudi 25 octobre, quelques jours avant l’élection du candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro, la police a investi 27 universités, à la demande des tribunaux électoraux. Les forces de police étaient à la recherche de supposé matériel de propagande électorale illégale. À Rio, une juge a fait enlever une banderole du fronton du bâtiment de la faculté de droit de l’université fédérale Fluminense (UFF) sur laquelle était inscrit, autour du symbole antifasciste : « Droit Antifasciste ». À l’université de l’État de Rio, les agents électoraux ont retiré une banderole en hommage à Marielle Franco, un élue municipale de gauche assassinée en mars dernier (voir notre article). Dans le Paraíba, les agents du tribunal électoral se sont introduits dans l’université pour retirer une banderole où était simplement inscrit « moins d’armes, plus de livres ».
Les conférences et des débats prévus sur la dictature militaire et le fascisme ont été interdits. C’est le cas d’un débat public intitulé « Contre la fascisme, pour la démocratie », qui devait avoir lieu à l’université fédérale de Rio Grande do Sul (la région de Porto Alegre). Dimanche dernier, dans une allocution filmée diffusée pour ses supporters rassemblés à São Paulo, Jair Bolsonaro a annoncé « nous allons balayer ces bandits rouges du Brésil » par un « nettoyage jamais vu dans l’histoire de ce pays ». Il a précisé qu’il allait classer le Mouvements des paysans sans Terre (MST) et le Mouvement des travailleurs sans toit (MTST) comme des organisations terroristes.
La Faculté de droit de l’Universidade Federal Fluminense avant l’intervention policière
On adore cette nouvelle manière de répondre aux questions en les posant…
Libye : la Belgique a-t-elle financé des milices faisant du trafic d’êtres humains ?
RT France – 29 .10.2018
Des combattants alliés au gouvernement libyen internationalement reconnu se battant contre un groupe armé à Tripoli, le 22 septembre 2018
La Belgique est encore éclaboussée dans l’affaire des fonds gelés de la Libye. Selon des informations publiées par la RTBF, le royaume aurait contribué au financement de milices libyennes responsables de trafic d’êtres humains.
La rédaction de la Radio-Télévision belge francophone (RTBF) a mené l’enquête dans l’affaire des fonds gelés de feu Mouammar Kadhafi et rapporte que l’État belge aurait joué un rôle dans le financement de milices libyennes coupables de trafic d’êtres humains.
Selon les informations recueillies par le média public belge auprès d’une source « proche du milieu des agents secrets » sous couvert d’anonymat, les milices qui opèrent en Libye depuis la chute de Kadhafi en 2011 n’ont guère eu de difficultés à s’approvisionner en armements. « Certains pays les ont ouvertement armés mais ils ont trouvé l’armement par d’autres voies », déclare-t-elle.Elle évoque également « un ou deux scandales liés à des avions stoppés sur l’aéroport d’Ostende [Bruges, Belgique] avec des armes à l’intérieur ».
Trafics d’êtres humains
Pour rappel, après la mort du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en 2011, le Conseil de sécurité des Nations Unies a imposé le gel des actions et obligations libyennes.
En Belgique, les avoirs libyens devaient être gelés dans quatre banques : BNP Paribas-Fortis (43 millions), ING (376 millions), KBC (869 millions) et surtout Euroclear Bank (12,8 milliards). Pourtant, quelques années plus tard, selon la RTBF, il est apparu que les intérêts et dividendes n’avaient pas été gelés et que dès 2012, entre trois et cinq milliards d’euros d’intérêts et de dividendes avaient quitté des comptes belges, sans que l’on sache exactement ce qu’il est advenu de cet argent.
Il a fait une très mauvaise chute dans son appartement. Il est resté ainsi pendant des heures, peut-être même deux jours, jusqu’à ce qu’un de ses amis le trouve.
Il a été emmené à l’ICU. Aujourd’hui, il n’est plus dans un état critique mais il est encore confus, extrêmement faible et il ne peut plus bouger son bras droit.
Il est à l’hôpital depuis plus de deux semaines, maintenant, et il est impossible de dire combien de temps il devra y rester. Ce qui est sûr, c’est qu’il aura besoin d’une longue période de soins.
Comme vous pouvez vous en douter, il n’est pas couvert par la meilleure des assurances. Autrement dit, il a besoin de votre aide !
Si vous le souhaitez, vous pouvez la lui apporter en cliquant sur la mention ci-dessous.
Noam Chomsky : « J’ai rencontré Lula, le prisonnier politique le plus important au monde. Un “coup d’État soft” par voie d’élection au Brésil aura des conséquences planétaires. »
Ouf, nous y voilà. Non sans mal et avec de la faufilure qui traîne, en attendant mieux.
