Le sommet trilatéral qui a réuni la Russie, l’Inde et la Chine, en marge du G20 de Buenos Aires, le 1er décembre, est un événement qui fera date dans la politique asiatique, à la fois sur le plan international et en matière de sécurité. La rencontre au format RIC a fait un grand bond en avant, quand les gouvernements des trois pays ont pris la décision de « tenir désormais de tels sommets trilatéraux lors des occasions multilatérales » – selon la déclaration d’un haut fonctionnaire du ministère indien des Affaires étrangères.
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que l’initiative est venue du président russe Vladimir Poutine et que le Premier ministre indien Narendra Modi et le président chinois Xi Jinping ont chaleureusement accepté, d’instinct, son idée. Les trois dirigeants ont ressenti profondément le contexte dans lequel la rencontre s’est déroulée.
Ils ont fait allusion aux impératifs de coopération et de coordination auxquels ont à faire face leurs pays respectifs, s’ils veulent relever les défis qui se posent à eux en matière de sécurité et de développement. Promouvoir un système multilatéral, la démocratisation de l’ordre international, la paix et la stabilité dans le monde, sont des priorités qui ont été par eux soulignées à de nombreuses reprises.
Il est significatif que les remarques du Premier ministre Modi aient été particulièrement emphatiques et spécifiques. Modi a noté que cette rencontre offrait « une occasion de discuter librement et ouvertement de certains points-clés qui sont sources de vives préoccupations sur le plan international ». À quoi il a ajouté :
Tant pis pour la trêve dans la guerre économique entre la Chine et les USA, ou pour une reprise boursière à Noël d’ailleurs.
Peu après qu’ait éclaté, le 1er décembre, la nouvelle de l’arrestation de Wanzhou Meng – également vice-présidente et fille du fondateur de Huawei – juste au moment où Trump et Xi dînaient ensemble à Buenos Aires, et l’annonce qu’elle risque d’être extradée vers les États-Unis suite à une enquête du Département de la Justice qui veut savoir si le géant des télécoms chinois a vendu du matériel à l’Iran au mépris des « sanctions » contre les exportations vers ce pays, la Chine a immédiatement déposé une plainte officielle et publié une déclaration via son ambassade au Canada, exigeant que les USA et leur voisin « mettent fin à leurs méfaits » et libèrent Meng ; les avertissant qu’elle allait « suivre de près le développement de cette affaire » et qu’elle prendrait « toutes les mesures » [qui s’imposent] pour protéger les droits légitimes et les intérêts des citoyens chinois.
Les pays qui abritent des systèmes US deviendront des cibles pour la Russie si les États-Unis quittent l’INF
État-Major de la Défense de Russie – TASS – 5.12.2018
« La déclaration de Donald Trump sur les intentions US de sortir du traité sur le contrôle des armes affectera négativement la stabilité stratégique mondiale, » a déclaré Valery Gerassimov.
« Les pays qui abritent des systèmes de missiles US deviendront des cibles pour la Russie si les USA cessent de respecter le traité INF (Intermediate-Range Nuclear Force) », a déclaré mercredi le Chef d’État-Major russe Valery Gerassimov, lors d’une séance d’information destinée aux attachés militaires.
L’Open Society Foundation de Soros a décidé de quitter la Turquie.
Le représentant de l’organisation a dit que son départ était dû au fait qu’elle a été récemment accusée de s’être mêlée affaires intérieures du pays. Il faisait allusion, bien entendu, aux propos tenus la semaine dernière par le président Erdogan, qui a accusé l’organisation d’avoir été activement mêlée à la tentative de révolution colorée du Parc Gezi en 2013, ce qui est comme chacun sait sa raison d’être.
Trop long, hélas, on n’a pas le temps de vous traduire…
Sachez seulement, si vous ne lisez pas l’anglais, que l’armée US, tout en réclamant de plus en plus d’argent à son gouvernement, donc aux contribuables, refuse obstinément de se soumettre à un « audit », c’est-à-dire à la moindre expertise comptable. « Continuez de cracher et ne demandez pas pourquoi ! » pourrait être sa devise.
L’auteur s’est livré à une enquête fouillée et il est loin d’être le seul. Des lanceurs d’alertes issus du sérail ont même, à diverses reprises, attaché le grelot. Pure peine perdue.
Exemples : Il a été impossible aux chercheurs de retrouver la moindre trace concrète de 21 milliards de dollars de dépenses du Pentagone entre 1998 et 2015… On parle d’une fraude grosso modo estimée à une centaine de milliards de dollars, et sans aucun moyen de rien vérifier, puisqu’ils rechignent à montrer leurs livres de comptes…
Dave Lindorff raconte comment ils s’y prennent.
The Pentagon’s Massive Accounting Fraud Exposed
Dave Lindorff – I.C.H. – 4.12.2018
How US military spending keeps rising even as the Pentagon flunks its audit.
December 04, 2018 « Information Clearing House » – On November 15, Ernst & Young and other private firms that were hired to audit the Pentagon announced that they could not complete the job. Congress had ordered an independent audit of the Department of Defense, the government’s largest discretionary cost center—the Pentagon receives 54 cents out of every dollar in federal appropriations—after the Pentagon failed for decades to audit itself. The firms concluded, however, that the DoD’s financial records were riddled with so many bookkeeping deficiencies, irregularities, and errors that a reliable audit was simply impossible.
Deputy Secretary of Defense Patrick Shanahan tried to put the best face on things, telling reporters, “We failed the audit, but we never expected to pass it.” Shanahan suggested that the DoD should get credit for attempting an audit, saying, “It was an audit on a $2.7 trillion organization, so the fact that we did the audit is substantial.” The truth, though, is that the DoD was dragged kicking and screaming to this audit by bipartisan frustration in Congress, and the result, had this been a major corporation, likely would have been a crashed stock.
Philippe Grasset – Réseau International – 8.12. 2018
Sommes-nous à la veille d’un coup d’État ? Si l’on était en d’autres temps où ce genre de choses étaient envisagés avec des éléments sérieux et probants comme en 1958 (13-Mai et opération Résurrection), en 1961 (putsch d’avril des généraux à Alger) et même en 1968 (Mai-68 et de Gaulle à Baden-Baden), ce serait une tragédie en cours de structuration ; dans notre temps qui cultive si intensément le goût des montages et du simulacre, ce pourrait être aussi une tragédie-bouffe de la sorte qui en est la marque. Le paradoxe bien malheureux quant aux circonstances de la journée de demain de cette flambée d’alarmes et d’urgences montée d’abord en simulacre paniquard, c’est que cela pourrait donner ou avoir donné des idées aux quelques groupes et individus à l’esprit lunatique et un peu dérangé, et enfiévré de diverses illusions de violence destructrice et révolutionnaire ; ceux-là qui comptent se manifester demain à leur façon et pourraient croire alors que le Grand Soir couronnera leur journée, et qu’ils pourront ainsi créer “leur propre réalité”.
Des arroseurs arrosés ou une vraie peau de banane ?
Comme nous le disions la semaine dernière, la vraie peau de banane est toujours à craindre. Mais il est toujours possible de la glisser sous les pieds de ceux qui l’ont semée. Il suffirait par exemple que « l’agitation » française s’étende au reste de l’Europe…
GILETS JAUNES : LÉGISLATIVES ANTICIPÉES OU ÉTATS GÉNÉRAUX ?
Anne-Sophie Chazaud – Vu du Droit – 29.11.2018
En dépit des rodomontades bravaches, postures managériales et autres affirmations de façade, il y a le feu à la maison LREM, assaillie de tous côtés par un peuple dont elle a cru pouvoir ne faire qu’une bouchée de pain (voire de brioche à 200 euros).
Il y a quand même des gens qui savent se servir de Photoshop !
Pourtant, certains élus ou représentants de la majorité continuent, n’ayant honte de rien, de venir pérorer sur les plateaux télé en raillant notamment la très grande hétérogénéité des revendications des gilets jaunes. Notons au passage la mauvaise foi du procédé puisque ce sont les mêmes qui, dans le même temps, tentent désespérément de réduire le mouvement de révolte actuel à la seule question des prix du carburant et de l’écologie, essayant ainsi de circonscrire l’incendie qui s’est pourtant déjà largement étendu à de nombreux autres sujets ayant trait au pouvoir d’achat, aux niveaux de revenus, mais aussi à des questions telles que la représentativité des élus, l’allocation des moyens de l’Etat etc.
Encore une fois, ces faquins infatués d’eux-mêmes ne comprennent rien, quand ils ne feignent pas de ne rien comprendre, ce qui dans les deux cas n’est pas admissible et représente une lourde faute politique.
Les piapias sur « la violence des manifestants » ont inspiré ceci à Salim Lamrani :
La violence ?
Oui, la violence de la misère,
la violence de la pauvreté,
la violence de l’arbitraire,
la violence des inégalités,
la violence de l’arrogance,
la violence des puissants,
la violence de l’indifférence,
la violence des possédants,
la violence de l’hypocrisie,
la violence de classe,
la violence du mépris,
la violence de la menace,
la violence de l’humiliation,
la violence de l’injustice,
la violence de la déraison,
la violence de l’avarice.
Cette violence tenace et vile
qui frappe la plèbe, les écrasés,
les gueux, les indociles
les riens, les affamés.
Salim Lamrani
On souscrit.
AUX URGENCES
V.
Palestine : Publiez la base de données des Nations Unies sur les entreprises impliquées dans la colonisation !
Dans une lettre ouverte adressée au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, 100 organisations, dont l‘Association belgo-palestinienne, le CNCD-11.11.11 et plusieurs autres ONG belges, demandent la publication immédiate d’une base de données des Nations Unies des entreprises actives dans les colonies israéliennes.
Les colonies israéliennes sont des crimes de guerre au regard du droit international et rendent impossible un développement socioéconomique durable dans le territoire palestinien occupé.
Malgré cela, de nombreuses banques et entreprises privées fournissent encore la base financière nécessaire au maintien et à l’expansion de l’économie des colonies israéliennes. C’est pour cette raison que les Nations unies travaillent depuis 2016 sur une base de données des entreprises actives dans la colonisation israélienne.
Et pourquoi n’a-t-on pas vu passer cette pétition ?
Un appel européen contre l’Eurovision en Israël
The Guardian – 22.10.2018
Eurovision, ne blanchissez pas l’occupation et les violations des droits humains par IsraëlEurovision, ne blanchissez pas l’occupation et les violations des droits humains par Israël
Nous, soussignés, artistes d’Europe et d’ailleurs, soutenons le vibrant appel des artistes palestiniens à boycotter le Concours de l’Eurovision 2019 qui doit être accueilli par Israël.
Le 13 mai 2018, Israël remportait le concours Eurovision de la chanson, gagnant dans la foulée le droit d’organiser la prochaine édition de la compétition en 2019. Deux jours plus tard, c’est à un spectacle nettement plus funeste que le monde entier fut forcé d’assister. 55 palestiniens de Gaza, parmi lesquels huit enfants, qui manifestaient pour le droit au retour et la levée du blocus du territoire que subit Gaza ont été tués à la frontière par les tireurs d’élite de l’armée israélienne, tandis que des centaines d’autres ont été blessés. Amnesty International a condamné à cette occasion la politique israélienne de « tirer-pour-tuer-ou-mutiler », tandis que Human Rights Watch a parlé de meurtres « illégaux et calculés ».
La répression de la « marche du retour » ne représente qu’un exemple des nombreuses violations du droit international et humanitaire commises par Israël depuis des décennies: occupation illégale, déplacements forcés de population, politique d’enfermements massifs (y compris à l’encontre de mineurs), accaparement des ressources dans les territoires occupés… Dans cette perspective, l’organisation de l’Eurovision à Tel-Aviv représentera une occasion en or pour Israël de polir son image et détourner l’attention de ses crimes.
Feu Henri Guillemin se rendit jadis impopulaire dans certains coins de « la gauche » en prétendant que la Commune n’avait pas été l’héroïque improvisation spontanée que nous avons accoutumé de voir en elle, mais volonté délibérée de la bourgeoisie au pouvoir de se donner l’occasion et les moyens d’en finir ouvertement avec le peuple de Paris, si redouté depuis un siècle (un siècle d’alors).
Il ne faisait que récidiver, car n’avait-il pas prétendu déjà que, le 14 juillet 1789, ce même peuple de Paris n’avait fait que se laisser naïvement manipuler par la nouvelle classe en pleine irrésistible ascension, qui l’avait jeté – déjà chair à canon ignorante de sa future vocation – sur les dépôts d’armes de l’aristocratie, dont elle voulait s’emparer, se promettant bien de faire rentrer plus tard à la niche sa meute d’innocents chiens de chasse.
Il prétendait donc que cette bourgeoisie, celle qui ferait 70 ans plus tard et pour les mêmes raisons « le choix de la défaite » (voir Mme Lacroix-Riz), l’avait délibérément attiré, ce peuple, dans le piège préparé à son intention.
Il faut aller lire et/ou écouter ce qu’il disait du triplement (?) d’un seul coup des loyers dans les quartiers les plus pauvres de Paris et autres machiavéliennes provocations, pour que ce peuple désarmé au point de n’avoir pas de quoi manger, fût obligé de se soulever violemment.
Que font les petits rats du Pr. Laborit, quand ils sont le dos au mur, et que tous les murs – en haut, en bas, à droite, à gauche, devant et derrière, leur envoient dès qu’ils les touchent des décharges électriques insupportables ? Ils deviennent fous, se grimpent dessus, se mordent les uns les autres. La grandeur de la Commune, c’est qu’arrivée à ce stade, elle n’a pas jeté par-dessus bord son « égalité » ni sa « fraternité ». Au contraire. En cela, elle reste un modèle pour tous et pour tous les temps futurs. Mais il ne faudrait pas perdre de vue, en lui rendant son dû, ce qui, froidement, malignement, délibérément, l’avait acculée là.
Qui est peut-être aujourd’hui en train de se répéter.
Pour faire comprendre ce que nous voulons dire, faisons-nous aider par un petit article récent, publié sur Atlantico
[nous ne les connaissons pas ; on nous dit qu’ils sont plutôt de droite et admirateurs de Michel Onfray – pléonasme -, ce qui prouve qu’ils ne sont pas aussi lucides qu’ils le pensent, mais n’importe…]
Le voici (il faut cliquer sur l’image pour ouvrir le pdf) :
Qui que soient les rédacteurs d’Atlantico, ce qu’ils disent ici des Black Blocs et de la police est exact. Les Black Blocs et autres « casseurs » n’existent que parce qu’ils sont utiles aux « gens de biens » au pouvoir. Certains le sachant, d’autres – les plus jeunes, les petits nouveaux, les naïfs – l’ignorant, mais tous concourant à la même fin : l’écrasement du prolétariat. [Le mot vient de la Rome Antique et, pour autant que nous le sachions, c’est Marat qui l’a relevé pour la première fois.]
Il en a été ainsi depuis que l’oligarchie étrusque, pour couper l’herbe sous le pied à la plèbe d’un empire en plein effondrement, s’est servie des aspirations et des mouvements les plus spontanés de « la canaille », comme on dira plus tard, de Rome, où, sans doute, les Hébreux jouaient déjà leur rôle immémorial d’agitateurs souvent révolutionnaires, pour lui balancer dans les gencives un Nouveau Testament que l’innocente a cru sorti du bleu ou, qui sait, de Bethléem, Jérusalem ou autres lieux. (L’opposition schizophrénique des Évangiles et de vingt siècles de réalités ne peut avoir d’autre origine.)
FAITES BIEN GAFFE, AMIS GILETS !
Apprenez à identifier correctement vos ennemis, et, une fois identifiés, à les bien connaître. Ne les sous-estimez jamais. Et ne perdez jamais de vue qu’ils ont des siècles d’avance sur vous, des moyens dont vous ne pouvez même pas rêver, pas l’ombre d’un scrupule et beaucoup, beaucoup, beaucoup à perdre.
Ne faites pas ce qu’ils attendent de vous !
Ne vous focalisez pas trop et même pas du tout sur le pâle Micron, qui n’est rien par lui-même, qui n’est que l’appeau du chasseur, le hochet qu’on vous agite sous le nez pour vous faire trébucher.
Posez-vous (qu’est-ce que vous risquez ?) la question toute bête : Et si la bourgeoisie – de Thermidor, de 1830, de 1848, de 1871, de 1914 (de 1917 !), de 1940, celle qui vous a si bien entubés en 1968 – celle qui n’a jamais cessé d’être aux commandes, avait décidé d’en finir une fois pour toutes avec les plèbes d’Europe, en commençant par celle de France ? Avait décidé de se débarrasser de ce qui est encore, si peu que ce soit, capable de lui résister ? S’était dit que le moment est venu de faire tomber, à l’aune du continent, une chape de plomb – de celles qui durent : à la Franco, à la Salazar, à la Pinochet et on en passe (laissez Hitler et Mussolini out, ces naïfs qui se sont cru libres de faire ce qu’ils voulaient et se sont fait battre).
Comment croyez-vous qu’elle s’y prendrait ? Alors que ses tours lui ont si bien réussi les autres fois ? Alors qu’elle a tous les moyens qu’elle veut de vous mettre hors de vous et de vous faire foncer les yeux fermés sur ses trous remplis d’épieux pointus ?
Pourquoi ne pas lui jouer le tour, qu’elle n’attend pas, de vous asseoir en rond quelques heures, quelques jours, et passer en revue, de sang-froid, les tenants et les aboutissants, les pour et les contre, les apparences et les réalités ? Les « et si c’était un piège, qu’est-ce qu’il faudrait faire pour le retourner contre son inventeur » ?
Nous, ce qu’on en dit… on n’est pas à votre place – trop près de la mort pour ça – mais ça nous ferait mal au ventre de vous voir rouler une fois de plus. Soyez prudents, circonspects, retors…
On ne perd jamais son temps à écouter Henri Guillemin, à méditer ce qu’il dit…
HMS Cardiff, conduisant la flotte allemande rendue, 21 novembre 1918
ARMISTICE
« 11 novembre 1918 »
II/VI.
La mère de tous les leurres
Maréchal, nous voilà !
Le 15 novembre dernier, M. Charles Sannat a publié, sur Insolentiae, une historique vidéo qu’il estimait exemplaire. S’il voulait parler d’une métaphore graphique de l’union du sabre et du goupillon, elle est exemplaire en effet. Nous nous sommes, pour cette raison, abstenus de la reprendre, ne souhaitant pas nous joindre à ce genre de célébration. La voici quand même, finalement, comme pièce à verser au dossier « Pétain » :
Commémoration du cinquantième anniversaire de la bataille de Verdun, les 28 et 29 mai 1966.
Car, dans son allocution, le général de Gaulle y fait l’éloge du maréchal, dont il sépare les « hauts faits » de 14-18 de la trahison de 1940.
Qu’il l’ait fait en toute sincérité ou pour ne pas remuer trop la vase, peu importe. D’autres se sont depuis, et surtout récemment, portés en faux contre cette réputation du soldat de la Grande Guerre, qu’ils estiment usurpée.
Le 9 novembre dernier, c’est Me de Castelnau qui, sur Vu du Droit, y est allé de son réquisitoire. Et il faut dire qu’il avait de bonnes raisons de le faire :
Général Édouard de Castelnau : comme un anti-Pétain
Régis de Castelnau – Vu du Droit – 9.11. 2018
« Parlons de moi, il n’y a que ça qui m’intéresse » disait Pierre Desproges. Cette citation me revient à l’esprit à ce moment où s’achève la commémoration du centenaire de la Très Grande Guerre.
Je mesure dans l’agitation qui accompagne cette marche vers le 11 novembre à quel point ce que nous vivons depuis maintenant un peu plus de quatre ans, me touche bien au-delà de ce que j’aurais imaginé. Cela entre en résonance de façon parfois douloureuse, toujours émouvante avec ce qui relève de l’intime, de l’enfance, de l’éducation et du rapport à la France.
Je m’en suis expliqué et l’on trouvera ci-dessous les liens qui renvoient aux articles où je l’ai fait. Et à l’approche de ce 11 novembre 2018 qui allait clôturer ces quatre années de commémoration, je n’éprouvais pas l’envie ni le besoin d’intervenir à nouveau. Considérant que la façon dont ces commémorations étaient conduites était peut-être discutable -comment pouvait-elle ne pas l’être- mais que cela ne justifiait pas de participer à des débats ou des polémiques aussi justifiées soient-elles pour certaines. Pour ma part la conviction de l’importance de la place de la tragédie dans la mémoire de notre peuple, me rassure sur les ressources de celui-ci. Et c’est là l’essentiel.
Mais il se trouve que l’actualité immédiate produit divers télescopages par lesquels la dimension et le vécu familial reviennent au premier plan. Emmanuel Macron, avec cette capacité presque grandiose à être systématiquement à côté de la plaque, a déclenché une réaction contre lui en forme de tsunami et transformé son itinérance mémorielle en chemin de croix. Faisant référence au « grand soldat » il a rendu au militaire Philippe Pétain un hommage du type de ceux de ses prédécesseurs. Il a ramassé la foudre, et pour plusieurs raisons. Tout d’abord sa parole de chef de l’État est complètement disqualifiée, et sa faiblesse politique et son narcissisme l’empêchent de sortir de la nasse. Il pourrait dire : « Il fait jour à midi » que ce serait aussitôt une tempête qui lui répondrait : « non il fait nuit, à cause des heures sombres ». Ensuite, le problème Pétain est insoluble, car le séparer en deux parties comme l’avait fait Charles De Gaulle, est aujourd’hui impossible. Sa place dans la mémoire collective est désormais d’abord et avant tout celle de ce qu’il est, un traître antisémite.
Pour ma part Philippe Pétain est « la triste enveloppe d’une gloire passée portée sur le pavois de la défaite pour endosser la capitulation et tromper le peuple stupéfait » (Charles De Gaulle, 18 juin 1941). Il est ensuite et aussi le traître qui fera délibérément le choix de l’ennemi y compris dans ses aspects les plus ignobles. Il n’y a qu’un tarif pour cette trahison, un poteau dans les fossés de Vincennes et 12 balles, fussent-elles symboliques comme ce sera le cas pour lui. Mais la question de ses mérites militaires dans la première guerre mondiale relève aujourd’hui du débat et de la recherche historique. Emmanuel Macron aurait dû, éviter de se prendre pour de Gaulle et ne pas s’en mêler, mais nous savons maintenant d’expérience qu’il ne comprend pas grand-chose.
Et enfin, nous vous avions promis de revenir sur le « Colloque Henri Guillemin » qui en a traité. Le voici, avec les carabiniers, grands habitués de ce blog
Un colloque
intitulé
Pétain, montée du fascisme, débâcle de 40, collaboration
s’est tenu à Paris, à l’École Normale Supérieure, salle Dussane, 45, rue d’Ulm, le 17 novembre dernier, organisé par
Les amis d’Henri Guillemin
Nous n’y étions pas, mais nous en avons eu des échos.
Comme les précédents, il a été très suivi par un auditoire attentif. Ce que nous pouvons faire de loin, c’est :
1/ Vous annoncer que le colloque a été entièrement filmé et que les vidéos de chacune des interventions paraîtront prochainement sur le site de l’association http://www.henriguillemin.org/ [les abonnés en seront avertis par lettre].
2/ Vous en dévoiler le programme, ainsi que le nom de ceux qui ont eu, lors de cette rencontre, quelque chose à dire sur le Maréchal et son rôle dans l’histoire de France :
« 1939-1940 dans la vie et dans l’oeuvre d’Henri Guillemin ».
par Patrick Berthier, ancien élève de l’ENS, agrégé ès lettres, docteur d’État, co-fondateur de LAHG.
Projection du film de Jean Chérasse: « La prise du pouvoir par Philippe Pétain ». Résumé du film. Montage de 30 minutes.
Film, rappelons-le, toujours interdit de projection sur les chaînes nationales.
« La prise du pouvoir par Pétain serait-elle fortuite ? Un décodage à travers le témoignage du Général J.H. Jauneaud ».
par le même Jean Chérasse, ancien élève de l’ENS, agrégé d’Histoire, ancien élève de l’IDHEC, réalisateur, scénariste et producteur.
Jean Chérasse regrette fort de n’avoir pas connu, au moment de faire son film, le « témoignage Jauneaud », qui est, dit-il, « un pavé dans la mare du dossier Pétain ».
« Le testament de ce général d’aviation, qui fut le collaborateur technique de Pierre Cot et de Jean Moulin, apporte les preuves de l’incurie sinon de la trahison de l’armée de l’air française le 10 mai 1940… Je n’ai pris connaissance de ce témoignage qu’après avoir réalisé mon film et je le regrette car cet élément aurait pesé lourd dans la balance alors que je laisse le doute subsister dans ma conclusion… »
« Mais La prise du pouvoir par Philippe Pétain, qui est construit comme un autre film que j’ai initié et produit pour l’ORTF (La prise du pouvoir par Louis XIV) est un réquisitoire factuel implacable qui fait bien comprendre pourquoi un jeune rural de quinze ans, horrifié par les récits du Paris communeux aux mains des « partageux », a profité de l’ascenseur social de la guerre pour se trouver au bon endroit à Verdun où il organise « la voie sacrée » afin de ravitailler les combattants en vivres et en munitions, pour devenir un chef populaire et, sa longévité aidant, glisser progressivement vers le pouvoir politique réactionnaire qu’il atteindra vingt-quatre ans après avoir vu défiler devant Vaux et Douaumont, la quasi intégralité des poilus.
L’odyssée du paysan de Cauchy-à-la-Tour fait partie de la saga des « hommes providentiels », qui défraient l’histoire lorsque l’on soulève ses haillons hideux.
On me propose de rééditer le DVD de mon film ; pourquoi pas ? Mais, il n’a pas la force iconoclaste de Dreyfus ou l’intolérable vérité* car mon acte d’accusation ne comporte pas (ou peu) de volet économique et financier.
__________
* Réalisé en collaboration avec Henri Guillemin
« Deux instituteurs cathodiques hétérogènes : Henri Guillemin, Alain Decaux ». par Antoine Perraud, journaliste, écrivain, critique littéraire, ancien grand reporter, documentariste, producteur d’émission TV et radio.
« Pétain/Papon – les combats de Guillemin et de Boulanger ». par Patrick Rödel, ancien élève de l’ENS, agrégé de philosophie, co-fondateur de LAHG.
« Que faire de la France après la victoire du Reich ? Les plans nazis pour une reconfiguration économique du Westraum (1940-1944) » par David Gallo, Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure (Lyon), Agrégé et docteur en histoire, chercheur post-doctorant rattaché à l’Equipe Histoire et historiographie de la Shoah (CRH/EHESS)
« Causes, conditions et objectifs du choix de la défaite de 40 ». par Annie Lacroix-Riz, historienne, ancienne élève de l’ENS, agrégée d’histoire, docteur d’Etat, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris VII-Denis Diderot.
Copieux programme, qui a été suivi de deux heures d’échanges avec le public.
LES ACTES DU COLLOQUE SERONT PUBLIÉS AU COURS DU PREMIER SEMESTRE 2019 PAR UTOVIE, CO-FONDATEUR DE LAHG, ÉDITEUR EXCLUSIF DE L’ŒUVRE D’HENRI GUILLEMIN.
Ajoutons que, dans la perspective du colloque, l’Association a très judicieusement remis en ligne les douze conférences d’Henri Guilleminconsacrées au Maréchal et à ces événements cruciaux.
Je vous prie d’apporter la plus grande attention à cette situation, et, notamment, de regarder la vidéo faite par la Librairie Tropiques avec la participation de Comaguer.
Dans le cadre du Comité comprendre et agir contre la guerre, J’ai eu l’occasion de rencontrer Benoît Quennedey à Paris il y a quelques années ; c’est un militant pour la paix entre les peuples, digne de toute notre solidarité.
J’espère que nous serons nombreux à rejoindre le Comité Quennedey, pour la liberté d’expression et l’amitié entre les peuples,
Marie-Ange
COMAGUER AVAIT ACCUEILLI BENOIT QUENNEDEY SUR LES ONDES DE RADIO GALERE LE 14.12.2016 DANS SON DOSSIER CORÉE
CRÉATION DU COMITÉ QUENNEDEY
Benoît Quennedey,
administrateur au Sénat (dans le service chargé de l’architecture, du patrimoine et des jardins) et président de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC), est depuis le dimanche 25 novembre 2018 placé en garde à vue, laquelle peut être prolongée jusqu’au jeudi 29 novembre au soir.
Il a été arrêté à son domicile, à Paris, au motif de « recueil et livraison d’informations à une puissance étrangère, susceptibles de porter atteinte aux intérêts de la Nation ».
Ces charges sont invraisemblables et extravagantesau vu du commanditaire présumé (depuis quand la Corée nous menace-t-elle et de quoi ?) comme des informations dont Benoît Quennedey pourrait être détenteur et pourrait délivrer dans l’exercice de sa mission au Sénat.
Le caractère peu plausible, voire fantaisiste de cette action publique, nous fait redouter qu’il ne s’agisse d’une réintroduction du délit d’opinion en France, destinée à frapper les esprits libres et discordants d’avec la propagande du pouvoir politique.
Il est donc essentiel et urgent de se mobiliser
pour la préservation des libertés démocratiques.
Benoît Quennedey a toujours milité pour l’amitié entre les peuples, à commencer par l’amitié entre coréens et entre les peuples français et coréen.
L’association qu’il préside a été fondée en 1969 dans cette optique et, malgré sa longue histoire, et pas plus qu’aucune autre association française de cette nature, n’a jamais été l’objet de ce type de soupçon a fortiori de ce type d’action policière.
Dans son dernier ouvrage, « La Corée du Nord cette inconnue » (éditions Delga, 2017), Benoît Quennedey met toutes ses compétences à apporter des informations sur la Corée du Nord, non confidentielles mais peu répercutées par les grands médias, et pourtant fort utiles à la compréhension mutuelle entre les peuples et à la préservation de la paix.
Toutes les personnes intéressées à participer d’une manière ou d’une autre au Comité de Soutien à Benoît Quennedey sont invitées à nous envoyer un courriel à l’adresse :
pour s’y inscrire, sans oublier de donner leurs noms, éventuellement associations ou organisations et qualités.
La liste des soutiens sera publiée.
Un point presse se tiendra vendredi 30 novembre à 20h30 à la librairie Tropiques, 63 rue Raymond Losserand 75014 Paris
Nous tenant à votre disposition pour plus d’informations,
le porte-parole du comité, avec le soutien de l’Association d’amitié franco-coréenne,
Aymeric Monville (directeur des éditions Delga, éditeur de Benoît Quennedey)
On est en retard pour vous annoncer tout ça. Pas leur faute : la nôtre !
L’Occident lâche Julian Assange
Stefania Maurizi – Consortium News – 6.11.2018
Alors que les médias se sont concentrés sur le chat de Julian Assange plutôt que sur sa détention arbitraire, les preuves montrent que la Grande-Bretagne a travaillé dur pour forcer son extradition vers la Suède, d’où Assange craignait d’être ensuite renvoyé aux États-Unis, comme l’explique Stefania Maurizi.
Commençons par le chat. Vous n’auriez jamais pensé qu’un de ces félins bien-aimés jouerait un rôle crucial dans l’affaire Julian Assange, n’est-ce pas ?
Et pourtant, regardez les dernières nouvelles parues dans la presse. Les gros titres des médias grand public ne parlaient pas d’un homme confiné dans un minuscule bâtiment au cœur de l’Europe depuis six ans, sans savoir quand cela se terminerait, mais plutôt d’ordres de Quito pour nourrir son chat. Voilà un homme qui risque sérieusement d’être arrêté par les autorités britanniques, extradé vers les États-Unis et poursuivi pour ses publications. Un homme qui a été coupé de tout contact humain, à l’exception de ses avocats, et dont la santé se dégrade sérieusement en raison d’un confinement prolongé sans même une heure à l’extérieur. Compte tenu de ce cadre, n’y avait-il rien de plus sérieux à couvrir que le chat ?
Mais il y a une histoire à raconter derrière le chat d’Assange. Une des dernières fois que j’ai été autorisée à rendre visite à Julian Assange à l’ambassade de l’Équateur à Londres, avant que le gouvernement actuel de Lenin Moreno ne coupe tous ses contacts sociaux et professionnels, j’ai demandé au fondateur de WikiLeaks si son chat avait déjà essayé de s’échapper de l’ambassade puisque, contrairement à son compagnon humain, il peut facilement s’échapper du bâtiment sans risque d’être arrêté par Scotland Yard.
En Mars j’ai été attaqué en justice par Gideon Falter, le président de l’organisation Campaign Against Anti Semitism (CAA), pour avoir suggéré que « l’Antisémitisme est un fonds de commerce » [business plan]. Comme CAA l’a expliqué l’objectif de sa poursuite judiciaire est de me faire taire et de briser ma carrière. Le site de Campaign Against Anti Semitism affirme que le célèbre avocat des médias Mark Lewis a «mis en place une stratégie pour conduire des actions en diffamation, que lui et Campaign Against Antisemitism ont commencées, pour forcer les antisémites à s’excuser devant un tribunal, ou à payer des dommages substantiels ». Comme CAA s’en vante dans sa vidéo de propagande « Nous faisons en sorte que les antisémites répondent de leurs crimes, et en assument les conséquences dans leur vie professionnelle et leur réputation ».
Bien évidemment, cette plainte en diffamation n’a pas réussi à me faire taire. Je demeure au moins aussi prolifique et engagé que je l’ai toujours été. Je continue de me produire et de donner des conférences partout dans le monde. Je continue de publier quotidiennement mes écrits. En fait, Mark Lewis, l’homme qui a ‘mis en place la stratégie’ destinée à me faire taire, se défend maintenant lui-même devant un tribunal disciplinaire pour avoir diffusé « des propos offensants et blasphématoires » [*]. Au lieu de porter atteinte à ma carrière, Mark Lewis a quitté son cabinait juridique (Seddons) et déménagé en Israël.
Pas oublier que Le Canard Enchaîné, aussi pressetitué que les autres, touche de l’État 557.081 € par an de « compensation tarif postal » avouée non vérifiable, pour, entre autres choses, débarrasser les genszaupouvoir des candidats aux postes qui pourraient les gêner.
Histoire de l’attentat contre Mélenchon
Jacques-Marie BOURGET, Bérenger TOURNE – Le Grand Soir – 22.11.2018
Multiples descentes de police, perquisitions à la pelle : le système politico-judiciaire a voulu faire la peau de Mélenchon, le chef des « Insoumis ». Avec le recul, la manoeuvre apparait plus clairement que dans l’instantané des coups de gueule. (Jacques-Marie Bourget est journaliste, Bérenger Tourné est avocat au barreau de Paris, s’ils sont insoumis ce n’est pas pour avoir adhéré à un parti, mais par philosophie).
Dix-sept lieux perquisitionnés simultanément, soixante-dix policiers mobilisés et un quarteron de magistrats pour les accompagner : Jean-Luc Mélenchon et ses Insoumis ont été traités en djihadistes. JLM hurle à la forfaiture, se montre violent, pas assez mais incompréhensible. Et le flot sorti des robinets à mensonges, ceux des médias qui se rêvent dominants, le noient, le moquent, le ridiculisent, l’invectivent. Jusqu’au Canard Enchainé qui, ceci étant dit en passant, détient 128 millions de provision sur ses comptes, crie « au voleur ». Dans le couloir de la mort sont placés les Insoumis. La cible de l’hebdomadaire du mercredi est le député de ce mouvement, Alexis Corbière.
Cet incroyable bandit a bénéficié, complétement légalement d’une « aide au logement ». Pas du tout réservée « aux plus modestes », comme va le klaxonner BFM and C°, mais distribuée en fonction des revenus déclarés. Comme, à l’heure de sa demande, Corbière est un modeste prof et sa femme une avocate sans assez de causes, qu’ils ont trois enfants, la feuille d’imposition n’est pas trop lourde. Les Corbière ont donc bénéficié d’une aide de 12 076 euros pour faire des travaux d’isolation et de lutte contre l’incendie. Tout cela n’est pas extravagant, c’est légal. Mais ça alerte les lanceurs d’alerte du Canard. En janvier 72, à une toute autre échelle mais en appliquant la même méthode, l’hebdomadaire a ainsi détruit la carrière politique de Chaban-Delmas par un dossier « d’avoir fiscal », tout aussi conforme à la loi que l’aide de Corbière. Ce sont ici les choix politiques du Canard, mais observons avec un sourire le synchronisme étrange entre un raid de justice et la publication d’une saloperie vraie dans l’hebdomadaire.
« Le despotisme et la tyrannie sont une forme de folie, officialisée, une fureur habilement disculpée et camouflée derrière l’apparence d’une certaine « raison » qui se veut morale et édifiante. »
« Le mépris des hommes est fréquent chez les politiques, mais confidentiel. Ce n’est pas seulement à l’époque de Stendhal que la société réelle contraint l’individualiste pur à l’hypocrisie dès qu’il veut agir. » Malraux, Le Temps du mépris, 1935.
Quitte à infliger un démenti à Malraux, je m’inscrirais volontiers en faux contre cet avis qui témoigne sans doute de la pratique politique de l’entre-deux-guerres, où l’on ménageait la chèvre et le chou et où un Léom Blum, esthète auteur d’études sur « Stendhal et le beylisme », feignait d’être un homme du peuple, mais qui est absolument inadéquat à l’analyse de la politique contemporaine. Le mépris désormais s’étale, il est le cœur du réacteur politique — au sens général de la vie dans la cité comme au sens restreint des rapports avec les gouvernants.
La façon dont Castaner, Macron et leurs comparses journalistes évoquent les « gilets jaunes » serait ahurissante, si elle n’était pas typique d’une relation nouvelle (dans son expression) entre gouvernants et gouvernés. D’un côté, comme je l’ai raconté récemment ici-même au mois d’avril, une petite caste d’oligarques sans talent particulier, mais dotés d’un pouvoir exorbitant, pense être là de droit divin — et bien plus qu’à l’époque où des rois et des princes occupaient le sommet de la hiérarchie. La morgue de ces gens-là n’a rien à voir, au fond, avec l’orgueil aristocratique. Unus inter pares, disait l’homme « bien né » — un parmi ses égaux. Ils avaient un orgueil de classe, fondé sur un lignage, une histoire et des siècles de domination. Quelques individus ont aujourd’hui une vanité de caste, fondée sur la dilatation de l’ego.
Ça a commencé probablement au XVIIIe siècle, quand l’individualisme bourgeois généralisé a peu à peu remplacé les talents supposés ou réels des nobles. « Moi. Moi seul », dit Rousseau.
Quand Retz ou La Rochefoucauld écrivaient leurs Mémoires, c’était pour raconter la Fronde. Quand le duc de Saint-Simon écrivait les siens, c’était pour évoquer Louis XIV. Jean-Jacques a rédigé les Confessions pour narrer des histoires sordides de fessées reçues, de rubans volés et de peignes cassés. Le niveau montait déjà. Pas étonnant que le « citoyen de Genève » soit l’idole des pédagos. « Moi. Moi seul. » Et encore, c’est l’auteur du Contrat social qui parle. Mais quand Bouvard et Pécuchet se saisissent du pouvoir… Quand le dernier minable, sous prétexte qu’il a le droit de vote, croit qu’il a autant de valeur qu’un homme de talent… Et quand les sous-doués élus par ce minable, dont la caractéristique commune est qu’ils ne sont en général bons à rien d’autre, pensent que toute contestation de l’autorité qu’on leur a déléguée est une offense à leur minuscule personne… Moins le droit qu’ils ont à gouverner est fondé, plus ils ressentent la moindre offense. Bientôt, un mot de trop vous enverra en prison. Ayn Rand (dans le Nouveau fascisme, 1965) a parfaitement analysé ce qu’a d’inédit la forme moderne de gouvernement : le fascisme découle désormais non d’une idéologie pré-établie, mais de l’ignorance (programmée et entretenue) de la population et de l’inertie qui en découle.
Le Roi-Soleil se prenait pour Alexandre le Grand, dont il avait appris les exploits, enfant, dans son Quinte-Curce favori. Du coup, il a commandé une suite magistrale de tapisseries sur l’empereur macédonien. Quand Le Brun, pour offrir un modèle aux tapissiers du Roy, peint la bataille d’Arbelles (331 av.JC) en 1669, il place Louis en posture de conquérant grec au centre du tableau, juste au dessous de l’aigle de la victoire, pendant qu’un Darius hollandais s’apprête à fuir, sur la droite. Cuirasse dorée pour un roi-soleil, ça va de soi.
Mais quand le Point installe le président de la République au sommet d’un Olympe de son invention…
Le 25 novembre 2018 à 20 h 55 min, abcmaths a dit :
« Le dard du mépris perce même l’écaille de la tortue » Proverbe … indien .
Ce n’est pas par hasard que vous citez ce proverbe … Il m’ a intrigué, j’ai cherché à en comprendre le sens, à en trouver des références.
En voici une tirée d’un article de Macaulay sur Bertrand Barère de Vieuzac.
« Le mépris, dit le proverbe indien perce même l’écaille de la tortue et le mépris de la Cour [de Napoléon] fut ressenti vivement même par le cœur de pierre de Barère. »
Ce Barère était un ancien membre du Comité de Salut public qui s’était abaissé devant le premier consul jusqu’à devenir son mouchard ou, en langage plus officiel, l’auteur de rapports confidentiels sur l’état de l’opinion publique.
Au 223-ième rapport, Duroc (son chef) lui fit sèchement savoir que ses rapports devaient cesser car l’empereur n’avait pas le temps de les lire.
Selon Macaulay, si vil et veule que fût Barère, cette marque de mépris le piqua au vif; et c’est là qu’il Macaulay cite votre proverbe.
sur ce Barère (aujourd’hui encore haï en Vendée) :
Pour Macaulay,
« jamais individu dans l’histoire ou la fiction, que ce soit un homme ou un démon, n’a autant approché que Barère l’idéal de la dépravation consommée et universelle. Quand on réunit tous ses vices, sensualité, poltronnerie, bassesse, effronterie, fourberie, barbarie, on arrive à un résultat qu’on qualifierait du nom de caricature dans un roman et qui n’a pas, j’ose le dire, de parallèle dans l’histoire. »
Bertrand Barère de Vieuzac : l’homme qui, dans la nuit du 9 au 10 Thermidor, fit fracturer l’appartement de Saint-Just pour lui voler les meubles qu’il s’était dessinés lui-même.
Mais puisqu’on est chez M. Brighelli, restons-y pour terminer cette revue sur une note moins glauque :
Le chat de Hegel
Jean-Paul Brighelli –Bonnet d’âne – 22.11.2018
Mon chat m’inquiète.
Il a une façon de me regarder pleine de sous-entendus. Le genre dominateur et sûr de lui, si vous voyez ce que je veux dire. Il me nargue. Il me fait bien comprendre, à chaque instant, que je suis à son service. Le nourrir, le caresser, le laisser dormir. Ainsi sont les dieux. Tranquillement énigmatiques. Ils vous laissent l’exclusivité de la communication. Eux se taisent. Et vous ne savez que faire pour les amadouer.
Ils se taisent sauf si vous oubliez de leur rendre hommage. Ils peuvent alors se montrer revendicatifs. Jusqu’à ce que les autels fument à nouveau, et que vous leur offriez un sacrifice.
Des croquettes, en l’occurrence.
Mon chat se frotte à moi, s’enroule à mes jambes pour m’imprégner de son odeur, signifier à tous les matous de France que je suis sa chose. Un dieu ne vous aime pas. Il vous possède.
À me faire douter de la pertinence de la fameuse dialectique du maître et de l’esclave. La théorie du philosophe d’Iéna et de Nuremberg suppose un retournement : l’esclave, actif, transforme le monde, et lui-même, tandis que le maître s’éloigne de plus en plus d’un monde qu’il ne reconnaît plus. Le roi d’Espagne envoie les conquistadores explorer le Nouveau Monde, tandis que lui-même reste confit en dévotion dans son Escurial. Et l’explorateur se rend autonome, a de moins en moins de comptes à rendre — d’autant que le monarque englouti dans sa paresse ne vit que par l’activité de son agent, n’existe que par l’or que celui-ci, parcimonieusement, lui envoie…
Il en est de même dans les relations sado-masochistes (le mot « sado-masochisme » définit une relation, ce n’est jamais un qualificatif-bloc, il n’existe pas quelque chose ni quelqu’un qui soit « sado-masochiste », les deux termes ne s’associent que par incompatibilité — Deleuze a très bien expliqué tout ça dans son Introduction à Sacher Masoch). L’esclave mène la relation, il définit l’aire de jeux et ses limites, il donne enfin les ordres à un Maître qui n’est que l’exécuteur des désirs de l’Autre…
Je me répétais la théorie en regardant mon chat — attendant un renversement de la relation.
Tout ça parce qu’on a la flemme de corriger des copies… Ils ont bon dos les chats !
Bafouille d’humeur
MM. les administrateurs de RT.fr, encore un effort pour être pris au sérieux par ceux que vous voulez informer
Théroigne – Les Grosses Orchades –30.11.2018
« Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie. »
Jacques Prévert
Disons tout de suite qu’il est curieux et regrettable que les lecteurs, dans beaucoup d’endroits du Net, ne soient plus invités à poster de commentaires qu’en passant par Fessebook et autres résosocios.
Et ceux qui n’en veulent pas ? Et ceux qui les boycottent depuis le jour 01 pour le piège qu’ils sont ?
Ne comptent pas.
Ne venez pas vous plaindre, après, qu’on vous y maltraite.
Bref, ceci est le commentaire que nous vous eussions envoyé sous une forme beaucoup plus ramassée si la possibilité nous en eût par vous été laissée.
Dinosaures que nous sommes, étrangers aux étranges lucarnes, nous avons découvert avec ravissement depuis peu sur votre site l’Interdit d’interdire de Frédéric Taddeï.
Parce que les sujets sociétaux et/ou politiques, au niveau où ils sont descendus en ces temps consternants nous emm…..t profondément, nous nous en tenons généralement aux émissions « culture ».
Découvrir Alexandre Romanès, Cécile Tran, Michel-Edouard Leclerc, Yves-Marie Bercé, Brisa Roché, Michel Pastoureau, Annie Duperrey, Catherine Clément, Noëlle Chabert, Frédéric Sojcher, Silvana Condemi et tant d’autres, dont certains étaient inconnus jusque-là à notre bataillon, a été comme recevoir une grande bouffée d’oxygène quand on est sur le point d’asphyxier.
Il est toujours fascinant – électrisant, même – de voir et d’entendre des gens parler de ce qui les passionne, avec clarté et cohérence. Gens qui vont jusqu’à vous faire soupçonner que l’humanité n’est pas si nulle et si pourrie qu’on croyait, après tout.
Là où les choses se gâtent, c’est quand vous abordez des sujets susceptibles de fâcher en hauts lieux, en essayant de vous glisser entre un mur et une affiche sans la décoller.
Il y a longtemps qu’un sujet n’avait autant passionné l’opinion, pour ou contre. Et ce n’est pas fini : re-belote ce samedi paraît-il. Tout le monde a quelque chose à en dire, voire à en prédire. En attendant les événements : dans le désordre, une brassée de ce que nous avons trouvé de plus intéressant.
« Pourquoi ce n’est sans doute pas une révolte mais une révolution »
Charles Sannat –Insolentiae – 21.11.2018
Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Même si parfois j’aime faire le naïf, l’âge venant, je le suis tout de même de moins en moins. Lorsque j’entends quelques éditorialistes de talents et médiatisés expliquer que la faiblesse du mouvement c’est son absence d’organisation et des revendications disparates, je me dis que vraiment, « ils » n’ont rien compris.