Par ailleurs, vu la nature de plus en plus glauque, voire sinistre, de l’actualité en général sans que rien permette d’y voir quoi que ce soit de nouveau, nous profitons de l’occasion pour avertir nos lecteurs de notre intention de donner désormais une importance accrue à la littérature et autres fariboles civilisées.
Certaines de nos explorations du monde des livres restées en rade depuis le début de l’année vont enfin leur tomber, comme le ciel des Gaulois, sur la tête. Ainsi que des commémorations, elles aussi en suspens et qui, du coup, risquent de se prolonger, au mépris des chronologies, jusqu’à la saint Glinglin.
Avec nos remerciements pour la compréhension de tous.
Puisque Aline de Diéguez est la marraine de ce blog, il n’est que juste que ce soit elle qui en essuie les plâtres. Voici enfin, avec les carabiniers, la deuxième partie de son étude sur la célèbre « déclaration Balfour » en même temps que sur le lord lui-même. En attendant les autres…
Les coulisses de la Déclaration Rothschild-Balfour (2)
Aline de Diéguez – 23 juin 2018
« Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre ». Baruch Spinoza
Où l’on découvre que le complot vient de loin et qu’une meute de loups s’est déguisée en agneaux pour entrer dans la bergerie.
Dépeçage de l’empire ottoman
En 1917, la Palestine, faisait toujours partie de l’empire ottoman. Ni Balfour, ni tel ou tel membre de la tribu Rothschild n’en étaient donc propriétaires. Le gouvernement anglais n’avait aucune légitimité à en disposer ni pour le présent, ni pour l’avenir.
La date de la lettre Rothschild-Balfour (2 novembre 1917) correspond à celle de la victoire de l’armée britannique contre les forces ottomanes à Gaza. Cette victoire, décisive pour la réalisation du projet sioniste, a été obtenue grâce à l’appui des troupes arabes du chérif Hussein, de la Mecque.
Cette « Déclaration » et ses conséquences ne sont intelligibles que dans le cadre de la géopolitique de la région. Nous sommes, en effet, dans une de ces périodes charnières qui déterminent l’avenir du monde. La première guerre mondiale bat son plein. L’Allemagne et son allié, l’empire ottoman qui avait été puissant et glorieux jusqu’à la fin du 17e siècle, sortiront en lambeaux de la confrontation avec les alliés occidentaux, la France, l’Angleterre et les Etats-Unis. La défaite des Allemands et des Ottomans ouvrait alors la boîte de Pandore du démantèlement de ce gigantesque ensemble de nations trop diverses pour survivre éternellement dans un ensemble politique cohérent.
En effet, l’empire ottoman a été le plus vaste qui ait jamais existé et il est miraculeux qu’il ait duré un peu plus de six cents ans (1299-1923). La Turquie, son centre, pratiquement tout le pourtour sud de la Méditerranée, de la péninsule arabique jusqu’à l’Afrique du Nord – le Maroc excepté – mais aussi une partie de l’Europe centrale de la Bulgarie à la Grèce en passant par les Balkans, sans compter l’actuelle Arménie, l’Azerbaidjan et les territoires kurdes étaient sous sa domination.
L’empire ottoman, ses acquisitions successives
On tue des femmes en Irak. Parce qu’elles sont des femmes ?
Le meurtre de Tara Fares marque une recrudescence des activités des P2OG-Mossad, pas de « l’extrémisme »
Jonathan Azaziah – FortRuss – 17 octobre 2018
Allons, nous serons francs. Si vous ne savez pas ce qu’est le Groupe d’Opérations Proactif Préemptif (en abrégé P2OG), vous n’avez AUCUN titre à vous mêler de proposer le moindre mot de commentaire sur l’Irak et sur ce qui est en train d’affecter son tissu social. Les meurtres récents de plusieurs irakiennes en vue marquent une recrudescence des activités du P2OG, de concert avec son partenaire, le Mossad de l’entité usurpatrice sioniste, pas de « l’extrémisme », comme le diagnostiquent à l’envi les médias archi-menteurs, archi-insidieux, archi-judaïsés du mainstream. La populaire modèle irako-libanaise et chrétienne Tara Faras, l’esthéticienne en vogue Rasha al-Hassan, la chirurgienne esthétique Rafeel al-Yassari et la militante féministe bien connue Suad al-Ali ont toutes été assassinées au cours des deux derniers mois, dans des circonstances excessivement mystérieuses.
En direct (ou presque) de Sochi
Poutine à son auditoire stupéfait : « ISIS a pris 700 otages en Syrie, y compris des citoyens US et UE »
Dans la vidéo qui suit, Alex Christoforou et son rédacteur en chef Alexander Mercouris, jettent un rapide coup d’oeil sur l’étonnante déclaration faite par Vladimir Poutine au Club de Réflexion de Valdai, qui se tient à Sochi, où le président russe a non seulement annoncé que 700 otages avaient été capturés en Syrie par des terroristes de l’État Islamique, mais aussi qu’il y a, parmi eux, des citoyens US et des Européens, et qu’ils sont exécutés à raison de dix par jour.