Bon, en fait, « ils » ont très bien compris que les vents de la grande histoire commençaient peut-être à souffler.
L’absence d’organisation et les revendications disparates sont la faiblesse d’un mouvement, mais la force d’une révolution.
En réalité, l’absence d’organisation et de revendication ce sont exactement les symptômes non pas des révoltes, mais des révolutions.
Alors comme il semble qu’il y ait beaucoup de lacunes en termes de comprenettes chez nos « zautorités », je leur pose la question et leur donne immédiatement la réponse afin de faire œuvre de pédagogie.
C’est un cours que j’enseigne à l’ENAm en dernière année… mais les étudiants sont distraits. Oui, je suis prof à l’ENAm, l’École nationale des ânes de mamamouchis.
Comment faire la différence entre une révolution et un mouvement social ?
Premier critère : la base
Quelle est la base ? Base large ou base étroite ? La notion de base n’a rien à voir avec la quantité de têtes de pipe dans la rue. Le mouvement des gilets jaunes est une base large. La grève de la SNCF est une base étroite. D’un côté, des centaines de milliers de personnes qui sortent spontanément dans les rues. De l’autre côté, des cheminots uniquement pris dans des revendications catégorielles spécifiques avec un syndicat, et des revendications très claires. Une révolution a toujours une base large.
Deuxième critère : les leaders et l’organisation
Dans un mouvement social, les gouvernements font face à des mouvements structurés par des organisations souvent professionnelles (syndicats) avec des leaders identifiés.
Dans une révolution, il n’y a aucun leader national, mais une multitude de « leaders » locaux. Le type qui tient le rond-point de la poupée qui tousse, ou la fille debout sur les barricades du parking du Leclerc.
Une révolution n’a jamais de leader au départ. Ils émergeront plus tard, quand la grande anarchie aura eu lieu.
À ce stade, il est évident qu’un mouvement structuré avec organisation et leader peut être « cassé », « brisé » ou « corrompu » même. D’ailleurs, récemment, les dotations aux syndicats ont été augmentées. On voit leur silence. Les syndicats ont été brisés par le gouvernement. Macron a cassé les corps intermédiaires qui ne sont plus représentatifs. Résultat ? Il est seul face à la « populace » qui pue les « clopes et le gasoil ».
Je ne sais si, à toutes les époques et dans tous les pays, les grands mouvements de l’Histoire ont été connus pour tels par leurs contemporains.
En ce qui concerne les révoltes et les révolutions, quelle que soit leur importance future, elles ont sans doute été accueillies par un bouquet de sentiments divers : de l’ignorance à l’engagement fervent, de la crainte à la peur haineuse de voir son monde changer.
Que représente, aujourd’hui et pour l’avenir le mouvement des Gilets jaunes ?
Il est immense, à mon avis, et pour la France et pour le monde.
Il est porté par les réseaux sociaux, un insupportable sentiment d’injustice et pour cette raison, jamais il ne s’apaisera tant que cette injustice condamnera de plus en plus d’hommes et plus encore, notre monde même.
C’est tout un peuple, en dehors de toute attache politique, qui se lève. Et se lève partout sur le territoire. Bâillonnez-les à droite, ils se relèveront à gauche. Ils sont rejoints par tous les malheureux de ce temps.
Notre gouvernement dirigé par des paltoquets est à la merci d’un soutien de la police et de l’armée.
Ce mouvement n’aura pas de fin.
C’est impossible.
Il est impossible que toute une classe sociale qui vivait juste mais qui vivait, se retrouve à ne plus vivre à partir du 20 du mois. Ils ne cèderont pas car ce serait accepter la misère.
On les traite comme des gueux mais ils ne veulent pas le devenir.
Face à cette révolte, à cet engagement humain au-delà des menaces, des dangers, des blessés et d’une malheureuse morte, nous avons un gouvernement de paltoquets. Un Macron élu sur sa bonne mine et qui a été choisi par Rothschild parce qu’il savait « raconter des histoires ».
Je crois qu’ils se sont un peu plantés, chez Rothschild, et que son talent de bonimenteur est en train de se prendre une claque définitive.
Que demandent les #GiletsJaunes ?
1/ Le renvoi de cette assemblée nationale qui est à la botte de Macron et du capital. Ce sont eux qui ne veulent pas que les autistes soient aidés, qui votent la nuit des lois honteuses, qui poussent discrètement les pions d’une dictature naissante, qui augmentent tranquillou leurs salaires pendant qu’ils baissent ceux des autres.
Ils sont indignes. La nation doit les chasser.
2/ Ensuite il faudra créer une nouvelle constitution qui luttera vraiment contre l’évasion fiscale et les jeux boursiers, qui protègera le peuple des excès de la finance qui est devenue une mafia
Ensuite il faudra que le respect de la Nature devienne la règle. L’écologie ne doit pas être payée par les pauvres car ils sont nombreux mais par les riches car cette richesse, ils l’ont volée grâce à des jeux d’évasion fiscale.
3/ Il faudra enfin sortir du carcan de l’Union Européenne. Non, L’Europe n’est pas l’union européenne. Non, les peuples européens ne sont pas fascistes ou populistes. Ils sont simplement volés par des puissances criminelles, qui veulent les traiter comme les Indiens des premiers colons. Et la défense s’organise. De toutes les façons.
Les #GiletsJaunes sont debout à l’aube d’un hiver guerrier.
Il faut les soutenir. Les remercier.
La survie de notre monde dépend de cette bataille.
Ce n’est pas une révolte. C’est une révolution.
« Allons, enfants de la patrie Terre ! Sinon le dernier jour est arrivé ! »
Au soir de la manifestation des gilets jaunes du 17 novembre, incontestable succès populaire avec plus de 280000 participants selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur (ce qui laisse imaginer une mobilisation bien supérieure au regard des pratiques habituelles), parmi les quelques centaines de révoltés qui tentaient encore de s’approcher du Palais de l’Elysée afin, disaient-ils, que le président Macron entende le bruit de la colère de ses propres oreilles et non par médias interposés, l’un d’entre eux déclarait au micro de BFMTV à l’adresse du chef de l’Etat « avec notre pognon, vous nous prenez notre liberté ».
LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE CENSITAIRE
Car c’est bien de liberté qu’il s’agit, au premier plan, derrière les grands principes, les beaux discours et les mots creux. Celle qui a été évoquée de manière menaçante dans les jours qui ont précédé le mouvement, celle d’aller et venir, de circuler. Les mises en garde avec amendes et peines d’emprisonnement ont été constamment brandies par le gouvernement et les préfets : tout blocage ferait l’objet d’une répression impitoyable, entravant la liberté fondamentale de circuler. On n’avait jamais vu depuis longtemps un discours aussi ouvertement répressif à l’encontre d’un mouvement social et l’on s’était pris à rêver que la même morgue implacable fût employée contre les black blocks, casseurs professionnels, brûleurs de flics et racailles patentées auxquelles on n’hésite pas à abandonner des portions entières du territoire national sans se demander si leur présence néfaste nuit aux libertés fondamentales de ceux qui sont obligés de les côtoyer. Et qu’en est-il de la liberté de circuler de ceux qui sont sans cesse ponctionnés, taxés, comme punis de ne pas appartenir à quelque minorité ou communauté protégée ? Qu’en est-il de la liberté lorsque le 15 du mois on n’a plus rien ? Qu’en est-il de la liberté lorsque la seule perspective est le déclassement et la paupérisation ? Qu’en est-il de la liberté lorsqu’on en est réduit à payer toujours plus pour simplement travailler ?
Ces gilets jaunes. Tout ce bruit pour quelques litres d’essence et de gazole. Alors même que la planète court à la catastrophe environnementale, tous gyrophares dehors, sirènes hurlantes. Et d’ailleurs, est-ce qu’ils sont si malheureux, si pauvres que ça ? Tous ces beaufs de sortie, qui exposent sans honte leur crasse et leurs caprices sur nos ronds-points, ont-ils vraiment de quoi se plaindre ? Ne cacheraient-ils pas, dans le secret de leurs pavillons flambant neufs, de coupables écrans plats, de honteux 4×4 et, en cherchant bien, des billets dans leurs matelas ?
Honte de cette nouvelle pauvreté qui défile dans l’espace public. Un peu de pudeur, les ploucs ! Surtout : pas de scandale. Ne faites pas honte à la Nation, avec vos pneus brûlés et vos sales gueules. Dans le Nouveau Monde, on marche, ou on crève. Et en silence. De la dignité : la planète vous regarde ! Et ce n’est pas avec vos revendications puantes et vos caprices de sales gosses trop gâtés que vous nous ferez regagner la confiance de l’Allemagne. Vous savez combien ils gagnent, en Bulgarie ? Vous ne voyez donc pas que vous gênez, avec vos sales comportements ?
Celui qui ne vote pas perd le droit de parler ensuite.
Celui qui a voté pour un candidat qui a été battu doit respecter « le verdict des urnes » et attendre le prochain scrutin.
Celui qui a voté pour le candidat élu n’a pas le droit de le critiquer après (« Il ne fallait pas voter pour lui »).
Dans tous les cas, nous sommes libres de nous exprimer le temps du passage furtif dans un isoloir.
Le reste du temps, nous devons nous taire et subir.
« Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort : il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement ; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien [1]. Dans les courts moments de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde ».
Jean-Jacques Rousseau a écrit ça en 1762 (Du contrat social ou Principes du droit politique).
Et il ajoutait par ailleurs :
« Si donc le peuple promet simplement d’obéir, il se dissout par cet acte, il perd sa qualité de peuple ».
Vincent MORET du GILET
__________
Note [1] Rousseau pense évidemment à la phrase de Macron sur les gens qu’on croise dans les gares.
Le Comité Valmy soutient la dynamique de révolte du peuple de France qui prend son essor contre la politique énergétique et budgétaire du gouvernement français.
Cette révolte « en marche » est incarnée aujourd’hui dans l’actuel mouvement des « gilets jaunes » et connait un grand succès de mobilisation, ce dont notre organisation se félicite.
Le Comité Valmy souligne que cette politique découle directement des directives européennes dont celle de 2009 sur l’énergie (2009/28 CE et 2009/72/CE), préconisant, sous prétexte de « transition énergétique », une hausse massive des taxes sur les carburants, associée au démantèlement et à la privatisation du système national de production d’énergie (EDF, GDF, barrages…)
Cette politique doit d’ailleurs être amplifiée par la loi PPE (Programmation Puriannuelle de l’Énergie), cet automne.
Le comité Valmy, face à cette politique de soumission aux intérêts oligarchiques et supranationaux qui pilotent l’Union Européenne, appelle à la solidarité nationale, à l’union de notre peuple-nation – union qui selon nous- peut seule conduire à la reconquête de l’indépendance et de la souveraineté de la France, au rejet de sa vassalisation à la maîtrise de ses entreprises et de sa production nationale.
Devant l’exacerbation de la situation qui ne cesse de s’aggraver depuis « l’élection » de Macron qui multiplie des provocations qui agressent l’immense majorité des Français, le Comité Valmy a lancé un appel à construire un mouvement de libération nationale s’inspirant de l’union de la Résistance. Nous y travaillons avec quelques succès mais sommes conscients qu’il s’agit d’une course contre la montre. La grande importance de la mobilisation d’aujourd’hui indique manifestement que de vastes possibilités de rassemblement existent.
Vive l’union du peuple de France.
Le Comité Valmy,
Paris, le 17 novembre 2018
Voir aussi :
La journée d’action des gilets jaunes
vu par un rat des champs et des montagnes.
Mme Pamela Anderson a profité de son passage à l’émission de télévision US « 60 minutes » pour lancer au Premier sinistre australien un appel pressant pour qu’il fasse son devoir d’élu envers son compatriote Julian Assange. La réaction qu’elle a provoquée l’a incitée à persister et signer par lettre :
Lettre au Premier ministre Scott Morrison, Australie
Pamela Anderson – ICH – 19.11.2018
Cher Premier ministre Morrison,
Vos commentaires, après l’appel que je vous ai lancé via « 60 minutes » sont décevants.
Vous avez banalisé les souffrances d’un Australien et de sa famille, et vous en avez ri.
Vous avez fait suivre cette réaction de commentaires grossiers sur une femme exprimant son opinion politique.
Nous méritons tous autre chose de nos dirigeants, spécialement dans l’état où est le monde aujourd’hui.
À la suite de son émission, « 60 minutes » a fait procéder à un sondage en ligne, pour connaître le sentiment des Australiens. Les gens y ont répondu par milliers, massivement : 92% de plus de 7.000 personnes se sont prononcées pour que Julian soit ramené chez lui.
Plutôt que de vous livrer à des allusions salaces à mon égard, vous devriez penser à ce que vous allez dire aux millions d’Australiens qui vous demanderont des comptes quand un des leurs sera traîné à Guantanamo Bay en combinaison orange pour avoir publié la vérité. Vous pouvez empêcher cela.
Julian Assange va bientôt affronter son septième Noël isolé de sa famille et de ses amis, après huit ans de détention sans accusation. Depuis six ans, il est interdit d’accès à l’air frais, au soleil, à tout exercice et aux soins médicaux ou dentaires appropriés.
En 2016, le Groupe de Travail des Nations Unies sur les Détentions Arbitraires (OHCHR) a déclaré que sa détention était illégale.
Depuis sept mois, il est interdit à M. Assange de recevoir des visiteurs, d’avoir accès à l’Internet, d’émettre et de recevoir des communications téléphoniques.
Cet Australien-là n’est pas traité équitablement, ses droits humains sont ouvertement violés.
J’espère que l’Australie a un dirigeant qui possède suffisamment de force et de conviction pour le ramener chez lui.
L’Australie et le monde entier regardent comment vous traitez votre compatriote, votre éditeur qui a si gravement besoin de l’aide de son gouvernement.
Voulons-nous parier que l’obscénité des propos tenus sur l’actrice par le fanfaron ministre n’aura pas dérangé les MeToo ?
QUEUES DE COMMÉMORATIONS
Pétain, la vie d’un salaud, la persistance des ordures.
Jacques-Marie BOURGET – Le Grand Soir – 11.11.2018
Pétain grand chef de guerre à Verdun : faux. Pétain complotant contre la République dès 1935 : vrai. Pétain complice des banques des financiers, des industriels pour que nous ayons Hitler plutôt sue le Front Populaire : vrai. C’est vrai que ça méritait un éloge.
J’aime beaucoup le Président Macron. Dans cette période où l’on doit chaque soir passer la balayette sous son lit afin de débusquer le terroriste qui doit s’y cacher, avec lui on rigole. Macron c’est, recyclé, le vieux slogan publicitaire d’un grand magasin : « A tout instant il se passe quelque chose aux Galeries Lafayette ». Cette fois le Président a décidé de nous distraire avec Pétain. C’est inattendu, ça fait vieux monde… Mais tant pis. Après avoir fait la guerre aux Russes – par son émanation de RT France – il était logique qu’il louât le Maréchal ; que revoilà.
Pour être juste, car le temps est au certifié, à l’exact, au vérifié, à l’équitable, remarquons que ce malheureux Macron est mal entouré. Autour de lui s’ébat une nuée de jeunes gens qui ne l’aident guère. Paresseux ? Non. Mais le hasard fait que tous ces biens diplômés n’avaient qu’un seul livre d’histoire, et qu’ils ont fini de le colorier. Benalla aurait pu être un rempart en rendant, par l’écran de ses larges épaules, le discours pétainiste inaudible. Mais Benalla, « l’épaule droite », nous manque, j’espère que les prud’hommes vont le réintégrer.
Qui croit en avoir fini avec le Maréchal se trompe. Car, justement, le 17 novembre, « Les amis d’Henri Guillemin » tenaient un colloque qui lui était consacré. On vous en parle dès qu’on sort des embouteillages.
Mais on commémore aussi aux États-Unis… ou plutôt on « exprime sa gratitude » aux vétérans (ce sont leurs anciens combattants), et pour le Saker, c’est tout aussi immérité.
Remercier les Vets pour leur « service »… Pourquoi ?
Le Saker – The Unz Review –15.11.2018
Selon le contexte, le petit mot « pourquoi » peut être inoffensif ou au contraire le plus subversif et même sacrilège qu’on puisse prononcer. C’est probablement pourquoi je l’aime tant : pour son extraordinaire capacité à déchaîner une offensive extraordinaire contre toutes sortes de vaches sacrées et de croyances indiscutées. Ainsi, aujourd’hui, j’ai envie de demander pourquoi tout le monde, pourquoi tant de gens éprouvent le besoin de remercier les vétérans pour leur « service » ?
Mais commençons d’abord par déboulonner quelques mythes.
Premièrement, il convient d’ôter du chemin le mythe n°1 : l’idée que les USAméricains n’aiment pas les guerres. C’est totalement faux. Les USAméricains détestent perdre les guerres, mais s’ils les gagnent, ils les aiment à la folie. En d’autres termes, la réaction typique US à une guerre dépend de la manière dont l’issue de cette guerre est perçue. Si c’est un succès, ils l’aiment (même si c’était du tir aux pigeons, comme la Tempête du Désert). Si c’est une défaite qu’on peut nier (disons les opérations aériennes US/OTAN contre les forces serbes au Kosovo ou l’invasion à fragmentation de La Grenade), ils l’« oublient » simplement. Et si c’est une indéniable défaite (disons l’Irak ou l’Afghanistan), alors, c’est vrai, la plupart des Américains seront catégoriquement contre.
C’est un fait, pas une analyse, ni même une opinion : « l’ordre international libre et ouvert » promu depuis 1945 par les États-Unis a coûté la vie à 20 à 30 millions de personnes dans le monde. Aucun président, quel qu’il soit, n’est parvenu à modifier le rythme de cette machine à tuer.
Dans le résumé de son ultime document stratégique —2018 National Defense Strategy of the United States of America (dont le texte intégral est classifié)— le Pentagone soutient qu’« après la Seconde guerre mondiale les États-Unis et leurs alliés ont instauré un ordre international libre et ouvert pour sauvegarder la liberté des peuples de l’agression et de la coercition », mais que « cet ordre se trouve à présent miné de l’intérieur par la Russie et la Chine, qui violent les principes et les règles des rapports internationaux ». Renversement total de la réalité historique.
Le professeur Michel Chossudovsky, directeur du Center for Research on Globalization, rappelle que ces deux pays, classés aujourd’hui comme ennemis, sont ceux qui, quand ils étaient alliés aux États-Unis pendant la Seconde guerre mondiale, payèrent la victoire sur l’Axe nazi-fasciste du plus haut prix en vies humaines : environ 26 millions l’Union Soviétique et 20 millions la Chine, par rapport à un peu plus de 400 000 aux États-Unis.
La gigantesque mascarade ayant eu lieu pour falsifier le souvenir du 11 novembre en brouillant le sens d’une guerre entre impérialismes, devant une centaine de propriétaires du globe, illustre l’inversion du réel opérée par la tour Panoptic, donc l’occultation du rapport social antagonique en quoi consiste Kapitotal…
Cette inversion, cette occultation systématiques ont pour condition la forclusion d’une pensée dialectique ouverte sur un devenir historique…
A ce titre, l’ouvrage Histoire et conscience de classe (écrit à partir de 1918) de Georg Lukacs est assurément le travail théorique ayant fait l’objet de l’omerta la plus absolue dans les milieux universitaires et médiatiques au cours du XXe siècle ; et La Société du Spectacle de Guy Debord, celui qui fit le plus d’usage idéologique depuis cinquante ans…
(Ces jours-ci éclate en France un scandale concernant le milliardaire et mécène français Edouard Carmignac, gestionnaire de fonds spéculatifs, qui dans une interview voici quelques mois se disait « situationniste »)…
Ce sont quelques réalités contemporaines mises en lumière par AJIACO – seule oeuvre littéraire de notre époque affichant une telle ambition…
Un aède grec y traverse le siècle dernier lesté d’un bagage homérique : mémoire qui lui permet d’éclairer le séisme créatif déclenché par 14-18, comparable à celui de 1870, et dont les manipulations d’aujourd’hui ne font que réitérer l’onde de choc dans une Mélopée…
Car il n’est rien de plus important que d’inventer une esthétique, afin de refonder une éthique apte à rendre possible une autre politique.
Cette œuvre célèbre du grand philosophe hongrois peut être considérée comme le livre-clé de la pensée marxiste de la première moitié du XXe siècle. Elle paraît aujourd’hui pour la première fois en traduction, dans un texte intégral précédé d’une étude philosophique et historique par Kostas Axelos.
Rédigé directement en langue allemande, et tiré à quelques centaines d’exemplaires seulement, Geschichte und Klassenbewusstsein a été publié à Berlin en 1923 et ses théories furent tout de suite violemment combattues par les communistes orthodoxes et par la social-démocratie, alors qu’elles étaient ignorées de la pensée de droite. L’auteur sera amené à désavouer lui-même ce livre qui n’en continuera pas moins d’exercer une grande influence, en dépit de la destruction de la quasi-totalité des exemplaires existants.
Bis repetita…
[Où l’on apprend que quand le roi du Maroc avait trop forcé de trop petits garçons et qu’il fallait les recoudre, on appelait l’armée française…]
Nous, on n’a pas la télé, mais ceux qui l’ont partagent quelquefois ce qu’ils y trouvent (on ne sait pas sur quelle chaîne).
DEALER DU TOUT-PARIS: LE FOURNISSEUR DES STARS PARLE (VIDÉO)
« Dernier survivant des grands voyous qui ont tenu le haut du pavé dans les années 1970-1980, Gérard Fauré a décidé de parler. Le film de sa vie dépasse toutes les fictions. Né au Maroc d’un père officier français et d’une mère berbère, il s’initie au trafic sur le port de Tanger et devient contrebandier. »
La question qu’on se pose : ils font semblant d’être surpris ou ils sont assez nuls pour l’être vraiment ? Pour ne pas savoir que tout ça n’est pas l’exception mais la règle ?
Quant aux deux jeunes filles botoxées, si elles continuent, elles vont finir comme les frères Bogdanov.
S’il n’y avait pléthore de choses à vous raconter, on se serait fait l’écho de l’Im-Monde qui ne trouve rien de mieux, en ces jours effervescents, que de s’en prendre à la plus adorable bande dessinée pour enfants qu’on puisse voir. Il est vrai qu’elle est russe…
Heureusement qu’ils nous défendent contre les vrais dangers !
Ouvrez le ban : congrès de criminels sous l’Arc de triomphe.
Jacques-Marie BOURGET – Le Grand Soir – 17.11.2018
« Certes, en fin de carrière avec son club Paris St Germain, Pétain a marqué bien trop de buts contre son camp. Mais, pour la partie jouée à Verdun, quel as ! ». C’est ce que j’ai compris du commentaire présidentiel, livré lors de l’interminable procession de Macron sur le front national. Après de telles louanges honteuses, il a bien fallu contrer, se battre, colmater les brèches de l’histoire, comme les sacs de sables écartent la crue. Ça prend du temps, ça éloigne l’attention et c’est fatigant. Résultat, aujourd’hui le souvenir du Maréchal me voit las.
Et pourtant, pendant ces commémorations nous en avons vu défiler des monstres. Qui ont été léchés, embrassés, caressés, félicités comme des vainqueurs du Tour de France. La priorité allant au scandale né de la réhabilitation d’un total salaud, l’urgence nous a laissé échapper de beaux spécimens de criminels, « contre l’humanité » ou « de guerre ». Comme on veut, c’est à la carte. Celle du monde. L’Arc était donc le triomphe du travail de bourreau. Et un soldat inconnu ventriloque aurait pu, depuis la tombe, lancer à l’intention des maîtres et ex-maîtres de monde (Hollande étant absent pour cause de patinoire, Obama au golf et des deux Clinton à la banque) : « je suis le mort inconnu libyen, syrien, afghan, malien, yéménite. » La liste reste ouverte. Sans doute pas totalement fier de cette assemblée sanglante, l’Elysée a peu « communiqué » sur la liste des excellences, celles qui pourvoient les petits cimetières sans lune, mais avec croissants.
Devant l’écran de télévision, c’est comme au ball trap que j’ai tenté de noter quelques assassins plus assassins que les autres. Avant de citer quelques reîtres et sicaires majeurs, je souhaite parler d’un autre crime, celui-ci (encore) contre l’histoire. Quand on connait les règles de la symbolique diplomatique, on sait que le chef d’état du Zanzibar occidental doit s’asseoir au fauteuil 3, alors que le maître du Zanzibar oriental, lui, ne vaut pas mieux que la chaise 52, si ce n’est l’électrique. Il suffit qu’il ait envoyé une carte de bonne année à Poutine pour mériter le placard à balais. Et là, sous l’Arc, le scandale a été que Hashim Thaçi, le mafieux qui se présente comme le « président » d’un état qui n’existe pas, le Kosovo, a été assis directement dans les effluves du Vétiver d’Angela Merkel. Un poil plus et il était au premier rang. Dommage que Pol Pot nous ait quitté prématurément, ici il aurait été assis sur la flamme.
En revanche Aleksander Vuvic lui, le garçon qui préside la Serbie, a été rejeté à deux pas de la dame pipi. Poli, ce président d’un vrai état, allié historique de la France, n’a pas protesté. Pas même d’un propos acerbe. Je l’ai déjà écrit, j’aime Macron car il a un côté Trump, c’est un petit prince de l’invention (rappelons que l’excellent Donald, lors d’une réception, vient de confondre les Balkans et les Etats Baltes). Avec lui pas besoin de faire gaffe, il la fait pour vous. S’il est en manque, Benjamin Griveaux qui confond l’héroïque Marc Bloch avec l’épouvantable Charles Maurras, prendra le relais. Ainsi donc, Aleksandar Vucic a été mis au coin.
War Criminals in High Office Commemorate the End of World War I
Michel Chossudovsky – Global Research – 14.11.2018
November 14, 2018 « Information Clearing House » – In a bitter irony, several of the World’s leaders who were “peacefully” commemorating the end of World War I in Paris including Trump, Netanyahu, Macron and May are the protagonists of war in Afghanistan, Palestine, Syria, Libya, Iraq and Yemen.
To put it bluntly they are war criminals under international law.
They have blood on their hands.
What on earth are they commemorating?
In the words of Hans Stehling: “As We Honour the 15 Million Dead of 1914-1918, a Demented US President Flies into Paris with Plans to Attack Iran” [with nuclear weapons] (Global Research, November 12, 2018)
Lest we forget: War is the ultimate crime, “The Crime against Peace” as defined under Nuremberg.
The US and its allies have embarked upon the ultimate war crime, a Worldwide military adventure, “a long war”, which threatens the future of humanity.
The Pentagon’s global military design is one of world conquest.
[Un remake de « Je suis Charlie » ?]
The War to End all Wars???
One hundred years later: What’s happening NOW in November 2018 ?
Et n’oubliez pas la bande à Mermet bannie de France Inter, qui fait du si bon boulot (pas à la manière de l’autre).
Dossier : 14-18 dans les archives de Là-bas
NI PÉTAIN, NI AUCUN !
Ni Pétain, ni les autres. En honorant nos brutes galonnées, Macron ne fait que rabâcher le vieux mensonge des maitres et de leurs larbins : historiens, militaires et politiciens. Faire croire que, du poilu au maréchal, ils ont héroïquement donné leur sang pour nous autres et pour la France. Des Résistants en somme ?
« Ils se battirent pour que la France reste la France ». Des sanglots dans la voix, Macron repeint les poilus en résistants et en héros qui seraient morts pour sauver la France. Mais la France depuis un siècle rejette ce mensonge des maitres et des brutes galonnées. Non, ils ne se sont pas sacrifiés, ils ont été sacrifiés. Le Chemin des Dames n’est pas le Vercors. Non, ils n’ont pas consenti, ils ont été contraints. Chacun en France a un grand-père qui fut un morceau de cette chair à canon. Sous ces quatre années de commémoration insipide la mémoire a fait son chemin souterrain malgré tout. Une lettre retrouvée, un nom sur du marbre, un dessin sur un carnet, un bout de soulier, des silences. Rien de glorieux dans ces silences mais des souffrances sans fond, sans nom. Un hébètement. En faire des résistants est une insulte à leur mémoire tout comme à la mémoire des résistants du Limousin ou de l’affiche rouge. Fous de peur, de poux et de pinard, la gueule arrachée dans la boue des tranchées, jamais la chair à canon n’a accepté d’être de la chair à canon. Jamais. Le poilu, ce héros, c’est la figure que l’oligarchie impose depuis un siècle, de commémorations en représentations, de films en livres scolaires, de recherches savantes en bandes dessinées. Pour Macron et son vieux monde il s’agit d’effacer ce que disait Anatole France « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels ». Voilà pourtant bien de quoi débattre âprement aujourd’hui.
Cette guerre fut la matrice de la violence totalitaire mais aussi le moyen d’amputer la force ouvrière et paysanne. Le chauvinisme a servi à détruire le profond mouvement social du début du 20eme siècle. Dans les neufs premiers mois de la guerre, 500 000 petits français furent tués. Par consentement ? Pour que la France reste la France ? Oui, celle de Nivelle, de Foch, de Mangin, de Pétain, des banques et de la grande industrie, et du monde politique à leur service, c’est à dire le monde de Macron, le beau monde avec du sang de pauvre sur ces gants blancs, le beau monde qui porte l’entière responsabilité de ce massacre, le beau monde criminel. « Un massacre entre des gens qui ne se connaissent pas au profit des gens qui se connaissent et ne se massacrent pas » disait Paul Valéry. Est-ce là, une manière de voir a posteriori, après la bataille en somme ? Non. En 1915, depuis la prison où elle était enfermée pour incitation à la désobéissance, Rosa Luxembourg écrivait dans son journal :
« La guerre entre les nations est venue imposer la lutte des classes, le combat fratricide du prolétariat, massacre d’une ampleur sans précédent. Ces millions de morts, neuf sur dix sont des ouvriers et des paysans, c’est une guerre inédite, industrielle, déclenchée au nom du nationalisme mais menée pour la domination des marchés. Cette guerre ouvre en vérité la voie à la mondialisation du capital, à la conversion de toute richesse , de tout moyen de production en marchandise et en action boursière. Elle transforme les êtres en matériel humain. C’est l’avenir d’un socialisme humaniste que cette guerre est en train de détruire ».
Nous, nos héros, nos résistants, sont les 15 000 qui désertèrent chaque année, ce sont d’abord les mutins, les milliers de mutins qui mirent la crosse en l’air, les 3 700 qui furent condamnés, les 953 fusillés pour l’exemple, nos héros sont aussi les mutilés volontaires et tout ceux qui fredonnaient la chanson de Craonne, quitte à se faire casser les dents à coups de crosse. Oui, ceux là « se battirent pour que la France reste la France ». La nôtre. Celle de Georges Mermet, mon père. Pas un héros non plus celui là, mais « de la viande », une de ses expressions quand il nous racontait le Chemin des Dames, la Somme, l’Italie, « On était de la viande ». Né en mai 1897, mon père, apprenti orfèvre de Belleville, mobilisé au début de 1916 fut de tous les fronts et de toutes les blessures jusqu’au bout. Éventré, brûlé, traumatisé, il n’a pas fait ça pour votre France monsieur Macron. Je ne veux pas parler à sa place, on n’ouvre pas une boutique dans un cimetière mais, en hommage à sa mémoire je veux juste évoquer ce 13 mai 1993, lors de son enterrement dans l’église de notre banlieue rouge. Discours, fleurs et recueillement, lorsque deux messieurs s’approchèrent et déployèrent un drapeau tricolore sur le cercueil. De la part de la mairie ? De la part d’une organisation d’anciens combattants ? Toujours est-il qu’aussitôt, à la demande de notre mère, l’un d’entre nous se glissa jusqu’à eux et leur demanda d’enlever immédiatement ce bout de tissu. Ce qu’ils firent aussitôt, lentement, laissant apparaître le beau bois blond du cercueil, blond comme la chevelure de Georges lorsqu’il avait vingt ans au Chemin des Dames.
Daniel MERMET
Retrouvez-ci dessous notre dossier sur 14-18, une sélection de 4 émissions, radio et vidéo, un fragment de mémoire populaire à écouter et réécouter, pour que plus jamais nous ne soyons de la chair à canon.
Il y a cent un ans, au Chemin des Dames, tout ceux qui montaient tombaient dans le ravin. 40 000 en sept jours, dont beaucoup de tirailleurs sénégalais. Les bidasses se révoltèrent, crosses en l’air. Longtemps interdite, la chanson de (…)
En novembre 1998, Là-bas si j’y suis avait proposé aux auditeurs une série d’émissions pour commémorer la 1ère Guerre mondiale et les centaines de milliers de sacrifiés de cette Grande boucherie. Quatre émissions qui ont beaucoup marqué les (…)
Vingt mille soldats britanniques tués ce jour-là. Dix mille dans la première heure. 58 000 victimes au total. La bataille la plus imbécile et la plus meurtrière de l’Histoire, pire que Verdun. Malgré l’hécatombe, l’état-major s’entête. Plus (…)
La première guerre mondiale en abrégé : il y a un siècle, Zorro est arrivé, les méchants ont perdu, et la paix est revenue grâce au sacrifice héroïque des braves soldats Américains. Pour ceux qui auraient des doutes sur cette version de (…)
Mais on n’arrête pas l’histoire ni la défense de nos terres d’héroïsme et de liberté contre les Huns, Cocos, Russes…
Israël va assurer le maintien de l’ordre sur les côtes européennes – Pour protéger le continent des réfugiés ?
« Il faut que deux millions de Palestiniens soient à toute force maintenus dans leur camp de concentration au grand air, continuent à y être torturés, bombardés, affamés et finalement éliminés. »
Peter Koenig – I.C.H. – 14.11.2018
On dirait une mauvaise plaisanterie mais ce n’en est pas une. C’est la réalité. Un gouvernement fasciste va aider un autre gouvernement fasciste. Oui, j’ai déjà écrit sur l’Occident envahi par le fascisme, en avertissant que l’Union (la non-union !) Européenne était en train de devenir – et de le devenir de plus en plus vite –une dictature fasciste, sous couleur de protéger la démocratie, en se prétendant une démocratie ; et ce, grâce à ses dirigeants (sic) non-élus de la Commission Européenne (CE). Les citoyens de l’U.E. ont le cerveau tellement lavé par les mensonges de la propagande néo-libérale, qu’ils croient vivre au cœur de la démocratie, qu’ils sont libres et qu’ils sont protégés 24 heures par jour, 7 jours sur 7, par leurs armées et leurs polices.
En fait, on peut voir ce genre de protection à peu près à tous les coins de rues des principales villes de France, le pays qui a eu le front d’inscrire l’état d’urgence dans sa Constitution. D’autres se font bien entendu un devoir d’imiter l’exemple de Macron. Ce n’est pas surprenant : les gouvernements des pays membres de l’U.E. ont tous été « mis en place » par des élections bidon, avec l’aide de Cambridge Analytica – et autres arnaques de médias sociaux désormais connus de la terre entière – et celle des myriades de MSM (= médias mainstream). Ce serait vraiment par une étrange coïncidence que pratiquement tous les chefs des États de l’Union Européenne adoptent des doctrines néo-libérales ou nazies. Il n’y a entre eux que quelques détails qui diffèrent. Plus évident encore : les néo-nazis sont qualifiés de « populistes » sans se préoccuper du fait qu’un populiste est quelqu’un qui est aimé par le peuple. Est-ce que ce ne serait pas justement ça, la démocratie ?
Quand on fonce sur les urgences, il n’est pas question de lever le pied…
Julian Assange, ce héros
Maria Poumier – Entre la plume et l’enclume – 18.11.2018
Certains ont reproché à Julian Assange de ne pas s’attaquer aux petits secrets puants de « l’État juif » alors que Wikileaks a mis à nu les ulcères de chaque pays au monde, dynamitant les diplomaties, dynamisant les oppositions justes. Mais ce choix est probablement un bouclier bien choisi : Assange a le soutien de la gauche la plus honnête, nul n’a pu le classer « antisémite à abattre par tous les moyens » : réjouissons-nous qu’il y ait des causes autour desquelles les querelles, mesquineries, trahisons et coups bas paraissent s’évanouir au profit d’un vrai front de la résistance. Inch Allah, du moins… Voir le film sur Wikileaks Mediastan – censuré par youtube – ici sur dailymotion :
« Mediastan », doc sur WikiLeaks (VOSTFR / part.1)
Depuis sa création en 2006 en Australie par ses fondateurs dont le célèbre et charismatique Julian Assange, l’organisation médiatique connue sous le nom de WikiLeaks a fait énormément parler d’elle par sa diffusion publique mondiale, à travers la plateforme de publication certifiée anonyme qu’elle a développé avec ses moyens informatiques, de plusieurs lots de milliers, centaines de milliers et même de millions de documents officiels classés « confidentiels », dévoilant des crimes de corruption, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Que ce soit par les «Irak War Logs», les « Afghan War Logs», le «Cablegate », les « Stratfor Files » ou encore les « Kissinger Files », les révélations de WikiLeaks, rendues possibles grâce aux lanceurs d’alerte qui ont osé se servir de la plateforme de publication anonyme de WikiLeaks (dans le cas des Kissinger Files, ces dossiers sont en fait accessibles à tout public mais leur regroupement et leur diffusion par WikiLeaks permet de donner un éclairage intéressant sur la diplomatie US en rapport avec Henry Kissinger), ont permis l’exposition de crimes d’états, de grandes entreprises et d’individus qui restent encore à ce jour impunis, comme par exemple avec la vidéo « Collateral Damage », montrant des militaires US tuant des civils de sang-froid en Irak.
Le film Mediastan concerne le « Cablegate », c’est-à-dire cette opération de WikiLeaks qui a consisté en la diffusion de quelques 250.000 câbles diplomatiques étasuniens, représentant l’ensemble des messages échangés entre le State Department US et 274 de ses Ambassades, Consulats et Représentations Diplomatiques à travers le monde, entre 1966 et 2010. En 2011 donc, une équipe de journalistes emmenée par le Suédois Johannes Wahlström a parcouru le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et l’Afghanistan pour y rencontrer et travailler avec des journalistes locaux sur le matériel récupéré par WikiLeaks et concernant leur pays. Certains passages se concentrant également sur le Royaume-Uni ou un partenariat avait été conclu avec The Guardian, et aux USA à New York, où celui-ci existait avec le New York Times.
Outre le contrôle sur les médias exercé par les autorités en Asie Centrale avec plus ou moins d’intensité, selon le degré dictatorial atteint dans les gouvernements de ces pays qui faisaient anciennement partie de l’Union Soviétique et dans le cas de l’Afghanistan, par les autorités militaires US et le pouvoir coopté de Kaboul, le film nous apporte des éclaircissements subtils mais clairs et non moins forts sur les zones sombres où les médias grand public – « mainstream » – décident ce que les occidentaux se permettent ou ne se permettent pas de diffuser. Pour la première fois et officiellement – c’est à dire en accord avec ses producteurs dans le cadre de sa diffusion – ce film a été sous-titré en français (par l’auteur de ces lignes) pour sa diffusion la plus large possible, en la langue de Molière.
L’ « État juif » a une logique mafieuse détestable
Une interview de Maria Poumier par Mohsen Abdelmoumen pour l’American Herald Tribune
Entre la Plume et l’enclume – 16.11.2018
[Tandis que « l’État juif » traverse une crise existentielle qui va certainement faire empirer la situation et l’avenir des Palestiniens, il est hors de question de baisser les bras.]
Mohsen Abdelmoumen :Pourquoi, à chaque fois que quelqu’un soutient la cause juste du peuple palestinien, on lui fait subir un véritable lynchage avec des accusations d’antisémitisme, négationnisme, etc. ?
Maria Poumier : Il est évident que les Israéliens ont peur, précisément, que la défense des Palestiniens conduise à remettre en question les mythes fondateurs de la politique israélienne. Et ils savent que c’est une bataille perdue d’avance pour eux. La récurrence de leur férocité contre les Palestiniens, contre les militants occidentaux qui défendent la cause palestinienne, et contre les historiens qui pointent du doigt toutes les fraudes et les chantages pour imposer une version aussi dogmatique qu’incohérente sur l’histoire des persécutions subies par un certain nombre de juifs pendant la Deuxième guerre mondiale, tout cela est de plus en plus voyant. Cette répression valide, globalement, l’idée que depuis le début, l’État juif a une logique mafieuse détestable et pratique le mensonge historique à une échelle inédite : de quoi traîner devant des tribunaux internationaux de nombreuses personnalités politiques israéliennes. Et les descendants de victimes seront horrifiées de découvrir comment les authentiques victimes juives ont été dupées et instrumentalisées. Je vais plus loin, si l’on additionne les crimes de l’État juif en matière de manipulation mentale autour de la mémoire collective, les crimes permanents contre les Palestiniens, et les ingérences dans la politique de chaque État européen, ainsi qu’au niveau de l’UE, je demande la rupture des relations diplomatiques avec l’État juif, de façon durable.
The US Justice Department is preparing to indict WikiLeaks founder Julian Assange which, after sensitive international negotiations, would likely trigger his extradition to the United States to stand trial, according to the Wall Street Journal, citing people in Washington familiar with the matter.
Over the past year, U.S. prosecutors have discussed several types of charges they could potentially bring against Mr. Assange, the people said. Mr. Assange has lived in the Ecuadorean embassy in London since receiving political asylum from the South American country in 2012.
The people familiar with the case wouldn’t describe whether discussions were under way with the U.K. or Ecuador about Mr. Assange, but said they were encouraged by recent developments.
[…]
The exact charges Justice Department might pursue remain unclear, but they may involve the Espionage Act, which criminalizes the disclosure of national defense-related information. –WSJ
In short, the DOJ doesn’t appear to have a clear charge against Assange yet. Then there’s the optics of dragging Assange out of Ecuador’s London Embassy and into the United States, then prosecuting him, and if successful – jailing him.
U.S. Optimistic It Will Soon Prosecute WikiLeaks Founder Julian Assange
Officials hopeful indictment could spur Ecuador to turn him over
Aruna Viswanatha & Ryan Dube – ICVH –17 .11.2018
November 16, 2018 « Information Clearing House » – The Justice Department is preparing to prosecute WikiLeaks founder Julian Assange and is increasingly optimistic it will be able to get him into a U.S. courtroom, according to people in Washington familiar with the matter.
Over the past year, U.S. prosecutors have discussed several types of charges they could potentially bring against Assange, the people said. Assange has lived in the Ecuadorean embassy in London since receiving political asylum from the South American country in 2012.
The people familiar with the case wouldn’t describe whether discussions were under way with the U.K. or Ecuador about Assange, but said they were encouraged by recent developments. Ecuador’s relationship with Assange has deteriorated sharply since last year’s election of President Lenin Moreno, who has described him as a “stone in our shoe” and said his continued presence at the embassy is unsustainable.
November 16, 2018 « Information Clearing House » – On June 28th, the Washington Examiner headlined “Pence pressed Ecuadorian president on country’s protection of Julian Assange” and reported that “Vice President Mike Pence discussed the asylum status of Julian Assange during a meeting with Ecuador’s leader on Thursday, following pressure from Senate Democrats who have voiced concerns over the country’s protection of the WikiLeaks founder.” Pence had been given this assignment by U.S. President Donald Trump. The following day, the Examiner bannered “Mike Pence raises Julian Assange case with Ecuadorean president, White House confirms” and reported that the White House had told the newspaper, “They agreed to remain in close coordination on potential next steps going forward.”
On August 24th, a court-filing by Kellen S. Dwyer, Assistant U.S. Attorney for the Alexandria Division of the Eastern District of Virginia, stated: “Due to the sophistication of the defendant and the publicity surrounding the case, no other procedure [than sealing the case, hiding it from the public] is likely to keep confidential the fact that Assange has been charged. … This motion and the proposed order would need to remain sealed until Assange is arrested in connection with the charges in the criminal complaint and can therefore no longer evade or avoid arrest and extradition in this matter.” That filing was discovered by Seamus Hughes, a terrorism expert at the Program on Extremism at George Washington University. On November 15th, he posted an excerpt of it on Twitter, just hours after the Wall Street Journal had reported on the same day that the Justice Department was preparing to prosecute Assange. However, now that we know “the fact that Assange has been charged” and that the U.S. Government is simply waiting “until Assange is arrested in connection with the charges in the criminal complaint and can therefore no longer evade or avoid arrest and extradition in this matter,” it is clear and public that the arrangements which were secretly made between Trump’s agent Pence and the current President of Ecuador are expected to deliver Assange into U.S. custody for criminal prosecution, if Assange doesn’t die at the Ecuadorean Embassy first.
On November 3rd (which, of course, preceded the disclosures on November 15th), Julian Assange’s mother, Christine Ann Hawkins, described in detail what has happened to her son since the time of Pence’s meeting with Ecuador’s President. She said:
On a vu les vidéos comme vous sur RT et sur Sputnik. On a même vu deux chiens qui manifestaient eux aussi en gilets jaunes. Mais on n’a pas eu le temps de s’informer davantage (pas oublier qu’on est en Belgique, ici).
Quelqu’un qui nous veut du bien nous envoie ceci :
Un bienfaiteur de l’humanité abandonné par 7 milliards d’humains. Normal, non ?
Si Theresa May ne réussit qu’un ultime mauvais coup avant de dégager, ce sera celui-là.
Lenín Moreno ? Ouak beeuurk !
Les services de renseignement US amèneront Assange, avec des chaînes
Ann Garrison – Consortium News – 14.11.2018
Il semble de plus en plus probable que le fondateur et rédacteur en chef de Wikileaks, Julian Assange, se retrouve dans les griffes du gouvernement américain.
Ce n’est guère surprenant, étant donné que depuis dix ans, Wikileaks a publié plus d’informations classifiées que tous les autres médias réunis. Elle a révélé des violations des droits humains, des actes d’espionnage de la part de gouvernements, des actes de torture et des crimes de guerre d’une ampleur sans précédent.
WikiLeaks a montré aux gouvernements, aux entreprises et même au Pentagone, FBI, CIA et autres agences de renseignement qu’ils ne pouvaient plus compter sur le secret.
Elle a créé une mine de documents de première main que des journalistes et des chercheurs sérieux exploiteront pendant des années à venir. Ses publications sont accessibles aux lecteurs qui préfèrent les sources aux informations filtrées par les médias.
Wikileaks exaspère tellement les institutions américaines les plus violentes, corrompues et criminelles qu’Hillary Clinton a suggéré, en plaisantant à moitié, de bombarder Assange avec des drones. D’autres politiciens américains ont demandé son exécution par d’autres moyens.
Le député californien du 28e district, Adam Schiff, qui est devenu président de la Commission du Renseignement de la Chambre des Représentants lorsque les démocrates ont repris le pouvoir, a déclaré qu’il parlerait à Assange « quand il sera en prison aux États-Unis, pas avant ».
Schiff est un leader véhément et suprêmement vertueux de la « Résistance » du Parti démocrate, qui salit le nom du mouvement clandestin formé en France pendant la Seconde Guerre mondiale pour combattre les forces d’occupation de l’Allemagne nazie et le gouvernement collaborationniste de Vichy.
La « Résistance » ne tolère qu’une seule vérité et une seule loyauté : La Russie est l’ennemie, interférer en Syrie, en Ukraine et même dans les élections américaines. La Russie a élu Trump avec l’aide de Wikileaks. La Russie ose positionner des missiles sur ses propres frontières, dit-elle, pour répondre aux missiles de l’OTAN de l’autre côté. Les États-Unis doivent construire plus de missiles, plus de drones, plus d’armes nucléaires et toutes sortes d’armes pour défendre le monde européen contre la Russie et ses alliés chinois.