(En anglais malheureusement)
HEXAGONE
Dérives liberticides : quand c’est le tour de Mélenchon
Régis de Castelnau – Vu du droit – 18 octobre 2018
En ce mardi 16 octobre au matin, ayant appris l’annonce imminente du remaniement ministériel, nous étions palpitants, pleins d’impatience et d’espoir attendant les décisions jupitériennes. Une fois celles-ci tombées, vite un petit tour sur les réseaux, histoire de se détendre à la lecture souvent hilarante des commentaires, des parodies et des détournements saluant le nouvel épisode de la série : « Macron fait des trucs ». Avec l’arrivée de Christophe Castaner au poste de premier flic de France, les humoristes numériques disposaient d’une mine d’or, on en riait à l’avance.
Et là surprise, partout le visage de Jean-Luc Mélenchon tout ébouriffé, tout surpris et tout fâché. Par ce qui lui est tombé sur la figure à l’heure du laitier : une perquisition judiciaire en bonne et due forme. La violence légitime de l’État prenant la forme d’un cambriolage au réveil, où l’on rentre chez vous, dans votre intimité, pour tout fouiller, tout saisir, vous avez juste le temps d’enfiler un slip, et si vous voulez prendre une douche c’est en laissant la porte ouverte. Quand ça tombe sur Nicolas Sarkozy et son avocat, ça vous fait ricaner. Mais quand c’est à vous que ça arrive, croyez-moi ça fait vraiment tout drôle.
Dieudonné et le théâtre interdit
Venez soutenir Dieudonné face à la censure :
« Nous posons les scellés cet après-midi bien que nous ne soyons pas équipés pour cela, a indiqué l’édile. Nous sommes actuellement dans une histoire de fou, car j’ai des bruits différents de la part de la préfecture et du commissariat concernant la prise en charge de cette situation. C’est assez décourageant. ».
Jean-Pierre Schosteck, Élu maire de Châtillon
Le mercredi 3 octobre, les spectateurs venus à la dernière représentation du spectacle « L’émancipation » joué par Dieudonné au Théâtre de l’Ampoule à Châtillon, près de Paris, ont eu la surprise de découvrir un cordon d’environ 20 policiers leur barrant l’accès à l’entrée du théâtre. Le motif de ce déploiement policier exceptionnel ? Un hypothétique arrêté municipal faisant suite à la visite d’une « commission de sécurité » ayant jugé le bâtiment entier comme inapte à accueillir un public. Vous allez voir dans ce reportage de Vincent Lapierre comment, avec humour et un peu d’audace, Dieudonné va encore une fois parvenir à contourner la censure.
Toutes les représentations de Dieudonné prévues au Thêatre L’ampoule à Châtillon sont maintenues.
Dieudonné revient chez vous pour son nouveau spectacle En vérité !
Les USA en visite :
Le monde serait un meilleur endroit sans les riches
Sam Pizzigati – Jacobin – 17 octobre 2018
Ils rendent notre culture grossière, érodent notre avenir économique et affaiblissent notre démocratie. Les ultra-riches n’ont aucune valeur sociale.
Avons-nous besoin – le progrès exige-t-il – de grandes fortunes privées ?
Les grands défenseurs des grandes fortunes avancent régulièrement cet argument. La perspective de devenir phénoménalement riche, jurent-ils, donne aux gens de grand talent une puissante motivation pour faire de grandes choses. L’énorme richesse que ces êtres talentueux accumulent, poursuivent-ils, propulse la philanthropie vers l’avant et profite aux individus et aux institutions qui ont besoin d’un coup de pouce.
Même les riches oisifs, comme l’a un jour insisté le saint patron conservateur Frederick Hayek, ont un rôle socialement constructif à jouer. La richesse leur donne la liberté d’expérimenter ’de nouveaux styles de vie’, de nouveaux ’champs de pensée et d’opinion, de goûts et de croyances’. Les riches enrichissent notre culture.
Ces défenseurs ont tort. Les incroyablement riches n’ont pas de valeur sociale nette.
Leur présence rend notre culture plus grossière, érode notre avenir économique et affaiblit notre démocratie. Toute société qui cherche à attirer ces monstrueuses fortunes, qui font que certaines personnes sont décidément plus égales que d’autres, cherche des ennuis.
Mais les ennuis qu’engendrent les riches s’estompent souvent. La plupart d’entre nous passerons toute notre existence sans jamais entrer en contact avec une personne aux moyens énormes. Dans la précipitation quotidienne de nos vies compliquées, nous nous arrêtons rarement pour réfléchir comment nos vies pourraient changer sans un super-riche ne s’acharne sur nous. Alors, réfléchissons.