Supériorité morale et raciale
La supériorité morale et raciale donne aux États-Unis le droit d’occuper le monde avec des bases militaires, en encerclant toute nation qui conteste son hégémonie avec des avions militaires, des cuirassés, des véhicules d’assaut et une surveillance militaire. La supériorité morale et raciale autorise ses organismes d’État espions à bloquer l’accès à l’information qui s’écarte de ses récits et donc à arrêter et extrader Julian Assange.
Le Parti républicain partage la même nature suprêmement intolérante que les Démocrates, mais se différencie en insistant sur le fait que, bien que la Russie soit l’ennemi, Donald Trump ne s’est pas associé à la Russie pour voler l’élection présidentielle de 2016.
Les républicains aussi veulent faire taire le fondateur de Wikileaks et trouver un moyen de fermer l’organisation. L’ancien directeur de la CIA de Trump, et aujourd’hui secrétaire d’État Mike Pompeo, a qualifié Wikileaks de « service de renseignement hostile non étatique souvent encouragé par des acteurs étatiques comme la Russie » et a juré de traquer Assange.
Trop tard ?
Assange est réfugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres depuis plus de six ans, soit depuis août 2012. L’Équateur et le Royaume-Uni, cependant, ne sont pas plus près d’un accord qui lui permettrait de sortir en toute sécurité de l’ambassade. Lors d’une récente vidéoconférence, Suzie Dawson, organisatrice de #Unity4J, a déclaré qu’elle craignait qu’Assange et ceux qui travaillent pour le libérer manquent de temps :
« En ce moment, le temps n’est pas de notre côté. Aujourd’hui, quelqu’un s’est plaint parce qu’il veut qu’on fasse une grande marche pour une journée d’action. Quand on fait ce genre d’action, il faut deux ou trois mois pour l’organiser. Vous avez besoin d’un comité organisateur, vous avez besoin de tapisser la ville avec des affiches, vous avez besoin de fixer une date, vous avez besoin de faire une tonne de publicité. Il faut que tous les syndicats et diverses autres organisations se joignent, et là vous avez une journée d’action.
« Eh bien, il y a quelques problèmes avec ça. Tout d’abord, je ne pense pas que nous ayons trois mois devant nous. Si nous prévoyons une marche géante en février pour soutenir Julian, je ne pense honnêtement pas que nous ayons jusqu’en février. J’espère que j’ai tort. J’espère que les mesures que nous prendrons à court terme, dans les jours et les semaines à venir, nous feront gagner autant de temps à Julian, mais je ne le crois pas. »
Le lanceur d’alerte de la CIA, John Kiriakou, qui a passé deux ans en prison pour avoir dénoncé l’usage officiel de la torture par l’agence, a déclaré que si Assange sort de l’ambassade sans garantie de passage sûr, il sera extradé enchaîné vers les États-Unis :
« Nous savons tous pourquoi les Britanniques ont encerclé cette ambassade. C’est pour l’enlever et le livrer aux États-Unis. Si cela se produit, la CIA et le FBI seront tous les deux dans l’avion et ils vont au moins tenter de l’interroger jusqu’à l’arrivée. Ils le ramèneront enchaîné aux États-Unis parce que c’est ce qu’ils font. »
Dawson pense que le FBI et la CIA vont interroger et torturer Assange pour essayer d’obtenir des informations qui leur permettraient de faire tomber Wikileaks. Elle ne doute pas qu’il se prépare à cette éventualité depuis des années. Elle croit qu’il aura veillé à ce que l’organisation ait adopté des codes et des mesures de sécurité qu’il ne connaît pas lui-même et qu’il ne peut donc pas révéler, même sous la torture.
« Ils veulent en savoir plus sur les fichiers de sécurité par exemple. Ils veulent connaître les processus internes et le fonctionnement de Wikileaks. Ils veulent avoir accès aux connaissances qui sont dans le cerveau de Julian. Et ils le tortureront. Et ils l’interrogeront pour tenter de l’obtenir.
« Maintenant, je fais confiance à Julian pour qu’il soit assez intelligent pour s’assurer que même lui ne possède pas beaucoup de ces connaissances. A mon avis, Julian a passé des années à planifier ces différentes éventualités, mais ça ne les empêchera pas d’essayer. »
Dawson a ajouté que les services secrets sont impatients de le punir : « En fin de compte, ils veulent le punir pour avoir révélé leur corruption et leurs crimes. Cela fait huit ans qu’ils attendent ça, et ils se frottent les mains avec joie à l’idée que le Royaume-Uni l’arrête et l’extrade vers les États-Unis. »
Ann Garrison
Ann Garrison est une journaliste indépendante basée dans la région de la baie de San Francisco. En 2014, elle a reçu le prix Victoire Ingabire Umuhoza Democracy and Peace pour ses reportages sur les conflits dans la région des Grands Lacs africains. On peut la joindre à ann@anngarrison.com
Traduction « on voit bien quel type de journaliste le défend et quel type l’abandonne » par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.
(traduit à partir de la transcription d’un document sonore)
Ceci n’est pas un exercice. C’est une urgence. La vie de mon fils, le journaliste Julian Assange, est en danger imminent et grave. Je vous remercie tous d’entendre l’appel d’une mère qui vous demande de l’aider à le sauver. Bien que Julian soit un journaliste primé à maintes reprises, très aimé et respecté pour avoir courageusement dénoncé, dans l’intérêt du public, des crimes graves et la corruption à haut niveau, il est actuellement seul, malade, souffrant et réduit au silence et à l’isolement, coupé de tout contact et torturé au cœur de Londres. La prison moderne des prisonniers politiques n’est plus la Tour de Londres mais l’Ambassade de l’Equateur. Voici les faits : Julian est détenu depuis près de huit ans sans inculpation. Vous avez bien lu : sans inculpation. Au cours des six dernières années, le gouvernement britannique a refusé ses demandes d’accès aux soins de santé de base : air frais, exercice, soleil pour la vitamine D et (…)
Note du traducteur : voici une traduction d’extraits d’un très long article de Suzie Dawson, présidente du Parti Internet (Nouvelle-Zélande). Suzie a été très impliquée dans la solidarité avec Wikileaks et les lanceurs d’alerte en général, et très engagée dans son pays dans le combat contre les accords de libre échange – ce qui lui a valu des menaces de mort. Elle se trouve actuellement à Moscou où elle a demandé l’asile temporaire. En mai 2018, elle est tombée gravement malade. Sur le choix des extraits : l’auteur aborde de nombreuses questions en détail et cite beaucoup de noms que peu de gens en France connaissent (si vous pensiez que l’aventure Wikileaks se résume à Julian Assange, vous avez été mal informés). Elle se livre aussi à des règlements de comptes difficiles à suivre pour les non initiés. Toutes ces parties ont été expurgées. Pour les anglophones et initiés, l’article original mérite une lecture attentive. Dernière chose : si notre instinct est bon, la mobilisation de LGS pour Assange verra (…)
Tiens, pendant qu’on y est (si vous croyez que ça n’a pas de rapport)…
Info anodine pour les écrivains naïfs qui se croient libres d’écrire.
Maxime VIVAS – Le Grand Soir– 16.11.2018
Vivendi, mastodonte qui possède en partie Universal Music Group, la maison de disques qui vient de censurer un rappeur irrespectueux envers Brigitte Macron (1) vient d’acheter pour 900 millions d’euros Editis, 2e groupe éditorial français.
« Le groupe est implanté en éducation, référence, littérature générale, jeunesse, illustré à travers plusieurs filiales : Place des éditeurs (Plon, Perrin, Presses de la Renaissance, Acropole, Belfond, Hemma, Hors collection, Langue au chat, Omnibus, Pré-aux-Clercs, Presses de la Cité, la licence Lonely Planet…), Robert Laffont (Julliard, Nil), XO/Oh ! éditions, Sonatine, Cherche-Midi, La découverte, Univers Poche (Pocket, PKJ, 10/18, Fleuve, Kurokawa, Langues pour tous, 12-21), Edi 8 (Plon-Perrin, Presses de la Renaissance, First, Gründ, 404, Les Escales, Le Dragon d’or, Solar, Tana, Slalom), Editis Education (Nathan, Bordas, Le Robert, Retz, Clé International, Syros, Dæsign), ainsi qu’Interforum (l’un des leaders de la distribution). Sous son impulsion, le groupe s’est renforcé récemment dans le numérique (édition, imprimerie…) et l’éducatifavec l’ESLSCA Paris Business School et l’EDC Paris Business School ».
Autrement dit, mes soeurs et frères de plumes, quand vous envoyez votre manuscrit à un de ces éditeurs, tâchez d’en avoir bien expurgé tout ce qui pourrait chiffonner Bolloré ou qui que ce soit du Medef ou de l’Elysée. Coulez-vous dans le moule, endossez les habits de la pensée unique. Sinon, attendez-vous à recevoir du « Service des manuscrits » une réponse bateau : « Malgré ses qualités indéniables, il ne nous est pas possible de publier votre manuscrit qui ne s’inscrit pas dans notre ligne éditoriale… ».
Ecoutons le persiflage du philosophe Alain dans son ouvrage « Propos sur le pouvoir » : « Quand je vois un jeune auteur arriver de province avec de l’esprit, de la vanité et une plume facile, je ne sais pas au juste quelle opinion il prendra, mais je sais celle qu’il ne prendra pas. »
Bon, des exceptions existent. J’en sais quelques-unes.
Nous, on est quand même contents de voir que La Fabrique d’Eric Hazan ne fait pas partie des troupes. Ni les quelques exceptions dont parle Vivas, qu’on connaît aussi et qui ont le plus grand mal à se diffuser… À la guerre comme à la guerre.
J’avais en tête… pas de célébrer – fichtre non ! – mais de commémorer cette date mythique, fausse conclusion d’une guerre improprement appelée mondiale, mais probablement la pire de l’Histoire (et dieusait qu’il y en eut pourtant). Une guerre qui a vu tout un continent se saigner d’une génération entière de ses jeunes hommes, par rapacité, infantilisme, psychopathologie… complétez sur les pointillés. Ver sacrum d’un nouveau genre.
J’avais en tête de vous faire raconter d’abord cette guerre par les quelques rescapés devenus grands écrivains de quelques pays – France, Italie, Angleterre, Allemagne, Russie… – de leur consacrer cinq ou six posts étalés sur cette année et culminant aujourd’hui. Mais les blogueurs proposent et les oligarques de la numérisation disposent. Me voici donc à commencer cette entreprise là où elle aurait dû finir.
En débutant donc par la queue, je vous propose de trouver ici, en cinq ou six fois entre aujourd’hui et la saint Glinglin, les cailloux que je dépose au cairn de l’Europe mise à mort par ses parasites mêmes.
Par envie de partager avec vous ma conviction qu’à défaut d’être tout à fait mondiale, la bien nommée Grande Guerre a été un épisode crucial de la guerre des classes qui fait rage depuis un peu plus de deux siècles. Vraiment mondiale, celle-là, pour le coup. Ceci, bien entendu, à condition que les petits cochons ne nous mangent pas en route.
14-18, ses origines, ses joies, ses fastes
Tout a commencé un 9 Thermidor, où la sang s’est mis à couler pour de bon, pour de vrai, à flots.
Le seul pays d’Europe où la chose ait été possible car on l’avait unifié venait de faire un effort surhumain pour sortir d’enfance. Après cent mille ans de matriarcat et dix mille ans de patriarcat, la chose était nouvelle. « Les fils » avaient entrepris de réparer la sottise de Télémaque et d’envoyer à Pont-aux-Dames leurs infantiles de pères. Mais ceux-ci n’entendaient pas se laisser détrôner docilement – « raisonnablement » n’en parlons même pas. Cette floraison miraculeuse de conscience nouvelle fut fauchée dans sa fleur en quelques jours. Premier bain de sang de la Très Grande Guerre d’Émancipation Universelle.
Les vainqueurs du moment, petits ou grands bourgeois rapaces et reliquat des fin de race, avaient besoin d’un sabre pour lutter contre l’âme et la raison. Ils le trouvèrent en Napoléon Bonaparte (celui-là ou un autre !… ce fut celui-là).
Or, en prélevant un gamin sur deux dans chaque foyer rural pour aller les noyer dans la Bérézina, non sans s’être emparé au passage des veaux, vaches, cochons et couvées de leur parents car une Grande Armée il faut que ça mange, le sabre de M. Sieyès a disloqué à tout jamais le tissu social de l’Europe, de manière, voyez-vous, à ce qu’elle ne puisse opposer la moindre résistance cohérente aux virus et/ou métastases à venir de la cupidité à œillères.
On ne comprend rien à l’absurdité de la Grande Guerre et à une aussi incompréhensible patience des peuples, si on n’en connaît pas les origines et l’objectif réel
En ce temps où l’Histoire – par décret ! – n’est plus enseignée, où les maîtres d’école risquent un coup de pied aux fesses des hiérarchies au pouvoir s’ils osent apprendre la chanson de Craonne à leurs petits élèves et où le soi-disant président d’une république défunte choisit de célébrer la fin apparente des hostilités en exaltant précisément celui de ses galonnés qui l’a vendue ensuite à l’étranger avec le plus d’empressement…
… que faire pour raconter aux générations d’aujourd’hui comment les scrongneugneu d’avant-hier ont jeté gaiment dans la gueule ouverte du four non seulement leurs fils par millions mais ceux de leurs lointaines colonies, de préférence en première ligne ?
Comment s’y prendre pour leur faire voir pour ce qu’il fut un bébé tout sanglant – la Révolution russe – expulsé par les lois de la nature du corps grouillant de vers de sa mère morte, dans des convulsions inimaginables ?
Raconter ses souvenirs personnels quand on en a si peu ? Dire le grand-père maternel laissant derrière lui une femme avec trois enfants en bas-âge et cinquante centimes dans la poche d’un jupon, pour « répondre à l’appel du roi Albert » ? Dire la colère de l’épouse qui n’a cessé qu’à sa mort ? La résistance jusqu’à l’os du fort de Loncin et la reddition à des envahisseurs présentant les armes aux vaincus ? (Cela s’est encore fait, alors, pour la dernière fois sans doute.) La captivité dans une ferme des bords de la Baltique… Le refus « pour rester fidèle à sa femme » des avances de l’épouse frustrée d’un homme en train de se battre sur le front russe ?… La colonne vertébrale cassée à coups de crosse sur son ordre ?… Toute l’année 1919 pour en revenir à pied, en morceaux ? Raconter nos jeux d’enfants avec des corsets de plâtre et des jupons démodés en guise de crinolines ?
Que faire, quand on n’a obtenu, du côté paternel, en fait de réponse aux questions qu’un sobre « on a mangé des rats » ? [Ceci est une parenthèse, mais les neuf sur dix enfants survivants de mon grand-père Victor ont tous été, filles ou garçons, des champions du beefsteak fondant, des gaufres croustillantes et du flan aux œufs. À croire qu’avoir rôti des rats prédispose aux talents culinaires.]
Aller piocher dans les livres de classe de l’histoire officielle du temps qu’il y en avait ? Avec l’assurance de n’en retirer qu’un point de vue étroit, limité par les convenances, les œillères dominantes et un clocher comme point de repère ? L’entreprise est du genre « mission impossible ».
ET POURTANT QUELQU’UN A RELEVÉ LE DÉFI. Il l’a fait sous la forme d’un roman, que la critique et les éditeurs comparent au Confiteor de Jaume Cabré. La belle jambe que cela nous fait si on a une culture à trous, si on ne connaît pas le Confiteor et si on ne sait même pas qui est Jaume Cabré !
Ce que je peux vous dire, car je l’ai lu, c’est que le roman dont il va être question ici, réussit la gageure de raconter la Grande Guerre, dans le temps et dans l’espace, de tous les points de vue à la fois : individuels et collectifs, occidentaux, orientaux ou balkaniques, points de vue des chefs et de la piétaille, des civils et des militaires, des femmes, des hommes et même des autres, des bêtes, des paysages et aussi des objets, roman choral magistralement écrit et composé, que vous seriez bien avisés, chers internautes, d’offrir à vos enfants « de la part de saint Nicolas, du père Noël ou de la Befana », en lieu et place de smartphones espions hors de prix, vous substituant ainsi, en parents responsables que vous êtes, à cette guenille qui persiste à s’appeler « éducation nationale » d’un bout de l’Europe à l’autre.
D’ici là, s’il faut absolument le comparer à quelqu’un, ce récit polyphonique, ne s’apparente à mes yeux qu’au chef d’œuvre absolu qu’est le Porius de John Cowper Powys.
Non qu’ils se ressemblent tout à fait, car… par son roman « plus long que Guerre et Paix » qui offre plusieurs niveaux de lecture dont un alchimique et qui se déroule sur sept jours du mois d’octobre 499, un Powys presque octogénaire a essayé de rendre compte, par le biais d’une histoire mythique et non historique, de ce « blank century » que fut le Ve siècle de notre ère au Pays de Galles, avec ses Saxons envahisseurs, son dux bellorum d’Arthur se voulant empereur, ses Bretons romanisés, ses quelques légionnaires attardés, ses druides clandestins, ses chrétiens sûrs d’eux et dominateurs, son dernier disciple de Mithra, ses « gens de la forêt » venus deux mille ans plus tôt du Maghreb apporter la culture du blé, l’élevage des abeilles et la domestication des porcs, leurs dernières matriarches – « nos grand-mères, les reines de Marrakech » – et jusqu’aux deux derniers géants, père et fille, en plus de l’enchanteur Merlin qui se sait un avatar de Cronos et voudrait tant s’arrêter… ce « monument of neglect » comme l’a dit quelqu’un, qui a eu le malheur de jaillir cinquante ans avant que quiconque entende parler de réalisme magique, est aussi une exploration vertigineuse de soi, c’est-à-dire de la psyché humaine en général et en particulier à l’injonction de Socrate, ce que n’est pas tout à fait l’œuvre qui va suivre, même si rien n’interdit que son auteur en produise une un jour.
Il est temps de dire de quoi et de qui on parle.
L’auteur :
« Né en 1964 à Belgrade, Aleksandar Gatalica est un des auteurs majeurs de la Serbie contemporaine. Il est également traducteur de nombreuses œuvres grecques classiques, critique musical et éditeur dans la presse. Il a publié six romans et autant de recueils de nouvelles ainsi qu’un guide de Belgrade pour les visiteurs étrangers. La musique, plus particulièrement le piano, est sa grande source d’inspiration. Il est aujourd’hui le responsable de la Fondation de la Bibliothèque Nationale de Serbie. »
Son livre :
Ce qu’en dit un internaute, sur Babelio
Somme-livre, livre-somme que ce chef d’oeuvre qui nous vient de Serbie. Lourd de 650 pages, À la guerre comme à la guerre est un prodige d’intelligence conté d’une manière chorale qui embrasse le conflit européen puis planétaire depuis le geste du médecin légiste Mehmed Graho constatant la mort de l’archiduc François Ferdinand le lendemain du 28 juin 1914, à Sarajevo. Pas moins de soixante-dix-huit personnages, certains fictifs inspirés par des récits d’archives, d’autres réels comme le roi de Serbie, le tsar Nicolas II, Fritz Haber, l’inventeur du gaz moutarde, Hans Dieter Uis, chanteur d’opéra ou encore Mata-Hari, Cocteau et Apollinaire. Aleksandar Gatalica qui se fait tour à tour historien et maître de chœur enchaîne morceaux de vie et faits historiques. Nous assistons à la fin de la Belle Époque et à la naissance d’un monde scientifique et planificateur. Roman chorale d’un genre inédit qui mêle chroniques, anecdotes, témoignages, ce livre restitue les quatre ans de la Grande Guerre par une multitude de points de vue et de vécus. On craint le fourre-tout un peu indigeste, l’éparpillement de surface. On a affaire à un récit rigoureux dans sa pluralité. Que j’ai trouvé prodigieux et passionnant comme un film d’aventures réussi. Le destin de chacun nous apparaît dans toute sa violence, souvent grotesque, parfois grandiose. Un officier serbe, un ténor allemand, un épicier turc, un typographe français, tous comptent autant, pour beaucoup dans cette fresque, et très peu sur le plan de l’Histoire. Silhouettes balayées par les tourments-tournants, chamarrées de grand-croix de ceci ou de cela, ou vêtues d’un tablier de bistrotier. Un égale un dans cette extraordinaire mêlée. À la guerre comme à la guerre fera date dans mes lectures, un peu plus à même de saisir ce conflit dont on a déjà tant discouru. Comme un metteur en scène d’opéra Aleksandar Gatalica place ses banderilles et ses pépites très astucieusement, comme dans un art feuilletonnesque, grand compliment. Quelques cailloux fantastiques agrémentent si j’ose dire ces quatre années et demie de feu et d’acier. Un miroir soi-disant protecteur, des poches qui se décousent et d’où la vie s’échappe, des montres à gousset qui s’arrêtent, condamnant les quatre lieutenants qui les portaient. Et d’autres surprises constellent cet objet littéraire de toute beauté, qui doit à Dumas et à Borges, et qui nous entraîne dans une euro-sarabande, nous laissant un peu exténués mais comblés. Mon personnage préféré ? La grippe espagnole qui finit par mettre tout le monde d’accord… Mais mention spéciale à Raspoutine que Gatalica fait assassiner à quatre reprises. En réalité je crois qu’il n’a été tué que trois fois. Ces écrivains hors du commun, faut toujours qu’ils en rajoutent.
Bellonzo – le 21 Avril 2018
Qu’ajouter ?
Ah, le casque rouge de Cocteau ! Pas vrai ? Plus que vrai !
Ah, les antibiotiques du roi Pierre, jetés au caniveau par un médecin qui ne les connaît pas encore et se méfie des services secrets étrangers !…
Ah le Walther Schwieger, capitaine de l’U-20 qui a coulé le Lusitania, qui non seulement faisait partie du complot monté pour faire entrer l’Amérique en guerre mais qui voyait des serpents monstrueux et des Krakens dans les profondeurs… Ah le subordonné camarade d’enfance qui écrit aux journaux pour défendre sa mémoire, qui, lui, ne les a pas vus s’enrouler autour de leur sous-marin mais qui les a entendus !
Ah, la couturière de Belgrade, dont les clientes ne ressortent jamais de la cabine d’essayage, parce qu’elles y sont happées par une autre tranche d’espace-temps !… Ah, celle qui atterrit dans la Yougoslavie des années 70, qui s’émerveille des voitures inconnues, des gratte-ciels, des vêtements pimpants des femmes, qui est abordée et demandée en mariage par un inconnu, qui l’épouse, puis qui se retrouve soudain dans un atelier de couture déserté, en plein siège de la ville… qui sort dans les rues pour prévenir tout le monde : « N’ayez pas peur ! »… « Tout va bien !… » « L’avenir est formidable… radieux !… »
On n’en finirait pas.
L’aile de la guerre balaie le continent comme un radar le ciel, en faisant surgir tout vifs, du néant, une multitude de faits et de protagonistes.
Une chose pourtant qu’elle ne fait qu’effleurer, dans ce livre-cathédrale – et c’est pourquoi il nous va falloir le faire – c’est la vague des fusillades « pour l’exemple » qui a semé la terreur dans les rangs combattants occidentaux, sitôt éclatée la Révolution russe. Terreur, rappelons-le, qui a causé plus de morts, pour la seule année 1917, que tous ceux des cinq ans de Révolution française…
Que serait aujourd’hui l’histoire du monde, si la contagion avait « pris » ?
Il est regrettable que le mot « événement » soit écrit au moins trente fois dans ce livre avec un accent grave, que les « canaux de sauvetage » du Lusitania aient en outre rejeté des naufragés et que la déesse soit appelée à chanter la colère du Péléide Achille, qui a coûté aux Grecs tant de « mots ». Un éditeur digne de ce nom ne devrait pas infliger ce genre de choses à un auteur de cette envergure. Dans le temps, il y avait des typographes…
Théroigne
Comme nous ne sommes pas seuls à nous intéresser à ces événements, nous avons l’honneur et l’avantage de vous présenter la contribution d’Aline de Diéguez aux commémorations du jour.
Elle le fait à l’intérieur de son essai sur la « déclaration Balfour », par l’entrée en guerre des États-Unis, en 1917. [Alors que tout aurait dû être fini, puisque l’Allemagne avait déjà demandé l’Armistice. Mais c’est qu’il s’en passait des choses qu’on ne nous a pas dites…]
Aline de Diéguez
L’entrée en guerre de l’Amérique
Les coulisses de la Déclaration Rothschild-Balfour (3)
« Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre ». Baruch Spinoza
Ou l’on découvre que l’entrée en guerre des États-Unis en 1917 est le fruit des efforts conjugués des banquiers anglo-saxons et du mouvement sioniste international.
Qui écrit l’histoire ?
Quelles sont les sources auxquelles nous puisons notre connaissance des évènements passés ? L’histoire d’aujourd’hui est la politique d’hier, or, la politique est une affaire d’hommes. Pour redonner du sens, donc de la vie, au passé, il faut, autant que possible, coller aux talons des hommes qui en furent les acteurs sur le devant de la scène ou dans les coulisses, devenir les Sherlock Holmes des indices, des Sioux sur le sentier de la guerre, afin de débusquer l’arrière-monde de ce qui fut volontairement caché, balayé sous le tapis, afin de tenter de réincarner ce qui fut et qui n’est plus, tout en continuant à exister dans le présent par ses conséquences. Cela fait toute la différence entre la connaissance des faits et leur compréhension.
Qui, dans la presse française grassement subventionnée par l’État et même dans l’Université conformiste, oserait aller contre le consensus sur des sujets sensibles, lorsque les retombées financières, les carrières et les avancements sont en jeu ?
Exemples
Comment est parvenu à s’imposer le conte digne d’Alice au pays des merveilles qui aurait pour héros un lord anglais – Arthur James Balfour – lequel aurait pris tout seul l’initiative d’adresser un message sibyllin à un richissime banquier juif dans lequel il promettait à un groupe d’immigrants un territoire qu’il ne possédait pas ? Ce qui n’empêche pas ce canard d’exercer l’autorité d’un « fait historique » depuis 1917.
Par quels procédés plus ou moins volontairement mensongers est parvenue à acquérir le poids d’un fait historique la doxa que le Président américain Woodrow Wilson aurait été un chef énergique et génial, personnellement à l’origine de la création de la FED et qu’il aurait un beau jour pris librement la décision d’entrer en guerre aux côtés des alliés européens en 1917 ? Voir : – Aux sources de l’escroquerie de la Réserve Fédérale – Le machiavélisme des hécatonchires de la finance internationale
On peut même remonter plus haut : est-ce par aveuglement, par collusion ou par crainte politique de froisser la puissante communauté juive que les Églises chrétiennes évitent soigneusement de songer à lier la crucifixion de Jésus au scandale financier que le prophète a provoqué dans le temple, à peine quelques jours auparavant, lorsqu’il a chassé à grands coups de cordes tressées les changeurs véreux et autres filous et simoniaques qui officiaient dans le temple de Jérusalem ? Événements dont un courageux écrivain américain avait démontré la troublante concomitance, mais dont personne ni dans l’Église, ni dans la société civile n’a daigné tenir compte.
Pour terminer, qu’arrive-t-il lorsque l’évidence universellement admise d’un événement se heurte à la réalité ? Ainsi, contrairement aux modélisateurs-réchauffistes d’origine anthropique du GIEC, on constate que la banquise de l’Arctique ne fond pas mais augmente, même si, ici et là, quelques glaciers rétrécissent, conformément aux variations locales plurimillénaires et naturelles du climat. Les hérétiques qui contestent la religion climatique officielle selon laquelle les activités humaines productrices calamiteuses de CO² sont la cause des modifications du climat, sont interdits de parole dans les médias, interdits de publication dans les revues scientifiques et barrés de tout avancement de leur carrière universitaire. En France, aucun média, aucun organisme officiel n’ose braver le très saint pape Jouzel et sa camarilla de cardinaux du réchauffisme d’origine humaine. Dans un siècle, nos descendants se moqueront de notre crédulité et de notre soumission à leurs injonctions politico-économiques fondées sur des données fantaisistes. En effet, occupées par des « marches pour le climat », les foules européennes culpabilisées et domestiquées ne pensent même plus à « marcher » contre la politique antisociale de leurs gouvernements.
Il est passionnant de soulever le tapis sous lequel la vérité est balayée. Et cela, précisément en appliquant le conseil d’un des plus grands falsificateurs de la vérité historique – le Colonel House – lequel manifestera son talent de manipulateur dans la démonstration qui suit des circonstances réelles dans lesquelles les États-Unis se sont finalement joints tardivement à la France et à l’empire britannique dans la guerre contre l’Allemagne et ses alliés, qui faisait déjà rage en Europe depuis trois ans.
Le Colonel House par lui-même
« Les petites gens de ce pays sont d’incurables et invétérés adorateurs de héros. Avec un slogan qui exprime leurs « vagues aspirations », on peut facilement les manipuler… »
Ce pseudo colonel conseillait d’imiter les chiens truffiers. Il fallait, disait-il, tenter de remonter aussi haut que possible à la racine d’un événement ou d’une décision. En tant que père Joseph d’un Président des États-Unis inconsistant, faible, influençable puis malade et finalement quasiment remplacé par sa femme, il était bien placé pour savoir à quel point il est facile de leurrer les contemporains. C’est donc en fin connaisseur qu’il a prononcé ces paroles ailées : « La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n’importe quelle idée jusqu’à sa source ».
La Belgique possède actuellement deux écrivains de stature internationale, issus – c’est le mot qui s’impose – de l’Internationale situationniste. Une génération les sépare.
Raoul Vaneigem est né en Belgique en 1934 et Jean-Louis Lippert au Congo en 1951. Tous deux se sont « tirés » de l’Internationale situ grosso modo pour incompatibilité avec les buts qu’elle en était venue à poursuivre et les moyens choisis pour y parvenir.
Ils suivent, dans leur patrie, des « parcours marginaux » (du point de vue de ceux qui pensent en file indienne). Si l’Académie Royale de Langue Française de Belgique a préféré offrir les sièges de Georges Simenon et de Simon Leys à des faiseurs à la mode plutôt qu’à eux, c’est son affaire.
L’affaire des véritables écrivains est, selon nous, de rester des politiques intègres en même temps que des artistes libres.
Si Jean-Louis Lippert, alias Anatole Atlas, alias Juan Luis de Loyola (Gary-Ajar n’a qu’à bien se tenir !) reste inconnu du grand public, ce n’est pas seulement à cause de l’ostracisme dont il est l’objet de la part des importants mais aussi du fait qu’à une pensée politique rigoureuse, articulée, cohérente et acérée, il allie un style flamboyant, où s’étirent, virevoltent, tournoient, tourbillonnent et se déploient avec une volupté jamais épuisée les métaphores qui font de lui le digne fils de Bosch, d’Ensor, de Somville et de Wilchar. Oui, des peintres.
Ce grand écart constitutif le rend difficile d’accès aux lecteurs superficiels ou pressés.
Un véritable écrivain, qui a mis sa vie en conformité avec ses principes et qui a des choses à dire, cela se mérite Messieurs-Dames ! (Oh, on va se faire agonir par les Me-Too….)
Bien sûr, il s’agit aujourd’hui d’un livre publié pour la première fois en 2011 mais sous une forme inhabituelle et en très peu d’exemplaires :
Jean-Louis Lippert
AJIACO
L’auteur et son ouvrage d’origine au format A3, deux ou trois kilos tout déshabillé
C’est lui qui sort aujourd’hui dans un format accessible au peuple :
Jean-Louis Lippert
AJIACO
Les éditions du CEP
26, avenue des Oiseaux
6001 Marcinelle
Septembre 20°18 – nbre de pages inconnu (ah, les éditeurs !)
ISBN : 978-2-39007-044-3
Format : 15 x 21 cm
24 €
« Une immense leçon d’écriture et de liberté » (le CEP)
Le même figuier tropical qui, voici quelque 500 ans, vit accoster Colomb sur la plage cubaine de Baracoa, y serait le témoin du pacte faustien qui déterminerait l’histoire du dernier demi-siècle, ayant eu pour objet cet ultime continent de la planète à coloniser : le cerveau…
La marchandisation du globe requérait une irradiation des esprits trouvant son accomplissement dans l’assassinat de l’aède, nous dit le Jaguëy, pour qui l’ère atomique a fait naître un 13ème signe du zodiaque. La signification symbolique de ce champignon céleste, générateur de mille ténèbres, ne peut faire oublier combien l’usage de champignons terrestres fut consubstantiel aux transes et délires chamaniques…
L’inspiration des ancêtres n’engage-t-elle pas une fission nucléaire dans la matière même du verbe, irradiant la parole de l’aède ?…
Ce sont de telles outrances mentales qu’AJIACO (pot-au-feu dans la tradition cubaine) oppose aux démences des propriétaires du monde : l’alliance du crime organisé, de la finance et des polices de l’ombre ayant eu pour laboratoire le Cuba de Batista…
Comme personnage romanesque, un aède grec fut créé en août 1993. Plusieurs ouvrages ont depuis lors attesté son existence, mais il s’en est fallu d’un quart de siècle (et l’actuelle hypnose collective hallucinant les consciences aux sons du clairon et du canon), pour qu’advienne enfin la possibilité de faire entendre son chant cosmythologique…
Si la valeur d’usage devient négative et la valeur d’échange absolue, le chant de l’aède a valeur d’échange nulle et valeur d’usage infinie… Quand le capital – ce travail mort – tyrannise la force de travail vivante, les réminiscences posthumes de l’aède invitent à se réapproprier la vie grâce à la parole des morts…
Homère et Joyce, resurgis du royaume des ombres, mèneront donc ici l’enquête sur ce fait majeur d’une époque : une mise à mort le 16 juin 2004 – jour centenaire du Bloomsday.
« J’ai voulu créer une image mentale de l’Univers » : c’est ainsi que débute l’entretien enregistré chez Jean-Louis Lippert à l’occasion de la parution de son dernier livre Ajiaco. Ce long texte épique qui pourrait constituer le troisième volet d’un triptyque dont les deux premiers seraient l’Ulysses de Joyce et l’Odyssée d’Homère*, à moins qu’il n’en soit une nouvelle version, celle du troisième millénaire.
Essayez de vous procurer ce livre rare (il a été tiré sous couverture artisanale à une centaine d’exemplaires qui sont autant de collectors) : vous entreprendrez, en le lisant, un voyage hypnotique dans l’univers poétique de Jean-Louis Lippert, qui à la façon de Pessoa, multiplie les identités. Il signe Anatole Atlas ou Juan-Luis de Loyola les livres qu’il ne publie pas sous son nom Jean-Louis Lippert, ou les nouvelles que publie la revue MARGINALES dont il est un contributeur régulier.
Si vous ne trouvez plus le livre dans son édition originale, vous le trouverez en pdf sur le site de Sphérisme. [Et maintenant en édition courante, ndGO]
Entrez dans l’univers de celui dont la poésie jette une lumière impitoyable sur un monde où il semble avoir été projeté comme un météorite, dont il a conservé la fulgurance.
Edmond Morrel
Nous avions demandé à Richard Miller d’évoquer l’oeuvre de Jean-Louis Lippert. Cet entretien est toujours disponibles sur espace-livres.be.
Les ouvrages de Jean-Louis Lippert sont disponibles dans les catalogues de différents éditeurs, sans compter les nombreuses nouvelles inédites parues dans la revue MARGINALES.
Oeuvres parues sous le nom de
Jean-Louis Lippert
Pleine lune sur l’existence du jeune bougre, Messidor, Paris, 1990 Mamiwata, Talus d’approche, Mons, 1994 Dialogue des oiseaux du phare – Maïak I, Luce Wilquin, Avin, 1998 Confession d’un homme en trop – Maïak II, Luce Wilquin, Avin, 1999 L’Affaire du Satan de Stan, Talus d’approche, Mons, 2000 Tango tabou de l’Ombu – tohu bohu, Luce Wilquin, Avin, 2002 Tombeau de l’aède – César contre Césaire, Luce Wilquin, Avin, 2005 (lien externe vers ces livres). Hors l’enclos sous le joug, Sphère Convulsiviste, 11 septembre 2011 Ajiaco, Miroir Sphérique, novembre-décembre 2011, juin 2012
Anatole Atlas
Manuscrits de la Mère-Rouge, Sphère Convulsiviste, 1985 Autopsie du XXe siècle, Sphère Convulsiviste, 1986 Transe pour retrouver le sens du devenir, Sphère Convulsiviste, 1987 L’au-delà est là, Sphère Convulsiviste, 1988 Mémoire du Temps, Sphère Convulsiviste, 1990 De la Belgique – Phénoménologie de l’absence d’esprit, Luce Wilquin, Avin, 2000. (lien externe vers ce livre). Global Viewpoint – Le point de vue d’Homère sur la face cachée du Monde, Maelström, Bruxelles, 2003 Encyclique des nuages caraïbes, Maelström, Bruxelles, 2005. Bookleg #8 disponible à la librairie maelström. et un extrait est disponible en PDF (lien externe).
Juan-Luis De Loyola
Fragments pour que noblesse oblige – adresse aux fistons de Tonton, Luce Wilquin, Avin, 2001
* Un jour qu’on aura le temps, on racontera à Jean-Louis Lippert et peut-être à vous comment l’Odyssée « d’Homère » a pu être contée ou chantée – et non écrite – par une jeune fille sicilienne issue de ces Grecs d’Orient ioniens dont provenaient Homère lui-même et Sapho, deux ou trois siècles après la mort du barde.
« Qu’attend l’Académie pour – ainsi qu’elle le fit avec Véronique Bergen – audacieusement accueillir Lippert en son sein » ?
Hé, c’est qu’elle a « audacieusement » (le mot est faible) choisi d’y accueillir plutôt la très avisée marchande et mondaine Amélie Nothomb, qui a non moins audacieusement choisi son discours d’intronisation pour lancer quelques coups de pied de l’âne, si on ose ainsi parler, à l’auteur qui dérange, exclu de toute visibilité par les gensaupouvoir.
Sans surprise pour personne, Le Carnet et les Instants (« Revue des Lettres belges francophones », c à d. organe du Ministère des Lettres Françaises de Belgique) se contente de saluer cette publication d’un spartiate…
(réédition) Ajiaco Lippert, Jean-Louis Ed. du CEP 728 p. ; 15 x 21 cm 24,00 € ISBN : 978-2-39007-044-3
… dépouillé comme un lapin.
On sait toujours en hauts lieux où sont les obéissants et où sont les autres.
Les autres, qui ne se laissent cependant pas toujours piétiner sans mordre :
AMPOULE POUR ÉLUCIDER LE GLOBE
Manifeste convulsiviste à déclamer par Melle Amélie Nothomb
lors du prochain Salon du Livre au château de Grignan
I = MC²
Pas de semaine sans qu’un festival n’exhibe l’équipe nationale belge de littérature, dûment chapeautée sur les foires du bavardage mondain. Mais imaginerait-on qu’en football existât une formation représentative clandestine, occultée par les délégations officielles en raison même de ses exploits inavouables ?…
De l’Epopée de Gilgamesh à telle Mélopée contemporaine, la plus haute mission de l’écriture – ce pourquoi ses enjeux sont voués à des limbes invisibles – n’est-elle pas de produire une vision globale révélant la face cachée du monde : vision globale dommageable pour l’image à laquelle un certain rapport social réduit le rôle de l’écrivain ?…
C’est donc tout un que seuls puissent paraître ce rôle et cette image, nul autre rapport social n’étant imaginable ; et que doive disparaître la vision globale mettant en question cette image et ce rôle, parce qu’elle envisage possible un rapport social différent – grâce à l’Œil imaginal…
Il en résulte une alternative : soit ce qui précède est dénué de sens, et ne mérite que l’ombre de l’espace public ; soit ce manifeste s’inscrit dans une guerre du sens où devrait être rendue publique une équation jumelle de celle formulée par Einstein, mais pour définir l’Information :
I = MC², la masse étant remplacée par le mana que multiplie la vitesse de la lumière au carré…
Cette lumière et ce mana (la véritable Information), sont davantage les apanages de l’héroïque nation des déracinés déshérités dépossédés disqualifiés du globe – innombrables naufragés de Kapitotal -, que de ses naufrageurs paradant sous de fausses lumières sur le pont des premières d’un navire en eaux peu profondes, mais dont le sort est moins enviable que celui du plus misérable esquif en Méditerranée…
N’est-ce pas un oubli des plus significatifs, que celui du bicentenaire du Radeau de la Méduse par le tour Panoptic ?…
Car il en va d’une fission nucléaire en plein boom planétaire : celle de l’individu atomisé par marché de la guerre et guerre du marché….
Donc, de la contradiction chaque jour plus antagonique entre logique dominante (paix au Château, guerre aux chaumières), et dialectique de totalité (guerre au Château, paix aux chaumières).
A.A.
Dimanche 1er juillet 2018
AMPOULE POUR ÉLUCIDER LE GLOBE (IV)
Flash Ball Dance
« Je suis inventif, dit Price. Je suis créatif, jeune, sans scrupules, motivé et performant. Autrement dit, je suis indispensable à la société. Je suis ce qu’on appelle un atout. »
Bret Easton Ellis, American Psycho
Si l’on n’oublie pas que le dernier mot de cette citation se dit « trump » en anglais, dès la première page d’un best-seller mondial publié en 1991 se trouvait brossé le portrait d’un homme né cette année d’avant le déluge : Alexandre Benalla…
Avant même sa venue au monde, l’essentiel était écrit sur le Disc Jockey responsable en Electronic Dance Music de l’Élysée, coupable d’avoir le 1er Mai dernier, casqué telle une rock star, enfreint le protocole en invitant à une Flash Ball Dance improvisée, de manière jugée disruptive, un couple de jeunes émeutiers sur la place de la Contrescarpe…
Si le nom d’escarpe désignait jadis un malfaiteur, est-il étonnant que ce redresseur de torts, dont la carrière explosait sur les scènes publiques depuis qu’un canular lui avait attribué le titre de lieutenant-colonel de la gendarmerie, se soit substitué aux gardiens de la paix pour imposer l’ordre de la République ?…
Cet humour déjanté fut si peu goûté par une grande part des médias, de la préfecture de police et de l’Assemblée nationale, que l’on crut bon d’en faire un scandale d’État. Mais les divertissements contemporains, rythmés par la musique techno, n’autorisent-ils pas le déchaînement d’une violence outrepassant celle des CRS ? Contre la délinquance dont faisaient preuve ces manifestants, n’est-il pas salutaire que les citoyens se muent en garde prétorienne pour sauver du pillage les vitrines des géants du faux luxe LVMH, Kering, Hermès – donc la croissance de leurs profits à 50 % ? Et dans ce but, à l’échelle planétaire, la confusion entre acteurs civils, policiers et militaires n’est-elle pas devenue la norme ?… Un monde appartenant à des pieuvres n’ayant de comptes à rendre qu’aux actionnaires exige, auprès de leurs fondés de pouvoir gérant les États, des milices privées de barbouzes à oreillettes aussi efficaces par un look d’appartenance à la race élue dans les videogames, que par une force de frappe réelle contre toute résistance des damnés. Pour obtenir une servitude librement consentie, la frontière est devenue poreuse entre showmen et policemen. Ainsi les performances d’un DJ recueillant plusieurs millions de followers, promises à être aussitôt scénarisées dans une série télévisée, relèvent-elles de la construction de situation prônée par la dernière avant-garde artistique…
Plus encore que ses devanciers, Baby Mac n’assume-t-il pas l’héritage du légendaire conseiller de Mitterrand Jacques Pilhan, dit le sorcier de l’Élysée, qui affichait ouvertement son admiration pour La Société du Spectacle de Guy Debord ? Ce qui s’est joué dans le pugilat idéologique à l’origine du capitalisme dionysiaque : la subjectivité radicale propre au situationnisme, contre le structuralisme et sa négation du sujet…
« C’était l’élite, c’était la pègre », écrivait René Viénet des Katangais, ces mercenaires ayant fait le coup de main en Mai 68, dans un ouvrage de référence magnifiant la geste héroïque dont Baby Mac se veut l’héritier des deux côtés de la barricade. En même temps « de gauche » et « de droite », comme à la fois de la racaille et de la flicaille…
L’image réversible du caïd et du rebelle fut popularisée sous les traits de Belmondo, dans le cinéma produit par Gérard Lebovici. La nouvelle idéologie dominante s’incarne depuis trente ans dans le personnage du flic voyou transgressant les mœurs bourgeoises conventionnelles. Belmondo genuit Bernard Tapie, qui genuit Baby Mac et Alexandre Benalla : ce qu’une introuvable œuvre littéraire aurait pu révéler…
Cette œuvre eût désigné Kapitotal et les clergés de la tour Panoptic…
Seul pareil éclairage éluciderait la scène, autrement inimaginable, d’une investiture présidentielle dans la cour du Louvre, sous une pyramide où la petite frappe analphabète issue des bas-fonds guiderait Jupiter en sa montée de l’Olympe, au son d’un Hymne à la Joie dont les paroles de Schiller clameraient « Ô Joie, belle étincelle divine, fille de l’Élysée »…
Seule cette vision globale eût délivré le sens d’absurdes séquences au cours desquelles un émule de Rothschild, ayant fait son magot grâce à Nestlé, somme les jeunes paumés de se rêver en milliardaires non sans railler « ceux qui ne sont rien », tout en fustigeant le « pognon de dingues » jeté dans les égouts de la sécurité sociale. Une telle œuvre eût fourni l’exégèse d’une suppression de l’impôt sur la fortune et d’un combat sans précédent contre les privilèges des ouvriers, paysans, employés, artisans, infirmiers, enseignants, fonctionnaires et chômeurs : attentats terroristes requérant une garde rapprochée des plus musclées…
Celle-ci ne devait donc pas être trop inquiétée après la Flash Ball Dance du 1er Mai. Quoi de plus légitime, dans la bouche du barbouze, que « le préfet j’l’emmerde », lors du retour des Bleus sur les Champs-Élysées ?…
Si Baby Mac s’est emparé du Graal des vieilles chevaleries errantes pour la raison que fut anéanti leur héritage littéraire, n’avait-il pas le droit de s’abreuver à la Coupe du Saint-Sang sur le perron de l’Élysée ? Sa peau fut alors si translucide au regard de l’Œil imaginal, qu’il eût vu circuler dans ses veines le sang qui s’écoulait du crâne de ses victimes. Le déconcert de Baby Mac avec la République jusqu’ici ne s’apercevait à presque rien, mais se pressentait en presque tout. Quelque chose, difficile à définir, fermentait…
La messe noire du chevalier blanc vient de le faire déglutir : « Vous me faites rire ! N’avez-vous pas compris que je dirige une révolution ? Les sbires dont je m’entoure ont le devoir de porter un couteau entre les dents ! » …
L’Œil imaginal voit deux gerbes d’hémoglobine tricolore lui sortir en même temps par le globe oculaire gauche et par le globe oculaire droit.
Le 1er août 2018
Pour faire plus ample connaissance avec l’auteur :
Eric Brogniet
Jean-Louis Lippert – aède, athlète, anachorète
Avin (B) Éditions Luce Wilkin
212 pages ISBN 2-88253-233-4 EUR 20.
Présentation de l’éditeur :
Jean-Louis Lippert (né en 1951) serait une figure majeure de la littérature belge de langue française s’il en faisait partie. Refusant les faux-semblants, les stratégies, les discours d’un microcosme littéraire – qui le lui rend bien en ignorant l’apport fécond qui est le sien -, Jean-Louis Lippert tire de son histoire personnelle qui l’a fait naître en Afrique une décennie avant l’indépendance du Congo et l’assassinat de Lumumba une partie de la matière de ses récits, sur laquelle se greffe une critique radicale de la société de consommation et du monde post-moderne. Échappant par cette histoire problématique aux travers de la plupart des écrivains, Lippert, partagé entre deux continents et deux cultures, est comme le symptôme de la problématique belge ; son mérite est de la replacer dans une perspective critique et de ne pas évacuer la douleur du questionnement, fût-ce au prix de la solitude, de l’intransigeance et de la liberté de pensée. Première monographie consacrée à ce romancier belge.
Biographie de l’auteur
Poète et critique littéraire, auteur d’une vingtaine de livres de poésie ainsi que d’un essai sur la poésie arabe contemporaine, Éric Brogniet (1956) est co-directeur de la Maison de la Poésie et de la Langue française de Namur (Belgique)
Là, en revanche, on n’est pas à la bourre et on reste chez les ex-situs, puisque Alice Becker-Ho est la veuve de Guy Debord. Mais elle n’est pas que cela, et il n’est pas interdit de penser que le travail qu’elle fait depuis quelques années sur la langue française est plus important que sa participation, et celle de ses ex—compagnons de route, à la Révolution qui recule… qui recule… comme le château de la Belle au Bois Dormant.
Dans un pays dont le président en papier kraft crache sur le génie de son pays pour se vautrer aux pieds de toutes les fausses valeurs qui passent, la très profonde perception qu’a cette femme à moitié allemande et à moitié chinoise de l’essence même (d’aucuns diraient l’âme) de la langue française, dans ce qu’elle a de plus mouvant, de plus dynamique et de plus vivant, est unique.
Car les ballades en jargon dont il est question dans ce livre n’ont jamais été, avant elle, véritablement décryptées par personne, pour l’excellente raison qu’elles étaient, à l’origine, destinées à communiquer des choses qui ne pouvaient – qui ne devaient ! – être comprises par personne et surtout pas par les archers du guet et autres sbires au service de l’État ou de l’Église. Il leur fallait par conséquent transmettre à mots couverts des informations dont dépendait souvent la vie ou la mort d’un ou de plusieurs hommes (ou femmes) et changer de forme et de couleur aussi rapidement et imperceptiblement que les dangers l’exigeaient. Langage mouvant, donc, en trompe-l’œil et essentiellement dynamique.
À force de patience, d’intuition et d’une minutie de bénédictin, Alice Becker-Ho réussit à en faire saisir la signification d’oiseau sur le qui-vive, toujours prêt à l’envol.
Illustration de couverture : Charles Vincent
Paris, L’Échappée, 2018, 110 p.
14 x 20,5 cm |
14 euros isbn 9782373090468
Présentation de l’éditeur :
Poète et voyou, tel fut François Villon, dont l’œuvre en vers a parfois occulté son appartenance aux Compagnons de la Coquille, une bande de malfaiteurs qui sévissait dans la France du XVe siècle. Des aventures périlleuses qu’il vécut avec eux, il retira un ensemble de ballades écrites en jargon ou en jobelin, l’ancêtre de l’argot. Adressées sous forme codée à ses camarades, ces dernières ont fait l’objet de nombreuses tentatives d’interprétation, souvent fantaisistes. Ce « langage exquis », fait de conseils toujours valables pour les jeunes gens de mauvaise vie, est ici décrypté, mettant en lumière la part maudite du poète.
ouvert du mardi au samedi de 13h à 20h 23 rue Voltaire 75011 Paris quilombo@globenet.org
01 43 71 21 07
fax 09 55 63 23 63
Grain de sel inutile, mais ça défoule :
Il nous plaît que l’auteur épingle au passage Robert-Louis Stevenson, qui s’est rendu coupable d’une « biographie » de François Villon, où il défend un dogme aussi victorien que prudhommesque : quand on est voleur, on ne peut pas être poète, ergo, Villon n’est pas un poète. Notion qu’il a pour ainsi dire copiée sur un autre biographe, Français, de son temps, heureusement resté anonyme (non, ce n’était ni Bouvard ni Pécuchet). Il y a des gens qui feraient mieux de tourner sept fois leur plume dans l’encrier quand ils ont envie d’écrire des sottises.
Avant ce dernier opus, Alice Becker-Ho avait déjà consacré deux livres au jargon :
Les princes du jargon
Gérard Lebovici (12 septembre 1990)
Collection : Champ Libre
77 pages
ISBN-10 : 2851842277
ISBN-13 : 978-2851842275
Une étude comparée des argots des classes dangereuses à travers une dizaine de pays d’Europe et d’Amérique met en lumière les influences communes qui, voilà déjà plus de cinq siècles, avaient favorisé leur formation. S’y trouvent ainsi établies l’étymologie et la véritable signification de mots devenus aussi courants qu’arnaque, cave, came, toc, tapin, boudin, micheton, thune, dèche, rousse, poulaille, vache, tabasser, mouton, mais aussi bistrot, flamenco, fado, cocu, racket, tchao, mafia, chicane, pagaille, rôdeur ou camarade…
Édition actuelle :
Poche : 160 pages
Folio (2 février 1995)
Collection : Folio-Essais
Langue : Anglais, Français
ISBN-10 : 2070328481
ISBN-13 : 978-2070328482
Dimensions : 17,8 x 10,8 x 1 cm
L’essence du jargon
132 pages
Gallimard (3 juin 1994)
Collection : Hors série
ISBN-10 : 2070738930
ISBN-13 : 978-2070738939
Dimensions : 20,5 x 14,1 x 1,2 cm
« Les Princes du Jargon ont paru d’abord en septembre 1990. Cette étude a fait date tout de suite, parce qu’elle mettait en lumière un point décisif que personne n’avait su voir jusqu’ici : l’apport des Gitans, depuis leur venue dans l’Europe du XVe siècle, au langage secret des classes dangereuses organisées, qui se formaient à cette époque. Cette pièce manquante, mais essentielle, apportait enfin tous les éléments pour l’établissement de véritables étymologies argotiques. La langue des Gitans apparaît donc comme une langue mère – équivalent de ce que furent le latin et le grec aux origines du français – avec cette nécessaire particularité, liée aux classes dangereuses, qu’elle était longtemps restée, elle-même, étrangère et impénétrable aux premiers linguistes. Tout langage codé peut être décrypté, du moment qu’on en possède la grille. Il y a presque deux siècles que cette grille est entre les mains de ceux qui sont devenus depuis les tsiganologues, sans qu’ils aient su pour autant en faire usage, faute de connaître les classes dangereuses. [… ] L’Essence du Jargon montrera, à travers l’esprit même des classes dangereuses, comment et pourquoi ce langage spécial se distingue de tous les autres ; pourquoi justement, à partir d’une première découverte, comme celle que j’ai fait apparaître dans Les Princes…, on peut mettre en lumière qu’il a existé plusieurs autres grandes influences presque aussi méconnues ».
Alice Becker-Ho.
Pendant qu’on y est, on ne va pas se priver de ce que son étude inspire à un amoureux, comme nous, du plus grand poète français.
« Villon n’a nullement besoin, pour qu’on l’admire, écrivait Francis Carco dans Nostalgie de Paris, d’être déguisé en mauvais garçon : il en fut un. […] Pour peser le bien et le mal de cette existence, pour que la somme du bien l’emporte sur le mal, de quelles balances – ajoutait-il – pourrions-nous faire usage sans les fausser ? » Ce jugement, Alice Becker-Ho le fait sien dans l’épilogue de sa Part maudite dans l’œuvre de François Villon, en notant au passage qu’on lui aura tout reproché, surtout la gent spécialiste, celle qui, du bout de la plume et en se bouchant le nez, n’a d’autre fonction que de disqualifier la parole insoumise. Car si « le fait que Villon ait été socialement un voleur et un assassin n’enlève – ni n’ajoute rien – à l’authenticité et à la réussite de son lyrisme », comme le pointa justement Guy Debord [1], il fallut attendre quelques siècles pour qu’Auguste Longnon, en 1877, et surtout, dans la foulée et avec une belle constance, Marcel Schwob [2], esprit libre et érudit, réhabilitent, dans son art et son temps, l’œuvre inégalée du voyou lyrique François Villon.
Alice Becker-Ho – « poète, essayiste et traductrice », comme dit sobrement la quatrième de couverture de ce beau volume – s’applique, de livre en livre [3], à sa manière très singulière, transversale et comparative, à contrarier la cohorte des experts en tout, et d’abord en fourvoiement. Elle avance à visage découvert, citant ses sources et situant toujours, sans le surcharger de savoir cumulatif et inopérant, le champ historico-linguistique qu’elle étudie très méthodiquement. Ce qui frappe, en effet, en la lisant, c’est sans doute ce pari de légèreté, toujours tenu. Chez elle, on va à l’essentiel. Sans surpoids. Sans appareil critique obèse. Sans tours et détours. C’est sa démarche, sa marque aussi. Elle tient du déchiffrage, de l’éclaircissement, du décodage et de la traduction. On ne doute pas qu’elle continuera d’exaspérer, avec son Villon, quelques besogneux de l’expertise. On le lui souhaite en tout cas.
Réflexion oiseuse d’une béotienne…
Tout le monde considère comme allant de soi que François Villon, étudiant dévoyé, a choisi de devenir un garçon de mauvaise vie par disposition naturelle au vice… Je me suis toujours demandé, personnellement, s’il n’avait pas fait ce choix délibérément, pour simplement rester en vie.
Qui a jamais fait le lien entre le meurtre d’un prêtre – en état de légitime défense ! – et son entrée dans la pègre ?
Maître François est attaqué au couteau par un autre jeune homme, jaloux de la demoiselle qu’il courtise. L’autre est prêtre, il ne devrait pas, mais la nature, etc… L’escholier agressé se défend et le tue (Shakespeare est plein de ce genre d’histoires, et un peu plus tard, Étienne Dolet commettra le même genre de meurtre dans des circonstances identiques).
Tuer un prêtre, au Moyen-Age où la notion de légitime défense n’existe pas, voue avec la plus absolue certitude à la mort. L’escholier meurtrier veut vivre. Il est juriste. Il sait donc qu’il n’existe qu’un seul moyen d’échapper aux lois de l’Église et de l’État : entrer dans la pègre, qui a ses lois à elle. Pour s’en faire protéger, comme pour entrer aujourd’hui dans l’une ou l’autre mafia, il faut donner des gages – qui vous lient sans retour.
François Villon a-til ou n’a-t-il pas engendré la Révolution française en posant ce tout premier acte d’égalité ? Ou si c’est moi qui me fais des illusions ?…
Théroigne
Restons dans la famille d’Alice…
EN GUISE DE POST SCRIPTUM
Debord, l’homme qui n’aimait pas les femmes
Causeur – 14 novembre 2015
Interview de Jean-Marie Apostolidès
Propos recueillis par Daoud Boughezala et Henri Graetz
Jean-Marie Apostolidès enseigne la littérature et le théâtre à l’Université de Stanford. Il vient de publier Debord. Le naufrageur (Flammarion, 2015).
On n’allait pas parler des autres sans parler de lui
Car lui aussi sort un livre. Enfin… a sorti, en mai. Vous êtes juste à temps pour le lire au coin du feu !
Raoul VANEIGEM
Propos de table – Dialogue entre la vie et le corps
352 pages
Cherche Midi (3 mai 2018)
ISBN-10 : 2749155738
ISBN-13 : 978-2749155739
Dimensions : 12,1 x 2 x 22,1 cm
« Souviens-toi de vivre. » R. V.
Voici un livre en rupture avec la plupart des idées qui depuis des siècles gouvernent les opinions et les comportements. Issu du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, il pousse plus avant la réflexion sur la subjectivité radicale et sur le renversement de perspective. Comme toute remise en cause, les Propos de table se heurteront au poids des préjugés et à la prétendue réalité qui a modelé nos mœurs, nos conceptions, notre vision du monde. « Vous possédez l’enclume et le marteau des préjugés qui forgent vos chaînes et les miennes. Je n’ai pour les scier qu’une lime à ongles dont seul le va-et-vient sans cesse répété obtiendra de les entailler et de les rompre. »
Et parce qu’on n’allait pas non plus s’arrêter en si bon chemin, on vous présente, si vous ne le connaissez pas encore, un auteur non pas belge mais français, qui est même aussi un cinéaste, et qui sort, le 6 décembre – juste à temps pour les fêtes sinon pour les prix dits littéraires… – le deuxième tome d’un livre qui lui tenait particulièrement à cœur et qu’il vient d’achever.
Jean CHÉRASSE et la Commune de Paris
« LES 72 IMMORTELLES »
Jean Chérasse lors de son intervention au colloque « Henri Guillemin et la Commune » le 16 novembre 2016 à Paris Sorbonne.
Jean Chérasse est un producteur-réalisateur de cinéma et un auteur, qui anime, depuis bientôt douze ans, sur Médiapart, le blog « Vingtras ».
Dans un billet posté pour le 10e anniversaire de ce blog, il disait :
« En 2009, atteints de la “maladie de Sarko”, nous étions nombreux à nous exprimer comme l’avait fait Guy Debord en 1953* : “Tout programme révolutionnaire devra d’abord s’aligner sur une certaine idée du bonheur opposée aux étouffantes valeurs du présent, garanties par une société de prisons”. Autrement dit, il ne suffit plus de s’indigner, non seulement il ne faut rien lâcher mais il faut se révolter…
Ainsi, ai-je décidé de consacrer les dernières années qui me restent à vivre, à faire table rase de la politique politicienne et du militantisme obsolète et inutile pour me replonger dans les sources des grandes heures de l’émancipation humaine. »
Depuis qu’il s’est vu retirer son pavillon panaméen, le repêcheur de migrants Aquarius (Verseau) est techniquement un vaisseau pirate. Des élus suisses militent pour qu’il soit frappé de la croix blanche. Les arguments émotionnels accaparent le débat. Or on a assez vu, ces dernières années, où les émotions médiatisées ont mené les démocraties pour y réfléchir à deux fois.
Partie I : Le verso du Verseau, ou les zones d’ombre de l’Aquarius
Juridiquement, le Panama est dans son droit. Même le secours en mer obéit à des règles, et l’Aquarius les a enfreintes.
Politiquement, il n’est de loin pas sûr que l’émotivité de nos belles âmes soit partagée par une majorité de la population. Pourquoi le Conseil fédéral devrait-il ignorer à la fois la loi et le sentiment populaire pour venir au secours de cette entreprise franco-allemande?
Car l’Aquarius n’est pas une voile solitaire. Il y a derrière lui une flotte de dix navires, des sponsors puissants, dont les organisations Soros, et des infrastructures complexes chapeautées par l’organisation SOS Méditerranée, créée pour l’occasion. Depuis 2016, selon le site de l’ONG, des centaines de milliers de personnes ont emprunté cette passerelle.
De tels chiffres relèvent de la démographie et non des fortunes de mer. Justifier l’activité de cette flottille en invoquant les lois régissant l’aide aux naufragés depuis le Moyen Age est une mignardise romantique assez étrange. On peut aller à la pêche avec une canne ou un filet dérivant derrière un chalutier, mais est-il honnête de confondre ces deux outils ?
Il convient donc d’ouvrir les yeux. A tous les échelons de cette initiative, on parle allemand. Allemand, Klaus Vogel, le fondateur de SOS Méditarranée et capitaine de l’Aquarius. Allemand l’armateur, une Sàrl de Brême… dont les gérants seraient deux retraités tenant une pension de famille ! Qui croira que ce sont les vrais patrons de ce navire dont l’entretien coûte 11.000 € par jour, sans les salaires (selon le site de l’ONG) ? Auparavant, l’Aquarius appartenait aux gardes-côte allemands, l’un des outils de Frontex (l’agence garde-frontière de Schengen). Tiens donc… et SOS Méditerranée est présidée par l’armateur Francis Vallat, ex-vice-président de l’Agence européenne pour la sécurité maritime, qui travaille en étroite collaboration avec Frontex. Purs profils d’humanitaires !
De là à voir dans l’Aquarius le cheval de Troie d’une opération de RP visant à remplacer la filière terrestre politiquement grillée par une voie plus acceptable (et surtout moins visible) d’importation de migrants, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Nous noterons simplement que Mme Merkel a voulu et déclenché cette migration sans consulter personne, que cette décision lui a coûté très cher et que s’il est un pays qui doit offrir son pavillon à l’Aquarius, c’est bien son pays d’origine ! Voire la France, qui en déstabilisant la Libye a ouvert la bonde au sud de la Méditerranée. Mais la fixation sur l’Aquarius étouffe la réflexion sur les responsabilités réelles de ce mouvement de populations qui est en train de faire éclater l’Union européenne.
Ces arguments, je sais, ne décourageront en rien nos belles âmes. J’ai publié jadis une belle enquête de Maria Pace Ottieri sur les premiers boat people débarquant en Italie. La journaliste les abordait avec sympathie, mais à partir de leurs destinées individuelles, non du point de vue de la statistique ou de la morale. Le livre n’a intéressé personne chez nous. Le visage réel de ces gens demeure toujours aussi flou. Ce qui « nous » intéresse, c’est uniquement l’usage qu’on peut faire d’eux dans nos affaires internes.
L’urgence humanitaire justifie tout ! C’est ainsi qu’à la tête de nos avocats de l’Aquarius on trouve un tartuffe qui peut à la fois donner aux Suisses des leçons de morale humanitaire et se faire payer des voyages à Abu Dhabi par un « ami » faisant partie, selon la presse espagnole, d’une famille liée au trafic d’armes… Il serait intéressant d’avoir son opinion sur la moralité de la chose.
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(Article publié ce même 21 octobre 2018 dans Le Matin Dimanche).
Pour lire la suite, il faut vous abonner au Drone de l’Antipresse. Certes nous préconisons la gratuité sur Internet, mais… nous sommes retraités. Que notre retraite soit cossue ou infime, nous n’avons pas que le droit mais la possibilité d’en faire ce que nous voulons, nous privant au besoin de ce que nous pouvons larguer. Il n’en va pas de même pour ceux qui sont plus jeunes et doivent gagner leur vie. À fortiori quand ils la gagnent en se consacrant à des entreprises telles que faire la lumière sur ce que l’auteur appelle fort justement « une filière maritime qui s’apparente à de la traite négrière ». – Ah, le nombre incroyable d’ONG « humanitaires », Soros en tête, qui trempent dans ce juteux « trafic de bois d’ébène » new look ! – Mettre au jour les buts secrets et les rouages qui portent dommage à la fois aux victimes de la traite et aux ingénues populations que l’on rend complices du crime en les prenant au piège de leurs principes les plus altruistes, est une entreprise ardue et de longue haleine. De telles entreprises méritent que vous vous aidiez vous-mêmes en les aidant. ABONNEZ-VOUS.
Où il est également question d’immigration et de gens qui n’en veulent pas…
Avertissement aux juifs
Israël Adam Shamir – Entre la plume et l’enclume – 3.11.2018 Traduction : Maria Poumier
J’hésitais à écrire sur la question, tant que les morts de Pittsburgh n’étaient pas encore enterrés. Je sais, c’est une considération inappropriée, pour les mandarins du militantisme. Les juifs US ont accusé le président Trump, et les juifs israéliens ont accusé les Palestiniens mécaniquement, avant même que les victimes soient déclarées bien mortes. Cependant, on ne peut rien dire de sensé tant que les morts ne reposent pas sous terre. C’est maintenant que l’on peut débattre des responsabilités des uns et des autres.
L’homme qui a tué onze juifs à Pittsburgh l’a fait pour faire entendre son opposition à l’immigration. S’il avait été autorisé à dire cela sur sa page facebook, au lieu de se retrouver avec un compte bloqué, ces personnes âgées seraient encore en vie. Si le New York Times permettait que s’expriment et soient discutés les sentiments anti-immigration sur le papier au lieu de les priver de toute légitimité, ces vieux messieurs seraient encore en vie. C’est l’obstacle à toute expression d’opinions qui ne soient pas ultra libérales responsable de la pression refoulée qui a jeté un homme déjà dérangé dans la folie furieuse.
Quand il n’y a pas un journal, pas une chaîne de télé, pas une page Facebook qui disent ce que vous avez besoin d’entendre dire, tôt ou tard ce sont les flingues qui vont parler. Et ce qui est sûr, c’est que les gens qui ont organisé ce mutisme massif et cette campagne de censure sont des gens assez fins pour s’attendre précisément à ce genre de sortie. De leur part, la surprise n’est certes pas de mise.
« …la recherche de la connivence avec celui qui tient le manche est toujours vouée à l’échec… »
« Privilégier la tactique au détriment de la défense des principes est toujours un très mauvais placement »
Qu’il le sache ou non… que cela lui plaise ou pas… Me Régis de Castelnau envisage le Droit à la manière de Robespierre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il nous intéresse tant. Il a même, dans l’important article qui suit, des accents qui rappellent Saint-Just…
« Tout le système judiciaire d’un pays démocratique repose sur la défiance qu’il faut avoir vis-à-vis de l’institution. »
Rencontre entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à l’Elysée, novembre 2017.
J’avais conclu mon précédent article relatif à ce que l’on va désormais appeler le « Mélenchongate » en prévenant le patron de la France insoumise qu’il allait vivre des moments assez difficiles et qu’il devait s’y préparer. A-t-il compris ce qui l’attend ?
Hier Fillon, aujourd’hui Mélenchon
On passera rapidement sur l’outrance maladroite de ses réactions, où il n’a pas compris que l’imprécation furieuse, registre où il excelle, n’était vraiment pas adaptée. Pas plus que ses attitudes précédentes face aux opérations judiciaires contre ses adversaires politiques. D’ailleurs, ses excès semblent le fruit d’une douloureuse surprise face à l’utilisation cynique de la violence d’État par le pouvoir. Comment ose-t-on infliger à Jean-Luc Mélenchon, pourtant consacré « adversaire et non ennemi » par Emmanuel Macron sur le Vieux-Port, le même traitement qu’à Sarkozy, Fillon et Le Pen ?
Depuis le temps, Jean-Luc Mélenchon, vous devriez savoir qu’en matière de justice politique, la recherche de la connivence avec celui qui tient le manche est toujours vouée à l’échec, mais également que l’innocence ne protège de rien. Là comme ailleurs, seul compte le rapport de force. Privilégier la tactique au détriment de la défense des principes est toujours un très mauvais placement.
Alors bien sûr, cher Monsieur Mélenchon, vos emportements ont permis aux gens d’en haut d’exprimer la haine qu’ils vous portent. Non seulement ce n’est pas grave mais cela va présenter quelques avantages. D’abord, ces gens-là, parmi lesquels tous les anciens amis du PS que vous essayez actuellement de débaucher, vous combattront toujours, quoi qu’il arrive, puisqu’ils ont définitivement choisi le camp d’en face. Quant aux couches populaires, celles à qui vous devriez vous adresser autrement qu’en enfilant les gilets de sauvetage de l’Aquarius, il y a longtemps qu’elles ne sont plus dupes et qu’elles savent très bien à quoi s’en tenir concernant l’attitude et les discours des serviteurs de l’oligarchie. À quelque chose malheur est bon, vous pourrez ainsi compter ceux qui vous ont soutenu dans l’épreuve.
Répétons une fois de plus que l’opération du 16 octobre, avec sa quinzaine de perquisitions, n’a probablement pas pu être organisée sans que le pouvoir exécutif soit au courant et qu’il ait pris lui-même la décision. Tout permet de le penser, à commencer, au-delà de l’expérience professionnelle, par l’utilisation du simple bon sens. Une opération de cette ampleur, le jour de l’annonce du remaniement, menée par le parquet et dirigée contre un des premiers partis d’opposition, sans que les services de la place Vendôme, et notamment le garde des Sceaux, soient au courant ? Sans que Madame Belloubet l’ait décidé en liaison étroite avec l’Élysée ? Une telle mobilisation policière sans que le ministère de l’Intérieur ne soit au courant et ait donné son feu vert ? Soyons sérieux.
Je ne pense pas m’avancer beaucoup en disant que la fameuse enquête préliminaire a déjà dû être fructueuse et que le parquet dispose d’un dossier bien étoffé. De la même façon, il me semble probable que la décision de l’ouverture de l’information judiciaire et la saisine d’un ou plusieurs juges d’instruction est déjà prise, et les magistrats instructeurs choisis. Lors du déclenchement de l’affaire Fillon par le Parquet national financier (PNF), tout le monde savait à l’avance, dans le monde judiciaire, qui serait le juge d’instruction désigné et que le candidat des Républicains serait immédiatement mis en examen.
La justice repose sur la défiance
Avec le grand cirque médiatico-judiciaire qui va se dérouler, le raid du 16 octobre va rapidement apparaître comme un léger hors-d’œuvre. Collection de convocations diverses et variées aux dirigeants et collaborateurs de la France insoumise – soit pour des mises en examen spectaculaires avec des qualifications sonores, de celles qui enjolivent les manchettes : « escroqueries en bande organisée, détournement de fonds publics en réunion, blanchiment de fraude fiscale », etc., soit pour des gardes à vue fatigantes dont les durées seront fonction des qualifications et pourront aller jusqu’à 96 heures… ; nouvelles perquisitions chez les mêmes, avec des écoutes téléphoniques tous azimuts ; la presse sera comme d’habitude scrupuleusement alimentée de copies partielles de procès-verbaux, de pièces de procédure de toute nature, de transcriptions trafiquées d’écoutes téléphoniques – il est d’ailleurs probable que les interlocuteurs privilégiés soient déjà choisis, l’officine Mediapart, fidèle et zélé petit télégraphiste du pouvoir étant bien sûr de la fête, et dans les médias la surenchère et l’effet de meute joueront à fond – ; et naturellement aussi, comme d’habitude, toutes les plaintes pour violation du secret de l’instruction (protégé, il faut le rappeler, par la loi), seront soigneusement rangées par le parquet avec les autres dans l’armoire prévue à cet effet. Rapidement couvertes de poussière, elles ne donneront jamais lieu à la moindre investigation.
Alors j’espère qu’à la France insoumise, on ne va plus entendre psalmodier l’incantation imbécile : « Il faut faire confiance à la Justice ! ». Tout le système judiciaire d’un pays démocratique repose sur la défiance qu’il faut avoir vis-à-vis de l’institution. Sinon, pourquoi avoir un avocat ? Pourquoi celui-ci doit-il disposer de prérogatives et de privilèges importants ? Pourquoi le double degré de juridiction, pourquoi la collégialité, pourquoi toutes ces règles de procédure ? Parce que l’on donne l’usage de la violence légitime de l’État à des hommes faillibles qu’il faut impérativement encadrer en rappelant qu’« ennemie jurée de l’arbitraire, la forme est la sœur jumelle de la liberté ».
Une affaire, une élection
Il y a ensuite l’autre incantation : « Mais puisqu’on n’a rien fait ! » Je partage depuis longtemps l’opinion du cardinal de Richelieu qui disait : « Donnez-moi deux lignes de la main d’un homme, et j’y trouverai de quoi suffire à sa condamnation. » Je sais bien qu’en France où l’on préfère l’ordre à la justice, prétendre que l’innocence ne protège de rien est blasphématoire, alors que c’est pourtant la réalité. Ce qui protège l’innocent, c’est le débat contradictoire dans le respect des règles et des principes fondamentaux, devant des juges impartiaux. On ajoutera que, dans les affaires politico-judiciaires, le risque est moins la sanction finale, si elle arrive un jour, que dans les mises en cause et le cirque médiatique qui les accompagne. Après son démarrage en fanfare, l’affaire Fillon a dormi paisiblement pendant près de deux ans. Les objectifs qui avaient justifié l’urgence initiale ayant été atteints avec l’élimination du candidat de droite. La particularité de ces affaires, et cela se vérifie à chaque fois, est que chaque emportement médiatique provoqué par des révélations opportunes issues des dossiers judiciaires est toujours directement corrélé à une actualité politique concernant les mis en cause.
Et c’est justement cette expérience de ce qui s’est produit pour Nicolas Sarkozy, François Fillon et Marine Le Pen, pour ne citer que les leaders politiques opposés au pouvoir de Hollande puis de Macron, qui permettent de faire ces prévisions. Mais il y a deux autres facteurs qui viennent nourrir ce diagnostic. Tout d’abord, Emmanuel Macron lui-même a délivré le verdict et annoncé à quelle sauce celui dont il avait dit qu’il n’était pas son ennemi va être dévoré. « L’autorité judiciaire est une autorité indépendante dans notre pays, et j’en suis le garant. Pour tout le monde. N’en déplaise à certains, il n’y a pas d’exception », a-t-il assuré. Invocation habituelle du mantra « indépendance » qui n’a aucun sens dès lors que l’on n’en fait pas uniquement le moyen de ce qui est essentiel à l’office du juge : l’impartialité. Le président de la République sait parfaitement à quoi s’en tenir : il dispose d’un haut appareil judiciaire qui n’a plus besoin de recevoir des ordres pour agir selon ses vœux. Il existe désormais des connivences sociologiques, politiques, professionnelles et idéologiques qui rendent en partie inutile la mise en place de courroies de transmission. C’est ici le deuxième facteur qui permet de prévoir ce qui va se passer. Dans la conduite des affaires politiques, les juridictions soi-disant spécialisées se sont transformées en juridictions d’exception, appuyées par les chambres d’instruction et validées par la Cour de cassation, utilisant des méthodes et mettant en place des jurisprudences qui portent directement atteinte à la liberté politique.
Quand la justice prend des libertés politiques
Arrêtons-nous sur les questions en cause dans les deux dossiers qui concernent Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise : les attachés parlementaires et les frais de campagne électorale. Les lois de 1988 et 1990, et les textes qui les ont complétées, ont mis en place un système de financement public de la vie politique dont les trois principes essentiels étaient : le financement par l’État en fonction des résultats électoraux, la limitation des dépenses pendant les campagnes électorales, le contrôle financier enfin exercé par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements de la vie politique (CNCCFP). Ce contrôle porte sur les recettes des partis, afin d’éviter les dons interdits, et sur les dépenses en période électorale. Le contrôle des dépenses, lui, ne doit porter que sur la réalité, afin de vérifier si celles-ci n’ont pas été minorées pour empêcher le dépassement du plafond avec toutes les conséquences désagréables qui en découlent. Mais la stratégie électorale est libre et la Commission nationale ne peut pas déterminer à la place du candidat ou du parti les dépenses qui étaient bonnes pour sa stratégie. Si un candidat pense que c’est bon pour son image de circuler en Ferrari, c’est son droit le plus strict. De même, s’il pense qu’il faut s’adresser à un grand traiteur plutôt que de demander à ses militants de passer chez Picard surgelés, c’est également sa liberté. À condition d’inscrire les factures correspondantes à leur prix réel dans le compte de campagne. Les magistrats du pôle financier ont trouvé une astuce pour contourner cette évidence. Comme l’État rembourse une partie des frais de campagne aux candidats qui ont atteint un pourcentage minimum, leur raisonnement consiste à dire que, du fait de ce versement de fonds publics, le juge a un droit de regard sur la nature des dépenses exposées. Il peut contrôler si elles étaient bien justifiées par la campagne, mais du point de vue du juge. Adieu donc la Ferrari, le traiteur Le Nôtre ou Fauchon et les rémunérations conséquentes éventuellement versées à la société de Madame Chikirou. Ou toute autre dépense qui aura l’heur de déplaire au président de la Commission nationale ou au juge d’instruction. Ils pourront ainsi les qualifier d’escroquerie, non pas vis-à-vis du candidat, des équipes de campagnes ou des militants mais vis-à-vis de l’État rembourseur. Adieu en fait, et par conséquent, à la liberté politique d’organiser votre campagne comme vous l’entendez, cette prérogative appartient désormais au juge.
Aucune surprise quand on voit de quelle façon la même Cour de cassation, suivant le pôle financier, a balancé par dessus les moulins les principes de liberté politique et de séparation des pouvoirs à propos des assistants parlementaires. Un certain nombre de moyens matériels sont mis à la disposition de celui qui a recueilli les suffrages nécessaires pour devenir représentant de la nation. Il n’a de compte à rendre sur l’exécution de son mandat qu’à ses électeurs. Le choix des assistants parlementaires l’organisation et la nature du travail qu’ils effectuent relèvent de sa liberté politique. Dans une affaire qui concernait le Sénat, et en justifiant indirectement le raid judiciaire contre François Fillon, la Cour de cassation vient de considérer que le juge avait un droit de regard sur l’organisation de leur travail par les parlementaires. C’est aussi ce qui s’est passé dans l’affaire Fillon et ce qui se passera, probablement, dans l’affaire Mélenchon. Nouvelles atteintes aux principes, par la grâce de la cour suprême, les députés de la république devront renoncer à la liberté d’exécuter leur mandat comme ils l’entendent, c’est désormais le juge qui imposera ses choix.
Il faut défendre Mélenchon
Cette volonté devenue évidente de la haute fonction publique judiciaire de s’abstraire des principes fondamentaux de la liberté politique et de la séparation des pouvoirs génère des dérives particulièrement inquiétantes. Inquiétude renforcée par le fait qu’aux procédures spectaculaires dirigées contre les représentants de l’opposition politique, s’ajoute une passivité troublante vis-à-vis des affaires concernant les entourages du pouvoir. Comment ne pas soupçonner que la gestion de ces dossiers puisse être conduite par des subjectivités politiques et idéologiques qui n’ont rien à y faire ?
Ce que nous rappelle l’agression médiatico-judiciaire dont sont l’objet aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon et son organisation politique, c’est bien l’existence de dérives dangereuses pour les libertés publiques. Alors quoi qu’on pense de Jean-Luc Mélenchon, il est nécessaire aujourd’hui de le défendre. « Quand nos libertés sont sous la grêle, fol qui fait le délicat. »
Régis de Castelnau – Avocat. Régis de Castelnau anime le blog « Vu du Droit » depuis 2012. En consacrant sa vie professionnelle d’abord au Droit social puis au Droit Public dont il fut un des premiers praticiens actifs au sein de la profession d’avocat. Il y ajouta une activité universitaire, doctrinale …
Oui, Me de Castelanu est un homme de droite. Et, oui, il publie même dans un organe sioniste, c’est d’ailleurs là qu’on l’a découvert. Bon. Et alors ? Alors, écoutez bien : si vous n’êtes pas prêts à aller chercher la vérité en enfer et jusque dans les mâchoires du diable, recouchez-vous et rendormez-vous les mecs, on fera sans vous.
Quid de Mélenchon ?
Pour l’avoir suivi depuis deux fois dix ans, en retenant notre souffle au début, notre opinion est faite : il n’y a rien à attendre du candidat Jean-Luc en ce qui concerne des lendemains qui ne déchanteraient pas.
Il n’est pas question de le lui reprocher ni de le considérer avec dédain, mais comme l’équation qu’il est : peut-il ou ne peut-il pas faire avancer le schmilblick ? La réponse, à notre avis, est « non ». Qu’il nous prouve s’il se peut notre erreur et nous serons les tout premiers à nous en réjouir sans réserve.
« Ce qui caractérise un révolutionnaire », disait John Cowper Powys, « c’est son tempérament, bien plus que ses idées. » Jean-Luc Mélenchon n’est pas un révolutionnaire. Mais on peut estimer que la réflexion vaut aussi pour « un homme », tout simplement. Rien n’empêche donc M. Mélenchon d’apporter, en tant qu’homme, sa pierre à l’édifice. Avec modestie. L’erreur serait, pour ceux qui le suivent, de se faire des illusions, et surtout, de tout bazarder en les perdant.
Nous persisterons à croire, nous, que les Français prouvent l’étendue de leur déréliction en ne suppliant pas, à genoux, le Dr Oberlin de poser sa candidature à la présidence de la République (pourvu qu’il ne le fasse pas ! on tient à sa vie) et en ne se débrouillant pas pour que soit confiée à des hommes comme Me de Castelnau la tâche herculéenne et délicate de réorganiser les affaires publiques, c’est-à-dire, peu ou prou les relations pratiques entre le Législatif et l’Exécutif, et la remise en ordre de leurs instruments du point de vue du Droit. Non seulement sur le papier, mais dans les faits.
Représentants : codification des tirelires
Henri Guillemin a fait remarquer un jour, et même souvent, qu’au sein de la Convention – celle qui a fondé la Première République – sur 750 représentants du peuple, il n’y avait qu’un seul ouvrier.
C’était normal. À l’époque, pour s’occuper des affaires publiques, il fallait non seulement avoir de la fortune mais encore l’employer à garantir le bien commun. C’était une règle implicite et ancienne. On peut citer à titre d’exemple, au XVIe siècle, les frères du Bellay (Guillaume, seigneur de Langey, et son frère Jean, évêque de Paris, puis cardinal) qui engloutirent leurs très considérables patrimoines au service de la France. Les mentalités, donc les choses, avaient changé en 1793, et il devenait urgent de faire accéder aux responsabilités publiques des hommes d’une autre extraction, qui, non seulement ne disposaient de rien en guise de « nerf de la guerre », mais perdaient leurs moyens de subsistance à chaque fois qu’ils devaient interrompre leur travail pour aller s’exprimer à « la tribune aux harangues ». C’est cette préoccupation qui devait pousser Robespierre à imaginer un moyen équitable de leur en donner la possibilité. D’où l’idée de rémunérer les représentants du peuple pour qu’ils puissent le servir. Solution qui connaît aujourd’hui les perverses dérives et instrumentalisations déplorées par Me de Castelnau.
Théroigne
Georges Ibrahim Abdallah mourra-t-il centenaire en prison ?
Depuis 1984, cinq présidents de la République – François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron – et, grosso modo 64 millions de Français, se sont couchés et se couchent devant le lobby israélien – état dans l’État en France – sauf quelques-uns, dont ceux qui suivent :
28 octobre 2018
Bilan de la semaine d’action internationale pour Georges Abdallah
Dans toute société, il y a un consensus autour des éléments sacrés qui forgent la mémoire nationale. Même si cela n’est pas formellement écrit dans la loi, l’on ne tournera pas de comédie autour du 11 septembre aux États-Unis, l’on ne tournera pas au ridicule l’Holocauste et ce pas uniquement à Tel Aviv, parce que ce sont des tragédies qui ont marqué les peuples, qui les soudent autour d’une même histoire. Parce que la conscience d’un peuple est faite de sang séché et de chairs brûlées. De cadavres qui ont permis de sauver le pays. De corps inertes sur lesquels les vivants s’appuient et sans lesquels ils tombent. En Russie, le blocus de Léningrad appartient à cette catégorie. Du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944, environ un million de personnes sont mortes et la plus grande partie d’entre elles de faim.
C’est dans ce « décor » que le nouveau réalisateur à la mode, Alexei Krassovsky, tourne une comédie noire mais légère pour le Nouvel An, qui se passe dans une famille « aisée » fêtant de manière gargantuesque le 31 décembre 1941, en petite robe légère, alors qu’il s’agit de l’hiver le plus froid, qu’il n’y a plus ni électricité ni chauffage. Une telle hargne du réalisateur face à l’histoire de son pays, cette manie de travestir la réalité en reprenant la propagande allemande et la participation d’acteurs connus obligent à s’interroger sur les déchirures de la société russe contemporaine, où une certaine « élite » postmoderne joue un rôle central dans la déstructuration du pays.
Nouvelles révélations sur les massacres de Sabra et Chatila
Seth Anziska– Orient XXI –26 .10.2018
Dans un livre sur la diplomatie américaine au Proche-Orient, le chercheur Seth Anziska revient sur les massacres de Sabra et Chatila (1982). Il apporte des éléments nouveaux sur l’implication du gouvernement israélien. Analyse de l’ouvrage et entretien avec l’auteur par Sylvain Cypel.
À l’automne 2012, à l’occasion des trente ans des massacres de Sabra et Chatila, le chercheur américain Seth Anziska publiait un article dans le New York Times sur la manière dont les dirigeants israéliens avaient, comme le déclarera le sous-secrétaire d’État Lawrence Eagleburger, « délibérément trompé » leurs interlocuteurs américains sur les massacres en cours dans les camps palestiniens dont ils avaient connaissance. L’article montrait aussi l’attitude peu courageuse que leur avait opposée l’administration Reagan, son ambassadeur itinérant au Proche-Orient Morris Draper au premier chef.
Pour ce faire, Anziska s’appuyait beaucoup sur des sources diplomatiques américaines. Aujourd’hui, il revient à la charge, et plus en profondeur. Dans un ouvrage intitulé Preventing Palestine : A Political History From Camp David to Oslo, une étude sur la diplomatie américaine au Proche-Orient pour la période qui va du premier accord de Camp David (1977) aux accords d’Oslo (1993)1, il consacre une vingtaine de pages aux massacres de Sabra et Chatila. Il a, cette fois, eu accès à de nouvelles sources, dont des documents classifiés des travaux de la célèbre commission Kahane qui, en Israël, avait évalué les responsabilités des dirigeants dans ces crimes2.
Cet article est consacré au pèlerinage annuel de ‘Arbaeen effectué en ce moment même par les chi’ites à Karbala, en Irak, où l’Imam Hussein, petit-fils chéri du Prophète de l’Islam vénéré par tous les musulmans, a été décapité avec les siens pour avoir refusé de faire allégeance au calife illégitime et despotique Yazid b. Mu’awiya, qui bafouait les valeurs islamiques. L’auteur y décrit le caractère spectaculaire de cette procession, qui culmine le 30 octobre 2018, dans laquelle des millions de personnes bravent chaque année la menace terroriste de Daech pour qui les chi’ites sont la cible de prédilection.
Les racines historiques et idéologiques de Daech, dont la barbarie frappe avant tout les musulmans et foule aux pieds les principes les plus élémentaires de l’Islam, se retrouvent déjà à Karbala, il y a quatorze siècles, lorsque l’armée d’un calife usurpateur a massacré la famille du Prophète tout en se revendiquant de l’Islam.
Ce n’est ni le Hajj musulman [pèlerinage à La Mecque], ni la Kumbh Mela hindoue. Désigné comme le « Arbaeen » [le quarantième jour], c’est le plus grand rassemblement au monde et vous n’en avez probablement jamais entendu parler ! Non seulement cette congrégation dépasse-t-elle le nombre de visiteurs à la Mecque (par un facteur de cinq, en fait), mais elle est encore plus importante que la Kumbh Mela, puisque cette dernière n’est commémorée que tous les trois ans. En bref, Arbaeen éclipse tous les autres rallyes de la planète, atteignant les vingt millions de participants l’an dernier. Cela représente une proportion impressionnante de 60% de toute la population d’Irak, et leur nombre est en augmentation année après année.
Procession des pèlerins en direction de Karbala
Surtout, Arbaeen est unique parce qu’il se déroule contre un arrière-fond de scènes géopolitiques chaotiques et dangereuses. Daech – alias « État islamique » – considère les chiites comme des ennemis mortels, si bien que rien n’exaspère le groupe terroriste plus que la vue des pèlerins chiites rassemblés pour leur plus grande démonstration de foi.
Il y a une autre particularité de Arbaeen. Bien que ce soit un exercice spirituel typiquement chiite, des sunnites, et même des chrétiens, des Yézidis, des Zoroastriens et des Sabéens prennent part à la fois au pèlerinage et au service des dévots. Cela est remarquable compte tenu de la nature exclusive des rituels religieux, et cela ne peut signifier qu’une chose : les peuples, indépendamment de leur couleur ou de leur croyance, considèrent Hussein comme un symbole universel de la liberté et de la compassion, sans frontières et méta-religieux.
Jeudi 25 octobre, quelques jours avant l’élection du candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro, la police a investi 27 universités, à la demande des tribunaux électoraux. Les forces de police étaient à la recherche de supposé matériel de propagande électorale illégale. À Rio, une juge a fait enlever une banderole du fronton du bâtiment de la faculté de droit de l’université fédérale Fluminense (UFF) sur laquelle était inscrit, autour du symbole antifasciste : « Droit Antifasciste ». À l’université de l’État de Rio, les agents électoraux ont retiré une banderole en hommage à Marielle Franco, un élue municipale de gauche assassinée en mars dernier (voir notre article). Dans le Paraíba, les agents du tribunal électoral se sont introduits dans l’université pour retirer une banderole où était simplement inscrit « moins d’armes, plus de livres ».
Les conférences et des débats prévus sur la dictature militaire et le fascisme ont été interdits. C’est le cas d’un débat public intitulé « Contre la fascisme, pour la démocratie », qui devait avoir lieu à l’université fédérale de Rio Grande do Sul (la région de Porto Alegre). Dimanche dernier, dans une allocution filmée diffusée pour ses supporters rassemblés à São Paulo, Jair Bolsonaro a annoncé « nous allons balayer ces bandits rouges du Brésil » par un « nettoyage jamais vu dans l’histoire de ce pays ». Il a précisé qu’il allait classer le Mouvements des paysans sans Terre (MST) et le Mouvement des travailleurs sans toit (MTST) comme des organisations terroristes.
La Faculté de droit de l’Universidade Federal Fluminense avant l’intervention policière
On adore cette nouvelle manière de répondre aux questions en les posant…
Libye : la Belgique a-t-elle financé des milices faisant du trafic d’êtres humains ?
RT France – 29 .10.2018
Des combattants alliés au gouvernement libyen internationalement reconnu se battant contre un groupe armé à Tripoli, le 22 septembre 2018
La Belgique est encore éclaboussée dans l’affaire des fonds gelés de la Libye. Selon des informations publiées par la RTBF, le royaume aurait contribué au financement de milices libyennes responsables de trafic d’êtres humains.
La rédaction de la Radio-Télévision belge francophone (RTBF) a mené l’enquête dans l’affaire des fonds gelés de feu Mouammar Kadhafi et rapporte que l’État belge aurait joué un rôle dans le financement de milices libyennes coupables de trafic d’êtres humains.
Selon les informations recueillies par le média public belge auprès d’une source « proche du milieu des agents secrets » sous couvert d’anonymat, les milices qui opèrent en Libye depuis la chute de Kadhafi en 2011 n’ont guère eu de difficultés à s’approvisionner en armements. « Certains pays les ont ouvertement armés mais ils ont trouvé l’armement par d’autres voies », déclare-t-elle.Elle évoque également « un ou deux scandales liés à des avions stoppés sur l’aéroport d’Ostende [Bruges, Belgique] avec des armes à l’intérieur ».
Trafics d’êtres humains
Pour rappel, après la mort du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en 2011, le Conseil de sécurité des Nations Unies a imposé le gel des actions et obligations libyennes.
En Belgique, les avoirs libyens devaient être gelés dans quatre banques : BNP Paribas-Fortis (43 millions), ING (376 millions), KBC (869 millions) et surtout Euroclear Bank (12,8 milliards). Pourtant, quelques années plus tard, selon la RTBF, il est apparu que les intérêts et dividendes n’avaient pas été gelés et que dès 2012, entre trois et cinq milliards d’euros d’intérêts et de dividendes avaient quitté des comptes belges, sans que l’on sache exactement ce qu’il est advenu de cet argent.
Il a fait une très mauvaise chute dans son appartement. Il est resté ainsi pendant des heures, peut-être même deux jours, jusqu’à ce qu’un de ses amis le trouve.
Il a été emmené à l’ICU. Aujourd’hui, il n’est plus dans un état critique mais il est encore confus, extrêmement faible et il ne peut plus bouger son bras droit.
Il est à l’hôpital depuis plus de deux semaines, maintenant, et il est impossible de dire combien de temps il devra y rester. Ce qui est sûr, c’est qu’il aura besoin d’une longue période de soins.
Comme vous pouvez vous en douter, il n’est pas couvert par la meilleure des assurances. Autrement dit, il a besoin de votre aide !
Si vous le souhaitez, vous pouvez la lui apporter en cliquant sur la mention ci-dessous.
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